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Bientôt une école de cuisine à Paris pour aider les réfugiés à s’insérer

Les Cuistots migrateurs vont ouvrir leur propre école de cuisine. L’objectif : former davantage de migrants aux métiers de la gastronomie pour les aider à s’insérer sur le marché du travail / © Guillaume Czerw

Et si la cuisine était un moyen de favoriser l'insertion des réfugiés dans un pays, la France, où la gastronomie a été classée patrimoine culturel immatériel de l'humanité ? Pour ce faire, les Cuistots migrateurs lancent à Paris une école de cuisine afin de former les migrants aux métiers de la restauration. Un projet qui fait l'objet d'un financement participatif jusqu'au 4 décembre.

Une initiative soutenue par Enlarge your Paris dans le cadre de la RTE (responsabilité territoriale des entreprises)

Les Cuistots migrateurs, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle de Louis Jacquot et Sébastien Prunier sur les bancs d’une école de commerce. Ensemble, ils se rêvent entrepreneurs sociaux. C’est en pleine crise des migrants, à l’automne 2015, que naît l’idée des Cuistots migrateurs. « Ils sont tous les deux amateurs de voyages et de bonne bouffe, ils se sont dit que les réfugiés avaient beaucoup à apporter en termes de culture et de savoir-faire culinaire », explique Mélanie Rousseau, responsable de la communication des Cuistots.

Ils commencent donc par lancer une activité de traiteur en mettant en valeur les cuisines du monde. « Avant le Covid, elle représentait 80% de notre chiffre d’affaires. Cocktails, réceptions, déjeuners… On est capables de fournir des événements de 25 à 2 500 couverts », détaille Mélanie Rousseau. Le temps que le concept fasse ses preuves, les cuisiniers, tous migrants, vont être embauchés en CDD. Désormais, les Cuistots signent des CDI. « L’un de nos cuisiniers a pu acheter un appartement avec sa compagne, un autre vient de s’acheter une voiture. Pour eux, la cuisine est un moyen de se projeter en France. »

Forte de ce premier succès, l’équipe ouvre son propre restaurant, le Pop Up, à l’automne 2019. Situé sur le boulevard Voltaire à Paris (11e), il met à la carte les spécialités de Syrie, d’Iran, d’Afghanistan, d’Éthiopie ou encore du Népal et du Bangladesh. Une aventure en entraînant une autre, les Cuistots migrateurs décident de publier également la même année un livre de recettes. « Il s’agit d’un ouvrage reprenant nos recettes best-sellers et qui présente aussi les portraits de nos cinq premiers chefs. A travers leurs histoires, on parle du contexte géopolitique de leur pays d’origine, de leur culture… », souligne Mélanie Rousseau.

Une école de cuisine pour favoriser l’intégration des réfugiés

Aujourd’hui, les Cuistots migrateurs emploient 30 personnes dont 11 en cuisine. « Mais on ne peut pas recruter 10 personnes tous les ans. Notre impact social est donc limité. D’où l’idée de créer une école de cuisine en 2021 pour aider davantage de réfugiés. » Sans attendre, une promotion pilote de dix apprentis cuisiniers passera derrière les fourneaux dès le mois de décembre, à l’Institut culinaire de Paris (11e). Quant au cursus, il sera certifiant et 100% gratuit pour les migrants qui l’intégreront. Cette formation de commis de cuisine reposera sur un socle de cours de cuisine et de cours de français et fera l’objet d’un accompagnement personnalisé pour construire le projet professionnel de chacun des élèves. Au total, elle s’étalera sur quatre mois et se clôturera par un stage de trois semaines.

Il s’agit maintenant de sécuriser financièrement l’avenir de cette nouvelle école de cuisine. « On est accompagnés par Pôle emploi, le ministère du Travail mais aussi des mécènes privés qui nous font des dons. » De précieux soutiens qui ne suffiront pas à pérenniser le fonctionnement. Les Cuistots migrateurs ont donc lancé jusqu’au 4 décembre une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. « Pour chaque millier d’euros récolté, une personne supplémentaire pourra intégrer l’école. »

Car l’équipe nourrit de belles ambitions pour son école. Après le lancement de sa formation de commis, elle souhaite proposer aussi des formations en sommellerie, de service en salle et de boulangerie. Sur un objectif initial de 30.000€, la campagne des Cuistots a déjà permis de recueillir 60.000€, ce qui doit permettre de financer le parcours de 60 personnes. Les fonds collectés serviront à créer le contenu pédagogique, rémunérer les formateurs et investir dans le matériel, les tenues des apprentis cuistots ainsi que les matières premières. Les participants au crowdfunding seront invités à la remise des diplômes ou bien à tester le Pop Up, quand ce dernier rouvrira ses portes.

Infos pratiques : Le financement participatif de l’école des Cuistots migrateurs se poursuit jusqu’au 4 décembre sur ulule.com. Plus d’infos sur lescuistotsmigrateurs.com

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