Société
|

Les associations de cyclistes plaident pour des JO cyclables pour changer de braquet

Le balisage du RER Vélo le 19 mai dans le Grand Paris / © Melina Gaffré - Twitter
Balisage du RER Vélo par les associations du Collectif Vélo Île-de-France en mai 2021 / © Melina Gaffré – Twitter

À un an et demi des Jeux olympiques de Paris, le Collectif Vélo Île-de-France, qui regroupe 42 associations, s'est réuni le 21 janvier pour faire le point sur les avancées en matière d'équipements cyclables dans le Grand Paris. Enlarge your Paris s'est entretenu avec son directeur, Louis Belenfant.

La quarantaine d’associations qui composent le Collectif Vélo Île-de-France étaient réunies ce 21 janvier à Nanterre (Hauts-de-Seine). Qu’est-il ressorti de cette journée ?

Louis Belenfant : Nous avons pu partager des informations exclusives, mais pas encore publiques, concernant la place du vélo dans le Grand Paris. Le but était de réunir un maximum de bénévoles et plus uniquement les présidents d’associations comme nous avions l’habitude de faire. C’était très enthousiasmant. L’après-midi, nous sommes partis nous balader pour découvrir les aménagements cyclables de Nanterre en présence de l’adjoint au maire de Nanterre chargé du vélo. Que des élus soient présents permet de crédibiliser les petites associations locales.

Vous sentez-vous davantage écoutés par eux ?

Le constat général, partagé par le maire de Nanterre, reste sans appel : la société s’est convertie au vélo alors que les collectivités pédalent derrière pour essayer de rattraper leur retard. Le maire de Nanterre nous a confié que, aujourd’hui, les entreprises qui s’installent aux Terrasses de Nanterre, c’est-à-dire à La Défense, ne demandent plus où se trouvent l’autoroute et la gare mais où sont placées les pistes cyclables. À Nanterre, il y aura donc un axe piéton-vélo pour aller des Terrasses jusqu’à la Seine, au lieu de l’autoroute urbaine prévue initialement.

Quel rôle peuvent jouer les Jeux olympiques de 2024 en faveur du développement du vélo ?

Les JO sont un formidable accélérateur de projets. Nous avons un an et demi pour transformer le Grand Paris, montrer aussi une image des villes plus durables. En 2022, nous avons mené un intense plaidoyer en faveur d’un réseau cyclable pour les JO auprès du délégué interministériel aux JO, de la maire de Paris, du ministre des Transports Clément Beaune et de la Première ministre. Nous sommes sur le point d’obtenir des annonces. Je ne peux pas en dire beaucoup plus si ce n’est que, dans l’ensemble, le résultat devrait être très positif, le but étant de construire un réseau de pistes cyclables qui relient le RER Vélo et les sites olympiques. Il faudrait également aménager des places de vélo et développer une offre de location de vélos pour les spectateurs. Le but reste avant tout d’inscrire ce réseau dans le temps : ce serait un héritage matériel mais aussi symbolique. Faire naître pour la première fois des jeux cyclables pourrait devenir une fierté et donner envie aux collectivités de faire encore plus. J’espère que la sueur des associations cyclistes de 2022 n’aura pas été vaine en 2023 !

Comment le projet de réseau de pistes cyclables du RER V avance-t-il ?

On peut faire mieux ! 2022 a été l’occasion de valider beaucoup de tracés. Aujourd’hui, l’enjeu est de passer du tracé au projet. En termes de réalisations concrètes, ce n’est pas encore satisfaisant. Mais nous essayons d’accélérer le processus avec la Région. J’ai bon espoir quand je vois que certains travaux emblématiques vont débuter comme ceux de la porte de Vincennes (12e). À terme devrait naître une piste de haute qualité entre la porte de Vincennes et la sortie de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Il faut maintenant que les collectivités s’emparent du projet. En réalité, nous menons un gros travail de l’ombre. Nous rencontrons actuellement les maires de toutes les communes qui ne sont pas hostiles au RER V. C’est un travail de fourmis et vous connaissez la fable de La Fontaine !

Qu’en est-il des places de vélo près des gares ?

Il faudrait installer 140 000 places d’ici à 2030, soit 20 000 places de vélo par an aux abords des gares. Pour l’instant, il ne s’en crée que la moitié chaque année. Nous avons embauché une experte sur ce sujet afin de mener des visites sur le terrain, porter notre voix auprès des divers interlocuteurs dont Île-de-France Mobilités. Et nous travaillons à la publication d’un guide sur le stationnement en gare.

Le vélo s’installe durablement dans le Grand Paris, mais parallèlement beaucoup de Franciliens se plaignent des incivilités de plus en plus nombreuses…

L’apprentissage du vélo à l’école reste un de nos principaux chevaux de bataille. « Savoir rouler à vélo » est un dispositif national qui mobilise des animateurs régionaux. Notre but est de convaincre les mairies de mettre en place ce dispositif dans les écoles, mais surtout de former leur propre personnel pour que le dispositif devienne pérenne. Nous sommes persuadés que mettre des enfants sur des vélos engage aussi leurs parents. Ce genre de dispositif peut aider les cyclistes de demain à savoir rouler en ville. Au Danemark ou aux Pays Bas, il existe de vrais temps consacrés au vélo dans les écoles. En France, nous sommes désormais portés par un mouvement de société ! Notre collectif n’est plus seul. Il suffit de voir que, même quand il fait zéro degré, les cyclistes sont encore nombreux dans les rues.

Plus d’infos sur velo-iledefrance.fr

Lire aussi : « Un réseau cycliste francilien harmonisé serait le meilleur héritage des JO »

Lire aussi : Nos conseils pour bien s’éclairer à vélo la nuit

Lire aussi : Le choc énergétique appelle un plan d’urgence pour développer massivement l’usage du vélo