Le Baromètre vélo, consultation citoyenne qui a rassemblé 330 000 contributions en France et 66 000 en Île-de-France, donne une image précise de la manière dont les usagers du vélo jugent les aménagements de leur commune. Ce qu'a décortiqué pour Enlarge your Paris Olivier Razemon, journaliste spécialiste de la mobilité et des transports.
Olivier Razemon, journaliste spécialiste de la mobilité et des transports
Les Parisiens ne sont jamais contents. Depuis 2020, la municipalité mène tambour battant une politique cyclable, transformant la voirie à coups de bordures en béton, de pictogrammes peints au sol et d’arceaux de stationnement, bravant les oppositions et les réseaux sociaux, méprisant les colères soudaines de quelque célébrité coincée dans les bouchons. Et lorsque les résultats du Baromètre vélo [une vaste consultation citoyenne reposant sur les avis des usagers, Ndlr] sont tombés le 18 septembre, stupéfaction : Paris progresse mais ne figure pas dans les dix grandes villes les mieux classées. La note, présentée sous la forme d’une lettre de A+ à G à l’instar des diagnostics de performance énergétique des logements, ne dépasse pas C pour la capitale, contre A pour Grenoble et Strasbourg ou B pour Lyon. Tout ça pour ça…
« Pourtant, à l’échelle mondiale, la ville est une référence unanimement célébrée pour sa politique en faveur des déplacements à vélo », commente un observateur de longue date des politiques cyclables. Pour comprendre la pusillanimité des usagers, il faut examiner en détail les résultats de l’enquête organisée par la Fédération des usagers de la bicyclette. Sur la carte participative, où les répondants pouvaient pointer les endroits dangereux ou insécurisants, deux axes ressortent nettement : les boulevards de Sébastopol et de Magenta, pourtant dotés de pistes cyclables. Pour le dire autrement, au contraire des répondants qui déplorent le manque d’aménagements, les cyclistes parisiens dénoncent le trop-plein de vélos. Idéalement, pour répondre à cette demande croissante (des records de fréquentation ont encore été enregistrés début septembre), il convient d’élargir les pistes, comme c’est déjà le cas rue de Rivoli.
L’Ouest plus favorisé que l’Est
Même si elle ne dépasse pas le E, la note moyenne donnée par les usagers aux communes de la région progresse, se réjouit le Collectif vélo Île-de-France, qui rassemble 45 associations. Les militants observent que « les communes les mieux notées ont réalisé des aménagements cyclables continus et sécurisés sur les axes les plus importants, et non en pointillé ou dans les rues secondaires » et « déployé une communication positive ». Sur la carte, le décalage est frappant entre l’Ouest – Yvelines et Hauts-de-Seine – en vert pâle, plutôt mieux noté que la moyenne, et l’Est – Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne –en rouge et orangé, dans le bas du classement. Si le Collectif vélo Île-de-France salue les notes et les progressions de Charenton (B), Les Lilas (C) ou Pantin (C), il constate la persistance, notamment en Seine-Saint-Denis, d’axes impraticables à bicyclette. En banlieue ouest, une ville se distingue de manière négative : Boulogne-Billancourt (E), où les axes départementaux demeurent « très routiers » en dépit du nombre important de déplacements à vélo.
En grande couronne, l’appréciation des usagers est contrastée. Des communes peu denses, comme Lieusaint (A), Montigny-le-Bretonneux (B) ou Bures-sur-Yvette (B) réussissent visiblement à réserver un espace sur la voirie pour les déplacements à vélo, tout comme Versailles (B). En revanche, plus on s’éloigne de la zone urbaine de la région, plus les usagers montrent leur insatisfaction. Ce qui montre que la demande de vélo est élevée, même loin des pistes saturées de Paris.
Infos pratiques : les résultats du baromètre 2025 de la Fédération des usagers de la bicyclette sont à retrouver sur barometre-velo.fr
Lire aussi : Depuis son lancement en 2020, l’aide régionale pour l’achat d’un vélo a le vent dans le dos
Lire aussi : « 62 % de la première phase du Réseau Vélo Île-de-France sont déjà réalisés ou en cours de réalisation »
Lire aussi : Vélo : pourquoi l’Île-de-France échappe aux restrictions budgétaires
10 octobre 2025
