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Paris serait-elle en train de se « londoniser » ?

La vue sur le Grand Paris depuis la butte d'Orgemont à Argenteuil / © Sorcha Pottier
La vue sur le Grand Paris depuis la butte d’Orgemont à Argenteuil / © Sorcha Pottier (Wikimedia commons)

Si Paris avec ses 105 km2 fait figure aujourd'hui de ville naine par rapport à Londres et ses 1 600 km2, des changements s'opèrent, notamment dans les transports et le foot, préfigurant une métropole qui se "londonise" selon Renaud Charles, rédacteur en chef et co-fondateur d'Enlarge your Paris.

Renaud Charles, co-fondateur et rédacteur en chef d’Enlarge your Paris

Paris serait-elle en train de se « londoniser » ? Pour traduire ce verbe encore sous les radars de l’Académie française, faisons-le en chiffres. Paris aujourd’hui c’est 105 km2, 226 km de métro, aucun parc urbain de plus de 40 ha, deux bois et un seul club de foot messieurs en Ligue 1 (deux à partir de la saison 2025-2026 avec le Paris FC et une Ligue des champions remportée).

À l’autre bout de l’Eurostar, Londres, c’est 1 600 km2, 402 km de métro, sept clubs de foot messieurs en Premier League (avec au total deux Ligues des champions pour Chelsea), une dizaine de bois et forêts ainsi que plusieurs parcs qui dépassent les 100 ha comme le bien connu Hyde Park (142 ha) mais aussi Regent’s Park (166 ha), Kensington Gardens (110 ha), Hampstead Heath (320 ha) ou encore le gigantesque Richmond Park et ses presque 1 000 ha.

Reprenons l’Eurostar et regardons maintenant Paris en plus grand en le « londonisant ». Ainsi, lorsqu’on multiplie Paris par 16, on compte plus d’une dizaine de bois et forêts et deux parcs dépassant les 400 ha (le parc de Saint-Cloud et le parc de La Courneuve) et même un de 815 ha (le parc du château de Versailles).

« Le Grand Paris Express va changer les frontières de Paris et donc l’imaginaire qui va avec »

Côté foot, si aucun club de Ligue 1 n’a encore germé outre-périphérique, le panorama est en train de changer. La semaine dernière, le PSG a dévoilé les deux villes où il envisageait de construire son futur stade : Massy (Essonne) et Poissy (Yvelines). Le milliardaire Xavier Niel a récemment acquis l’US Créteil (Val-de-Marne) pour en faire (on imagine) autre chose qu’un club de Nationale 2. Alexandre Mulliez, petit-fils de Gérard Mulliez, fondateur d’Auchan et à la tête d’une famille dont la fortune est estimée à plus de 50 milliards d’euros, s’est quant à lui offert le FC Versailles en Nationale 1 (Yvelines). Enfin, en Ligue 2, le club historique du Red Star, fondé par Jules Rimet, initiateur de la Coupe du monde de football, est la propriété d’un groupe d’assurance américain. Dans une région qui compte plus de 12 millions d’habitants (autant que la Belgique) et qui a fourni 13 des 25 joueurs de l’équipe de France de foot masculine lors du dernier Euro en 2024, le ballon rond est un marché qui ne demande qu’à éclore.

Mais le foot et l’accès à la verdure ne sont pas les seules caractéristiques de la « londonisation » de Paris. Le principal ferment n’est autre que le Grand Paris Express (GPE), qui va permettre à terme au métro d’atteindre les 426 km. Ça ne vous rappelle pas un certain Londres, ça… ? Car oui, même souterrain, le GPE va changer les frontières de Paris et donc l’imaginaire qui va avec. Et peut-être faire rentrer « londoniser » dans le dictionnaire…

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