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L’Île-de-France comme vous ne l’avez jamais vue, dans un atlas ludique des bourdes hexagonales

L'Yonne à Montereau
L’Yonne à Montereau. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris

C’est un peu l’atlas de France des ratés : les grands projets abandonnés, les fusions de communes qui ont échoué, les cimetières ferroviaires, les parachutages électoraux loupés, les lieux qu’on n’a pas le droit de survoler, etc. Dans un atlas inédit, le géographe et cartographe Lucas Destrem, à qui l’on doit une carte de « l’île d’Île-de-France », a imaginé 50 représentations des échecs piteux, des secondes places sans panache, des reculs en rase campagne. Par sa population, sa densité et son statut de région-capitale, l’Île-de-France concentre quelques-uns de ces records absurdes.

Dans plus d’une vingtaine de départements, la préfecture n’est pas la ville la plus peuplée. Mais en Île-de-France, région très urbaine, pas moins de cinq départements sur sept (le département de Paris ne comptant qu’une seule commune) sont concernés, les trois de la petite couronne, l’Essonne et la Seine-et-Marne. En Seine-Saint-Denis, Bobigny n’occupe même que le neuvième rang départemental. Le manque d’espace est une autre conséquence de l’urbanisation. Ainsi, dans les Yvelines et en Essonne, les archives départementales ne sont pas conservées, comme il est d’usage, dans la ville-préfecture, mais respectivement à Montigny-le-Bretonneux et Chamarande. La France compte plus d’une centaine d’ex-sous-préfectures, dont quatre sont situées en Île-de-France : Corbeil-Essonnes (Essonne), Coulommiers (Seine-et-Marne), Sarcelles (Val d’Oise) et Sceaux (Hauts-de-Seine). 

Ce n’est pas la Seine qui coule à Paris… ni l’Yonne ! 

On sait généralement que la Seine, qui traverse la région, ne devrait pas porter ce nom, mais celui de l’Yonne, car cette rivière présente un débit plus important. On sait moins que, selon les mêmes critères, ce n’est pas la Seine qui rencontre l’Yonne à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), mais l’Aube.

L’auteur a collecté les projets de grandes infrastructures finalement abandonnés, comme le grand stade de rugby à Ris-Orangis (Essonne) en 2016, le méga-centre commercial Europacity en 2019, ou le troisième aéroport parisien, successivement annoncé dans les années 1990 en Eure-et-Loir puis dans la Somme. Dans le nord du Loiret subsistent encore les rails de l’aérotrain, un train qui devait glisser sur coussin d’air, abandonné par le président Giscard d’Estaing en 1974. Louis XIV avait lui aussi ses renoncements : l’aqueduc de Maintenon (Eure-et-Loir), dont la construction avait commencé en 1686, et qui n’est jamais arrivé au parc de Versailles ; ainsi que la chapelle des Bourbons, futur réceptacle des sépultures royales, jamais édifiée à côté de la basilique de Saint-Denis.

Cathédrale et bec de gaz

L’Île-de-France concentre par ailleurs le dernier département communiste (le Val-de-Marne jusqu’en 2021), la cathédrale la plus récente (Évry en 1995), le dernier magasin Champion (fermé en 2018), et même un bec de gaz encore en activité à Malakoff (Hauts-de-Seine). L’ouvrage contient enfin la carte d’un Tour de France fictif qui ne ferait étape que dans des villes les plus peuplées où il ne s’est jamais arrêté. Cette compétition s’achèverait à Argenteuil (Val d’Oise) après une dernière étape partant de Chelles (Seine-et-Marne). « Un moyen de souligner où se trouvent les zones blanches du Tour : dans les banlieues », observe Lucas Destrem, par ailleurs auteur d’une remarquée « carte de l’île d’Ile-de-France« .

Infos pratiques : La France comme vous ne l’avez jamais vue de Lucas Destrem. 128 pages 50 cartes. Éd. Autrement, 2025. 19,90 €.

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La France comme vous ne l’avez jamais vue. Lucas Destrem / Editions Autrement