
Ça y est, les rames roulent (en mode test) sur le viaduc entre Massy et la gare du Christ-de-Saclay. À moins d'un an de l'ouverture du premier tronçon de la ligne 18, on vous emmène découvrir ce territoire méconnu : terres agricoles d'exception, randos aux portes de Paris, scène culturelle qui monte à Massy, et une Versailles moins sage qu'on ne le croit.
Depuis quelques jours, ça roule sur le viaduc de la ligne 18. Pour la première fois, en pleine nuit, un métro a franchi la N118 entre Palaiseau et Saclay. Des tests de sécurité, mais surtout un signal : dans moins d’un an, à l’automne 2026, le premier tronçon ouvrira entre Massy-Palaiseau et le Christ de Saclay, sur le campus universitaire. Ce sera la première nouvelle ligne du Grand Paris Express à entrer en service.
Les étudiants de Saclay, eux, n’en peuvent plus d’attendre. Lâcher le RER B, oublier la voiture, gagner un temps fou : pour eux, ce n’est pas un projet abstrait, c’est une libération. Car c’est souvent ça, le problème du Grand Paris Express : on a du mal à se représenter le tracé, à mesurer ce que ça va changer au quotidien. Jusqu’au jour où la ligne passe près de chez soi.
À terme, la 18 reliera l’aéroport d’Orly à Versailles-Chantiers, en passant par Saint-Quentin-en-Yvelines. Et à plus long terme encore, direction La Défense – mais ça, c’est pour les années 2030. En attendant, pour ceux qui ne connaissent pas encore ce territoire, on vous a préparé une petite compilation : la bataille pour préserver les terres agricoles du plateau, nos randos préférées, une libraire qui a tout plaqué pour ouvrir sous le viaduc, les bonnes adresses culturelles de Massy, et un petit clin d’œil à Versailles – qui n’est pas si sage qu’on le croit.
À Saclay, les « terres précieuses » ont résisté au béton
Avant d’être un campus scientifique qui grimpe dans les classements mondiaux, Saclay c’est d’abord une terre agricole d’exception. Des sols parmi les plus fertiles de France, 90 à 100 quintaux de blé à l’hectare sans irrigation. Des terres qui ont failli disparaître sous le béton dans les années 60, sauvées par 40 ans de bataille collective. Martine Debiesse raconte cette mobilisation dans un livre d’entretiens, et célèbre le nouveau nom de la zone protégée : « Terres protégées du plateau de Saclay ». Un nom à la hauteur de l’enjeu.
Une traversée à pied du plateau de Saclay
22 km de dépaysement total à moins de 20 bornes du périph’. Cette rando du RER C au RER B traverse un vrai territoire paysan : 600 hectares de terres agricoles protégées, des vaches laitières, les rigoles de Louis XIV, une abbaye habitée par des franciscaines, la ferme-cueillette de Viltain et sa fameuse spécialité à la vanille. Le parcours s’achève en lisière de la forêt domaniale de Palaiseau, plantée par l’ONF dans les années 70 sur des terres promises à l’urbanisation. Bientôt, la ligne 18 permettra de revenir sur vos pas en quelques minutes.
Randonnée au fil des rivières de la Bièvre et de la Mérantaise depuis la gare de Versailles-Chantiers (futur terminus de la ligne 18)
22 km pour passer de l’autre côté du miroir versaillais. Fini les dorures : ici, une ferme urbaine pousse dans les anciens bassins du Roi-Soleil, la Bièvre serpente entre saules et prairies humides, et les mollets comprennent vite que le plateau de Saclay, ça grimpe. On frôle la vallée de Chevreuse, on croise Port-Royal des Champs – l’abbaye rebelle rasée par Louis XIV – avant d’arriver à Trappes. De la soumission royale à la résistance spirituelle, la boucle est bouclée. Et l’envie de revenir, intacte.
Au pied de la passerelle de Massy-Palaiseau, l’ancienne gare a trouvé une seconde vie. Depuis 2020, la Recyclerie sportive y propose équipements de seconde main à prix doux (jupe de tennis à 10 €, combi de ski enfant à 8 €), atelier vélo en libre accès, vélo-école, cours de yoga et même massages shiatsu. Cerise sur le guidon : un bar ouvert par deux microbrasseurs locaux, avec terrasse aux beaux jours. Du « slow sport » comme philosophie, et un brassage social assumé entre retraités bénévoles et cadres de Safran.
Massy, future place forte culturelle du Grand Paris ?
Un opéra planté au cœur d’un quartier populaire, une salle de concerts qui a vu passer Juliette Armanet et Eddy de Pretto, une librairie qui fait potager participatif… Massy cultive déjà ses ambitions culturelles. Mais l’arrivée des réserves du Centre Pompidou fin 2026 et de la gare Massy Opéra de la ligne 18 (d’ici 2030) pourrait tout changer. Versailles-Massy en 24 minutes au lieu de 56, Châtelet en une demi-heure : de quoi enfin donner à cette scène essonnienne le rayonnement métropolitain qu’elle mérite.
Le Centre Pompidou va élire domicile à Massy à partir de l’automne 2026
140 000 œuvres, le double d’il y a vingt ans : la collection du Centre Pompidou déborde. En 2026, quelques mois après la fermeture pour travaux du site parisien, un Centre Pompidou Francilien ouvrira à Massy. Pas un simple coffre-fort : un lieu hybride, ouvert au public, pour montrer comment se constitue une collection et faire découvrir les métiers de l’ombre. Le musée Picasso y stockera aussi ses collections. Une coïncidence heureuse avec l’arrivée de la ligne 18, qui mettra ce nouveau pôle culturel à portée de métro.
Clara, urbaniste devenue libraire sur le plateau de Saclay au milieu des grandes écoles
Elle a quitté son bureau d’urbaniste pour vivre le développement du plateau de Saclay de l’intérieur. Clara Lange a ouvert Lagiraf, une librairie nichée dans la rue piétonne d’un quartier encore en chantier, entre CentraleSupélec et l’ENS. Sous le viaduc de la future ligne 18, les étudiants dévorent Dostoïevski et Camus, les familles commencent à s’installer, et l’écrivain Aurélien Bellanger est venu dédicacer à vélo depuis le 9e. Un pari sur l’avenir d’un territoire qui n’attend plus que son métro.
Versailles n’est peut-être pas celle que vous croyez
Oubliez la ville-musée endormie sur ses ors. Versailles, c’est le berceau de la French Touch (Air, Phoenix, Nouvelle Vague), un marché élu plus beau d’Île-de-France, un maroquinier-menuisier dans les carrés Saint-Louis, une ancienne poste transformée en lieu d’expo avec food court, et un confiseur qui vous jure qu’ici « on se marre toute la journée ». Les néo-Parisiens débarquent, les artisans s’installent, et la moitié de la ville est composée d’espaces verts. Terminus de la future ligne 18 : une cité royale qui n’a pas fini de surprendre.
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22 décembre 2025 - Massy