
Avec le Grand Paris Express, c'est l'autre réseau qui va révolutionner les déplacements dans le Grand Paris. Initié par des associations et porté par la Région, le Réseau Vélo Île-de-France avance à grandes roues. Enlarge your Paris a fait le point avec Jeanne Bruge, directrice adjointe du Collectif Vélo Île-de-France.
Qu’est-ce que le Réseau Vélo Île-de-France (VIF), initialement surnommé RER V ?
Jeanne Bruge : Il s’agit d’élaborer un réseau d’aménagement cyclable en Île-de-France qui soit continu et sécurisé. L’idée est de pouvoir se déplacer à vélo sans rupture d’aménagement. À l’origine, l’idée émane d’associations qui se sont réunies et ont regardé ce qui existait en matière de pistes cyclables avec l’idée les relier entre elles. La Région a accepté le projet et a décidé de le financer à hauteur de 300 millions d’euros. Depuis, des comités de ligne se tiennent en présence des associations initiatrices. C’est important car ce sont ces associations locales qui ont l’expertise du terrain.
Où en est-on actuellement ?
Une première phase sera finalisée d’ici à la fin 2025 et la seconde d’ici à la fin 2030. Concernant la première phase, 62 % sont d’ores et déjà réalisés ou en cours de réalisation et 28 % sont à l’étude. Sur la V4, entre Vaires-sur-Marne et Montévrain (Seine-et-Marne), on a ainsi 7 km cyclables qui ont été livrés de façon continue et sécurisée. On voit aussi naître une belle continuité sur la V20 sur la N 186, notamment entre La Courneuve et Bobigny (Seine-Saint-Denis). Parallèlement, comme on ne peut pas avoir un réseau de transport sans panneaux, la signalisation se met aussi en place, notamment en Seine-Saint-Denis ainsi que sur le territoire de Marne-et-Gondoire en Seine-et-Marne.
Il y a un mois, vous vous êtes mobilisés pour protester contre des coupures sur les itinéraires…
Effectivement, nous avons dénoncé des ruptures cyclables. Des endroits où, d’un coup, l’aménagement sécurisé s’arrête. C’est par exemple le cas à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). On a un bel itinéraire à travers le bois de Vincennes et, arrivé à Nogent, on se retrouve projeté dans la circulation. Or on sait qu’il suffit d’un carrefour dangereux sur un itinéraire pour décourager quelqu’un de prendre son vélo. Avec ce type de rupture, on se trouve clairement face à un manque de volonté politique. Même si le phénomène demeure à la marge. Sur les 450 km de la phase 1 du réseau, on ne rencontre que 5 % de blocages.
Justement, craignez-vous ou espérez-vous les élections de municipales de 2026 qui arrivent ?
Honnêtement, aujourd’hui, la plupart des mairies ont pris le pli du vélo. À Créteil, Choisy ou Nogent, quand les habitants vont se rendre compte que le réseau est bien développé dans les communes alentour et pas chez eux, ils vont se demander pourquoi. Alors bien sûr, on ne sait pas qui sera élu où en 2026. Mais, pour les gens, le vélo n’est plus un problème. Et ça devient compliqué pour un candidat de se positionner aujourd’hui contre le vélo. D’ailleurs, certaines villes comme Clichy, Rueil ou Nanterre, qui sont pourtant en phase 2, ont déjà commencé leurs études. Le maire de Nanterre nous disait même que certaines entreprises qui veulent s’installer sur sa commune demandent si elle est accessible à vélo.
Donc tout va bien pour le VIF ?
750 km vont être développés en deux ou trois fois moins de temps qu’un réseau ferroviaire. Le tout avec un budget qui équivaut à 2 % de celui du Grand Paris Express. Alors bien sûr, on n’a pas vocation à transporter le même nombre de voyageurs. Mais oui, le VIF a un grand potentiel !
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14 mai 2025