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Voyager local, une autre façon de faire du tourisme

Les falaises du Vexin du côté de La Roche-Guyon / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Les falaises du Parc naturel du Vexin français  du côté de La Roche-Guyon dans le Val-d’Oise / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Les professionnels du tourisme l’ont bien compris : l'attirance pour le tourisme local pourrait bien durer au-delà de la crise sanitaire. Le secteur s’organise donc pour structurer l’offre francilienne et faire du "staycation" dans le Grand Paris le nec plus ultra des vacances.

Souvenez-vous le printemps 2020. Le programme se résumait à un numéro de jonglage entre télétravail, enfants, courses et sortie d’une heure chrono. Pas franchement de quoi recharger les batteries. Alors pas étonnant qu’une fois le déconfinement venu, le 11 mai, les Franciliens – les Parisiens en tête – se soient précipité dans les espaces verts (la carte des forêts d’Île-de-France accessibles en train réalisée pour l’occasion par Enlarge your Paris avait totalisé 45.000 clics en mai, plus de 150.000 depuis un an).

« Ils ont clairement pris l’air et assouvi leur besoin de nature en particulier dans les départements de grande couronne », confirme Emmanuel Blum, responsable de la communication interne et institutionnelle du Comité régional du tourisme (CRT) d’Île‑de‑France. Et l’air de rien, le tourisme s’en est trouvé complètement chamboulé. Les destinations ont d’ailleurs déployé, en dernière minute, des trésors de communication pour embarquer les Franciliens… à quelques dizaines de kilomètres de chez eux. Ou comment faire rêver les Grand-Parisiens en quête d’évasion avec des balades à Provins, Fontainebleau ou encore le long du canal de l’Ourcq.

« Pas la peine d’aller systématiquement à l’autre bout du monde pour se changer les idées. J’aime marcher en ville mais j’aime aussi les balades à vélo à la campagne et surtout le long de la Seine ou de la Marne », explique Sandrine Kocki, adepte du tourisme de proximité. Un tourisme local qui peut d’ailleurs dire merci à un allié inattendu : le télétravail. « Il est maintenant généralisé et organisé, c’est porteur pour toute l’industrie touristique », assure Guy Raffour, fondateur du cabinet Raffour Interactif, dont la dernière étude sur le tourisme et le e-tourisme en France vient de paraître.

Canoë sur l'Epte, frontière naturelle entre l'Île-de-France et la Normandie / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Canoë sur l’Epte, frontière naturelle entre l’Île-de-France et la Normandie / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Ancrer le « staycation » dans les habitudes des Grand-Parisiens

Grands gagnants de l’année 2020, les gîtes et les chambres d’hôtes se sont révélés être les lieux parfaits pour s’évader. Alors, après la surprise et l’organisation de dernière minute l’an dernier, pas question de se laisser prendre de court. Les pros du tourisme veulent à nouveau prouver que oui, faire du « staycation » (contraction de « stay » et « vacation » en anglais, soit rester et vacances) aux quatre coins du Grand Paris, c’est trendy

« J’ai dormi dans un container à Saintry-sur-Seine (Essonne) par curiosité et c’était incroyable. Votre lit donne sur un étang avec des canards, des écureuils… Un petit coin de paradis !, raconte Sandrine Kocki, enthousiaste. J’ai aussi découvert les étangs de Vert-le-Petit en Essonne. Des petites îles, des oies partout, c’est à peine à une heure de Paris et vous avez l’impression de marcher dans le marais Poitevin ! » Recenser les meilleures adresses pour une évasion grand-parisienne, c’est d’ailleurs la mission que s’est donnée Anaïs Lerma.

La fondatrice du blog Parisianavores a lancé Les Escampettes en mars dernier. Le site recense des adresses à moins de deux heures de Paname. « Mes sélections les plus consultées sont celles sur les hôtels et chambres d’hôtes « kids-friendly », les cabanes et hébergements insolites et les hôtels et chambres d’hôtes instagrammables », précise-t-elle. Du beau, du familial, de l’insolite, tout un programme.

Un pari gagnant. Mi-mai, la newsletter des Escampettes compte déjà 4.000 voyageurs abonnés. Et Anaïs Lerma est sollicitée par des hôteliers pour promouvoir leur hébergement cet été auprès de cette clientèle tant convoitée. Une action qui va de pair avec la promotion prévue par le CRT d’Île-de-France. « Comme en 2020, nous allons valoriser les richesses naturelles de la région Île-de-France et pousser notre application Paris Région Aventure, précise-t-on du côté du CRT. Et on souhaite que les Franciliens se réapproprient leur territoire, par le sport et la gastronomie. »

Le pilote Laurent Dagory a créé "Montgolfière du Vexin" pour faire découvrir le Vexin vu du ciel / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Le pilote Laurent Dagory a créé « Montgolfière du Vexin » pour faire découvrir le Parc naturel du Vexin vu du ciel / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

Prendre le train… du tourisme durable

Selon Guy Raffour, les acteurs du tourisme ont compris l’intérêt d’innover pour attirer les visiteurs. Et les transporteurs se positionnent également, à commencer par SNCF Transilien. « 40% des 260 sites touristiques franciliens les plus importants sont à moins de 15 minutes à pied d’une gare Transilien. C’est ce patrimoine à portée de train que la  campagne #CPasLoinEnTrain invite à explorer [en partenariat avec Enlarge your Paris, ndlr] », explique ‎Sylvie Lopez, cheffe de marché Occasionnels et Touristes pour SNCF Transilien. « Du fait du télétravail, nos voyageurs prennent moins souvent le train pour le travail mais nous souhaitons qu’ils le prennent davantage pour leurs loisirs, ce qui redonne au train sa place de première étape du voyage« , ajoute Amandine Martin, secrétaire générale de SNCF Transilien. 

Le tourisme local a plus d’un atout dans sa manche. En limitant les déplacements et en incitant à l’usage des transports en commun, il s’assure une place de choix dans le tourisme de demain, plus respectueux de la planète. La SNCF participera ainsi aux Assises du tourisme durable, organisées les 1er et 2 juillet prochains par la Ville de Paris.

Frédéric Hocquard, adjoint à la maire de Paris chargé du tourisme, estime d’ailleurs que le tourisme durable résiste mieux à la crise. Et que proximité et écologie iront de pair à l’avenir. « Le staycation à Paris a très bien fonctionné, il a montré la résilience du tourisme quand il est localisé. En se réappropriant des espaces plus proches de chez soi, on contribue à cette notion d’éco-responsabilité. » Qui voyage près de chez lui ménage sa planète…

Infos pratiques : Retrouvez les idées de destinations en Île-de-France de la rédaction d’Enlarge your Paris dans la rubrique  « Mes vacances en Île-de-France »

La Petite ceinture à Paris / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris
Sur la Petite ceinture ferroviaire à Paris / © Jérômine Derigny pour Enlarge your Paris

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