
Comme quoi il ne faut jamais dire jamais. En effet, jamais on n’aurait pensé trouver une cantine vietnamienne aussi discrète et goûteuse boulevard de Sébastopol à Paris. Native de Hanoï, Quy avait un rêve : ouvrir un restaurant. Et, depuis un peu moins d'un an, elle cuisine des petits plats qui font du bien dans les 20 m2 de sa cantine de poche, Ngon. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard est partie à sa rencontre.
« Je vais prendre un panini au porc laqué ! » Bon, visiblement, pour cet habitué de Ngon, cantine vietnamienne située sur le boulevard de Sébastopol (3e), une petite mise au point de vocabulaire s’impose. Car, en lieu et place de panini, c’est bien de banh mi qu’il s’agit : à savoir le fameux sandwich vietnamien. Guillaume, lui, ne s’y trompe pas. À la caisse, il réclame d’entrée de jeu le fameux casse-croûte dans sa version végétarienne proposée à 7 €. « Je travaille entre Réaumur–Sébastopol et les Halles. Quand tu vas vers le Forum, tu te retrouves surtout avec de la junk food et, par ici, impossible de manger à moins de 10 €. Ici, c’est super bon et la recette évolue en fonction du marché. Dans ma boîte, on a un tableau Excel avec les meilleurs spots du quartier. Évidemment, on a mis Ngon dedans ! »
À écouter les habitués qui se succèdent, Ngon n’a pas volé son nom puisque le mot signifie « délicieux » en vietnamien. Aux commandes : Quy, native de Hanoï, qui a ouvert l’endroit en décembre 2024. Nourrir les autres, « c’est dans mes gènes », sourit la quinquagénaire dont la mère tenait un resto à Hanoï. Elle-même, avant d’arriver dans l’Hexagone, gérait un salon de thé qui proposait aussi des en-cas.
Des produits frais du marché ou de son jardin à Ivry
« Dans sa cuisine, je retrouve toutes les saveurs du Vietnam, assure son amie Thao, présente ce jour-là. C’est vraiment la cuisine comme à la maison. Elle prépare les meilleurs gâteaux traditionnels que je connaisse ! Elle fait ses courses tous les jours et fait évoluer ses recettes en fonction de ce qu’elle trouve au marché. » Ou dans son jardin d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), la ville où Quy réside. Elle y cultive les piments qui viendront agrémenter ses plats. Le jour de notre visite, elle nous offre un délicieux jus de prunes issues de son prunier, relevé de citron et de menthe.
« La cuisine vietnamienne n’est pas grasse et très saine. Mon idée est de faire du bon, servi rapidement pour les gens qui travaillent dans les bureaux alentour », expose-t-elle. Nous, on se laisse tenter par ses rouleaux de printemps (3,50 €) qu’elle réalise elle-même à la minute. « Il y a des gens qui préfèrent à la viande ou aux crevettes, donc je m’adapte. » L’adaptation, c’est son credo : chez elle, on peut choisir des vermicelles sans gluten, des plats dans leur version végétarienne, de boire son thé chaud ou froid. Non pas que le client soit roi. Il est chez Quy comme chez lui, tout simplement.
Et les rouleaux de printemps, au fait ? Bien joufflus, ils renvoient aux oubliettes 90 % des rouleaux de printemps qu’on avait pu goûter jusque-là. Ils s’accompagnent d’une sauce légèrement pimentée maison. Quant à la farce des nems (5 € les 3) que prend notre complice du jour, elle fond dans la bouche. Je n’arrive même pas à finir la soupe phở (14 €) généreusement servie et ma voisine rend les baguettes avant la fin de son bo bun (12 €).

« Mon rêve, c’était vraiment d’ouvrir un restaurant »
Effectivement, il y a dans la cuisine de Quy une générosité et une fraîcheur qui ravissent l’âme. Et humanisent ce coin du boulevard de Sébastopol terne et froid. Ils sont nombreux à venir se chauffer aux bonnes ondes de Ngon. « Quand j’ai commencé, raconte Quy, ce n’était pas facile. Mais très vite, j’ai eu des clients qui me disaient : « allez, Madame, courage ! » Il y a un jeune homme qui travaille dans un bureau à côté et qui me confiait qu’il était content pour moi quand il voyait, par sa fenêtre, du monde devant ma boutique. » C’est d’ailleurs ce client qui s’occupe désormais de son compte Instagram.
« Mon rêve, c’était vraiment d’ouvrir un restaurant », sourit Quy. À terme, elle aimerait développer des cours et des ateliers pour faire découvrir la cuisine de son pays natal, qui soigne les corps et les cœurs. On prend direct notre ticket.
Infos pratiques : Ngon, 106, boulevard de Sébastopol, Paris (3e). Ouvert du lundi au vendredi de 11 h à 15 h Accès : métro Réaumur–Sébastopol (lignes 3 et 4). Infos et réservations sur ngonparis3.eatbu
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1 octobre 2025 - Paris