
Après plus de 30 ans passés à Paris, Olivier Razemon, journaliste au Monde et chroniqueur pour Enlarge your Paris, a opté pour Lyon. Avant son départ, il a couché sur Word une ode au Grand Paris et passé en revue quelques-uns de ses coins préférés outre-périphérique.
Si la capitale promet une vie trépidante et d’innombrables activités à qui sait les saisir, sa banlieue, que personne ne songeait alors à appeler « Grand Paris », m’est apparue, dès mon installation à Paris en 1991, comme une source d’inspiration inépuisable, tant au sens propre, pour respirer l’air moins pollué, qu’au sens figuré, pour des reportages ou le plaisir de voyager. C’est le voyage à portée de RER : s’échapper, quelques heures, quelques jours, sans avoir à effectuer de longs et coûteux trajets.
J’ai profité des parcs immenses à Versailles (Yvelines), La Courneuve (Seine-Saint-Denis) ou Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), des musées passionnants et peu courus comme le musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le musée de l’Histoire vivante à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le MAC VAL à Vitry (Val-de-Marne) ou la Maison Caillebotte à Yerres (Essonne). J’ai arpenté, dans un printemps joyeux ou dans les couleurs de l’automne, les sentiers de grande randonnée le long de la Seine, de l’Oise ou du Loing, et les forêts, Fontainebleau (Seine-et-Marne), Notre-Dame (Val-de-Marne / Seine-et-Marne), ou celle de Montmorency (Val-d’Oise), traversée à pied un jour de neige, en janvier 2003. Pendant la pandémie, les restrictions de circulation transformaient la moindre échappée en aventure dépaysante : trois jours de vacances à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), un cornet de glace à L’Isle-Adam (95), un week-end à vélo dans l’Ouest parisien, en respectant la contrainte des 10 kilomètres autour de Paris.
« Les balades grand-parisiennes permettent au plus irréductible des citadins de vivre au rythme des saisons »
L’été dernier, j’ai découvert les marais et forêts près de Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne), une région surprenante. Dans ce coin, non desservi par le train, la nature est brute, luxuriante, pleine de libellules et de grenouilles, sans les attributs urbains habituels, moteurs de tondeuse à gazon ou panneaux vantant de futurs programmes immobiliers. La piscine municipale aux murs blancs et bleus, en bordure de fleuve, vaut à elle seule le voyage ! Les balades grand-parisiennes permettent au plus irréductible des citadins de vivre au rythme des saisons.
On dit souvent que Paris relègue en banlieue ses équipements encombrants – hôpitaux, cimetières, gares de triage ou entrepôts de logistique. C’est vrai. Mais, en conséquence, on trouve en petite et en grande couronne des installations spectaculaires qui doivent la présence à la puissance de l’agglomération : le Stade de France et la tour Pleyel et sa vue dégagée du quarantième étage à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) , les « camemberts » de Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) ou les Arcades du lac à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), la future ligne 18, en partie aérienne, du Grand Paris Express sur le plateau de Saclay (Essonne).
Le Grand Paris, où vivent 10 des 12 millions de Franciliens, se prête à l’observation des modes de vie, des communautés qui font sa richesse, des sentes inondées de glycines de Thomery (Seine-et-Marne) aux commerces arabes de la rue de Paris à Montreuil (Seine-Saint-Denis), en passant par le marché de Juvisy (Essonne) où s’épanouissent les cuisines du monde. Tant de livres racontent l’Île-de-France ! J’ai suivi les traces de Patrick Modiano à la Varenne-Saint-Hilaire (Val-de-Marne), celles de Valérie de Saint-Do à « Balbigny », un concentré de Bagnolet et de Bobigny (Seine-Saint-Denis), les élucubrations d’Aurélien Bellanger ou les polars de Banlieues Parisiennes Noir.
« En trois décennies, la mobilité francilienne a changé »
En trois décennies, la mobilité francilienne a changé. Les RER et les métros se sont considérablement modernisés, des lignes ont été ouvertes, prolongées, le tramway est devenu une évidence. Même si ses usagers réguliers en déplorent à juste titre les manquements, la région demeure la mieux équipée de France en transports publics. Le tramway T2 offre une vue panoramique sur les Hauts-de-Seine, et on ne se lasse jamais du train qui relie Saint-Lazare à Versailles Rive Droite. Le bus TVM (Trans Val-de-Marne), mon préféré, sillonne dans son couloir réservé la banlieue sud, de Saint-Maur (Val-de-Marne) à Antony (Hauts-de-Seine). Quant aux itinéraires à vélo, ils se sont franchement améliorés ces dernières années grâce à la ténacité des associations. Le vélo n’est plus une lubie, mais un moyen de transport.
Enfin, la région, on l’oublie trop souvent, a une géographie fluviale. J’ai pu visiter le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), premier port fluvial de France, passer les écluses du canal Saint-Denis pour observer les installations olympiques, mais mon voyage le plus inoubliable fut la traversée en péniche de Juvisy-sur-Orge (Essonne) à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) en douze heures, sept départements et cinq écluses, avec l’association Alternat.
Je n’en ai pas fini avec l’Île-de-France. Des amis, à Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), m’ont promis de m’héberger. En attendant, la périphérie de Lyon recèle de tant de belles promesses. Enlarge your Lyon…
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13 juillet 2025