
La saison de chasse bat son plein en Île-de-France. Pas besoin de renoncer aux forêts : adoptez les bons réflexes et vous marcherez l’esprit léger, même quand les fusils sont de sortie.
Depuis fin septembre, comme chaque année, la saison de chasse a rouvert en Île-de-France. Pour les citadins qui s’échappent vers la forêt le week-end, tomber nez à nez avec une veste fluo ou entendre un coup de feu au loin peut surprendre, inquiéter, voire franchement gâcher la balade. Rien d’anormal : une arme reste une arme, et ce n’est pas ce qu’on espère trouver en partant chercher le calme des sous-bois.
Pourtant, c’est la réalité : on chasse bel et bien aux portes de Paris. L’Île-de-France, qu’on imagine compacte et minérale, demeure en grande partie agricole et forestière, surtout en grande couronne. Une ruralité discrète mais bien vivante, avec ses usages et son calendrier — dont la chasse est l’un des marqueurs les plus visibles. Même en recul, l’activité occupe encore de vastes espaces entre septembre et mars. Alors comment composer avec cette présence ? Quelles précautions pour randonner sereinement ? Petit guide pour comprendre ce qui se joue réellement dans nos paysages franciliens.
Où et comment chasse-t-on en Île-de-France ?
Trois formes de chasse dominent : Les chasses communales, les plus fréquentes en grande couronne, souvent organisées par les municipalités ou des associations locales dans les zones agricoles de Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne ou Val-d’Oise. C’est là, en rando, que vous croiserez le plus souvent des chasseurs. Il y a aussi les chasses privées. Souvent pratiquées dans de grands domaines forestiers, parfois grillagés, notamment autour de Fontainebleau. Elles sont plus discrètes mais très présentes. Enfin, la plus médiatique : la chasse à courre. Rarissime en Île-de-France, très visible… et très contestée. Elle poursuit le gibier avec une meute de chiens sur de longues distances et déchaîne régulièrement les réseaux sociaux.
Une activité en recul
Une fois que l’on a dit tout cela… Quelle est la réalité de la pratique en Ile-de-France ? Clairement, la chasse recule progressivement sous l’effet de l’urbanisation et du changement des usages. Pour les randonneurs, c’est plutôt une bonne nouvelle. L’exemple de la future forêt de Maubuisson, dans la plaine de Pierrelaye (Val-d’Oise), est parlant : la chasse communale locale a décidé de ne plus accepter de nouveaux membres, avec l’objectif d’éteindre l’activité à mesure que le territoire se transforme en immense forêt urbaine.
Partout en grande couronne — à Saclay, à Sénart, dans le Triangle de Gonesse — le même phénomène se répète. Les associations de chasseurs vieillissent, les terrains se fragmentent, et l’expansion urbaine grignote peu à peu les espaces cynégétiques. La région compte environ 12 000 chasseurs titulaires du permis validé — 0,1 % de la population francilienne. Un chiffre modeste comparé aux régions rurales, mais qui suffit à rendre l’activité tangible sur de nombreux territoires.
Le révélateur d’une Île-de-France méconnue
Soyons clairs : il est parfaitement légitime d’être mal à l’aise en entendant un coup de feu ou en croisant un fusil sur un sentier. Mais cette inquiétude dit aussi autre chose : nous redécouvrons une Île-de-France que nous ne connaissons plus.
Malgré son image de région hyper-urbaine, l’Île-de-France reste à 70 % composée de terres agricoles, de bois et d’espaces naturels. Près de 45 % du territoire est agricole et environ 25 % est boisé. Dès que l’on sort des zones denses, la métropole s’efface et laisse place à une mosaïque de champs, de forêts et de villages. La chasse fait partie de cette géographie-là — une géographie dont beaucoup d’habitants du centre parisien ignorent encore l’existence.
Guide pratique : randonner en sécurité en saison de chasse
En forêt publique : un cadre strict
La chasse en forêt domaniale est très encadrée. L’ONF publie chaque année un calendrier précis, forêt par forêt. Les jours de chasse, des panneaux sont installés à toutes les entrées. Pas de panneau = pas de chasse. En général, les battues ont lieu en semaine (rarement le week-end), le matin entre 8 h et 13 h, d’octobre à février, avec un pic en novembre et décembre.
En zone agricole : plus imprévisible
C’est là que la vigilance s’impose davantage. Les chasses communales ou privées ne sont pas toujours signalées. Quelques conseils simples : Portez un vêtement orange vif si vous traversez champs ou lisières. On vous voit de loin ! Faites du bruit si vous suspectez une chasse à proximité : parlez, chantez, tapez vos bâtons… et restez sur les sentiers balisés. Enfin, gardez votre chien en laisse : c’est indispensable en saison de chasse.
Des outils pour anticiper
- Le site de l’ONF : Pour les forêts domaniales (publiques), l’ONF publie chaque année un calendrier des chasses forêt par forêt. Consultez-le avant votre sortie.
- Le site de la Fédération nationale de la chasse : Une carte interactive recense les dates d’ouverture de la chasse pour chaque département.
- L’application Melckone : Elle permet de suivre les chasses en temps réel et de planifier vos sorties en conséquence. Disponible sur iOS et Android.
Ce que les chasseurs doivent respecter
- Port obligatoire du gilet orange (minimum 1,5 m² de tissu fluorescent).
- Interdiction de tirer en direction des routes, chemins, habitations.
- Interdiction de tirer à moins de 150 m d’une habitation sans accord.
- Obligation d’assurance responsabilité civile.
- Chasse interdite avant le lever et après le coucher du soleil.
En connaissant les règles, en anticipant vos sorties et en prenant quelques précautions simples, vous pouvez continuer à profiter sereinement des paysages franciliens — leurs forêts, leurs clairières, leurs champs d’hiver. Bonne randonnée — et soyez visibles.


18 novembre 2025 - Île-de-France