
Entre deux averses et un froid piquant, Choukran apporte un rayon de soleil marocain au cœur du Sentier. Le chef Abdel Alaoui y décline sa cuisine en version street-food généreuse et conviviale, dans un décor aussi dépaysant que décalé. Une pause chaleureuse qui réchauffe autant qu’elle rassasie.
Lundi matin, 11 heures. À la fenêtre, un temps gris comme les rames de la ligne 13, et surtout un froid de canard. J’aurais bien besoin d’un petit coup de soleil… Tiens, tiens, le chef marocain Abdel Alaoui qui possède Yemma (11e) et Choukran (9e) a ouvert un second Choukran dans le quartier du Sentier (2e). Ni une, ni deux, je file découvrir cette adresse qui entend décliner la cuisine marocaine en version street-food. Par ici les épices !
Comme à la casbah, version moderne
À peine entrée dans le restaurant, je suis happée par l’ambiance électrique du lieu. J’ai commis l’erreur de venir à midi, en pleine semaine, dans un quartier d’affaires. Pour la tranquillité, c’est raté ! Je commande donc à emporter, l’air résignée… C’était compter sans le clin d’œil charmant que me lance la caissière, me disant à voix basse : « Faites un tour, pour une ou deux personnes, on trouve toujours de la place ! » Bingo ! En moins d’une minute, une table se libère, me permettant de m’installer tranquillement en attendant mes petits mets.
Je prends un temps pour observer la décoration du lieu, qui emprunte de références à la culture orientale avec sa vaisselle en métal, ses portes ornementées, ses tapis tressés et son toit en bois, lui conférant des allures de souk. Le tout occidentalisé avec des touches d’humour d’un kitsch assumé, comme pour ces les banquettes en (faux) motif Louis Vuitton, ces cagettes de sodas rouges aux murs et des affiches amusantes, multipliant les références et boutades sur le « bled ».
Un kazdal qui porte bien son nom
À peine le temps de me laisser aller à la contemplation qu’on m’apporte ma commande. À savoir un « kazdal », un sandwich à base de msemmen (crêpes feuilletées du Maghreb) toastées, fourrées de crudités, de kefta, et de légumes marinés.
Je m’installe sur les coussins de style kilim (tissu traditionnel) et commence à attaquer la bestiole. Dans mes mains, 700 g de galette bien chaude, dans laquelle la sauce secrète et la viande se marient si bien. J’engloutis rapidement la première moitié, mais commence déjà un peu à caler, et pour cause : si l’ensemble est plutôt bon, le sandwich manque d’épices et de sauce pour faire mieux passer le msemmen, qui prend de la place. En questionnant mes voisins sur leur couscous, l’avis est partagé : le plat est réussi, mais il manque de ce petit truc en plus qui le rendrait exceptionnel. On me fait cependant l’éloge du pain chaud servi avec le plat et des portions bien généreuses. « Y a un dessert dans la formule ? », me questionne l’une des convives quand je lui indique attendre le mien. « Mais je vais crever avec tout ça ! », réplique-t-il.
Une cuisine qui fait chaud au cœur et qui tient au corps
En attendant ma pâtisserie, j’observe un peu les clients, afin de cerner les habitués. On trouve beaucoup d’amis, mais aussi de grandes tablées familiales qui se réunissent pour partager un tajine ou picorer des kémias, ces entrées colorées type carottes au cumin ou patatas bravas à la harissa qui détrônent haut la main les frites des grandes enseignes de fast-food…
J’attaque, remplie de gluten, ma corne de gazelle très fraîche, pleine d’amandes et de sucre glace, et réussis à la faire passer à l’aide d’un grand verre de thé à la menthe. Le restaurant pourrait affiner un peu ses plats, mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas remplir sa fonction première : celle d’une cantine abordable, qui prend soin du ventre et du cœur de ses clients. Et qui leur tient au corps tout l’après-midi…
Infos pratiques : Choukran, 69, rue d’Aboukir, 2ᵉ / 29, rue Saint Georges, 9ᵉ. Ouverts du lundi au vendredi de 12 h à 15 h et de 19 h 30 à 22 h 30, le samedi de 12 h à 23 h et le dimanche de 12 h à 16 h et de 19 h 30 à 22 h 30. Formule Kazdal (boisson + dessert) à 15,50 €. Accès : métro Sentier (ligne 3) ou Saint-Georges (ligne 12). Plus d’informations et réservation sur choukran.fr

17 novembre 2025 - Paris