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Le Bois Saint-Martin : La forêt secrète au bout des quais du RER E

Le Bois Saint-Martin. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris

Au bout des quais du RER E, la ville s’efface et laisse place à une forêt intacte. Le Bois Saint-Martin, en lisière de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, a résisté quarante ans à l’urbanisation avant d’être racheté par la Région Île-de-France et ouvert au public. Un secret de nature à portée de Navigo.

Un bois accessible depuis les quais du RER, vraiment ?

Oui, et c’est ce qui en fait un lieu unique. Le Bois Saint-Martin se trouve à cheval entre la en Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, à quelques minutes de Paris par le RER E. Quarante 280 hectares de forêt préservée, pratiquement inconnue des Franciliens : un miracle de biodiversité à deux pas de la ville. Il fait partie intégrante de la forêt régionale du Maubué, qui s’étend sur plus de 600 hectares.
Nous travaillons d’ailleurs sur un projet de liaison au-dessus de l’A104 pour relier le bois à la forêt régionale de Ferrières. À terme, cela formerait un corridor écologique de 5 000 hectares aux portes de Paris. Une véritable bouffée d’air pour la métropole.

Comment ce bois a-t-il échappé à l’urbanisation ? Qu’est-ce qui le rend si particulier ?

C’était la dernière grande forêt privée subsistant entre le bois de Vincennes et la ville nouvelle de Marne-la-Vallée.de Seine-Saint-Denis. Pendant quarante ans, la Région et Île-de-France Nature ont négocié pour l’acquérir et éviter qu’elle ne tombe aux mains des promoteurs. Quarante ans de patience pour préserver un trésor resté intact — et désormais ouvert à tous.
Le Bois Saint-Martin, c’est un fragment de paysage d’avant l’urbanisation : de grandes allées bordées d’arbres remarquables, des prairies lumineuses, des sous-bois profonds. Rien à voir avec une forêt gérée en rangs d’oignons ; ici, la nature a eu le temps de respirer, de se régénérer.
Le sol, lui, n’a jamais été urbanisé : marcher ici, c’est fouler une terre vivante depuis l’époque romaine. Vertigineux, non ?

Et côté biodiversité ? L’ouverture au public a-t-elle fait débat ?

La richesse écologique du site est exceptionnelle. L’intégralité du Bois Saint-Martin est classée « Espace naturel sensible » et protégée par un arrêté préfectoral de protection du biotope. Le criquet ensanglanté, espèce rarissime, s’y reproduit encore. On y observe aussi la bondrée apivore, la pie-grièche écorcheur, ou encore une multitude de papillons, et d’orthoptères, d’amphibiens et de chevreuils. Pour préserver cet équilibre, certaines zones restent inaccessibles et le site est soumis à un règlement intérieur plus restrictif qu’ailleurs. Il a fallu trouver un compromis délicat entre protection et partage. C’est la condition nécessaire pour maintenir l’espace ouvert et que le plus grand nombre puisse continuer à en profiter sur le long terme.
Alors oui, l’ouverture au public a suscité des débats : certains voulaient sanctuariser le site. Mais notre mission, c’est aussi de reconnecter les Franciliens à la nature et d’améliorer leur qualité de vie, plus particulièrement encore dans des secteurs carencés en espaces verts. Avec le changement climatique, on comprend que ces espaces ne sont plus un luxe mais une nécessité. Le Bois Saint-Martin prouve qu’on peut protéger et accueillir.

Pourquoi maintenir des prairies ?

Parce que, sans intervention, la forêt refermerait tout en quelques années. Or ces prairies abritent des espèces incapables de migrer ailleurs. Nous les entretenons par fauche, en rotation sur cinq ans, pour conserver ces milieux ouverts. Un travail discret, mais essentiel à la survie de nombreuses espèces.

Comment un tel projet a-t-il vu le jour ?

Grâce à l’Agence des Espaces Verts d’Île-de-France (aujourd’hui devenue Île-de-France Nature), créée en 1976 pour freiner la “banlieue galopante”. Elle dispose d’un droit de préemption unique en France — prérogative qu’elle partage avec hormis le Conservatoire du littoral — lui permettant de racheter des espaces naturels menacés. Pour l’intérêt général, il était essentiel que le bois Saint-Martin rejoigne le patrimoine naturel régional en vue de le préserver dans la durée et de l’ouvrir au public.

Quelle est la meilleure saison pour le visiter ?

L’automne, sans hésiter. Les feuilles tombent et nourrissent la vie du sol : c’est la saison du renouveau invisible. Mais le Bois est magnifique à toutes les saisons ! Île-de-France Nature propose des activités nature gratuites tout au long de l’année : balades ornithologiques, sorties champignons, ateliers de land art… La nature, à portée de RER.

En un mot, pourquoi venir ?

Parce que c’est un miracle : un poumon vert de cette envergure, sauvé de justesse, accessible en transports en commun. Un concentré de biodiversité, de beauté et d’histoire naturelle. Dans un monde qui s’échauffe, ces lieux sont vitaux – pour la faune, la flore, et pour nous. Le bois Saint-Martin vous attend. Venez respirer ! 

Comment s’y rendre :

  • Le bois Saint-Martin se situe sur les communes de Noisy-le-Grand (93), Villers-sur-Marne et Le Plessis-Trévise (77). RER E : gare des Yvris–Noisy-le-Grand, à une vingtaine de minutes de Paris, puis 5 minutes de marche pour rejoindre l’entrée principale.
  • À pied : plusieurs accès depuis Noisy-le-Grand et Villiers-sur-Marne via des sentiers balisés.

À faire sur place :

  • Balades en forêt : plus de 8 km de chemins ouverts au public entre prairies, allées forestières et sous-bois.
  • Observation de la faune : avec un peu de patience, on peut y voir la bondrée apivore, la pie-grièche écorcheur ou le pic épeiche, de nombreux amphibiens et même des chevreuils.
  • Sorties nature : chaque week-end, Île-de-France Nature propose des balades guidées et des ateliers nature gratuits (oiseaux, champignons, land art…).

À savoir avant de venir :

  • Le bois Saint-Martin est une forêt protégée, pas un parc : restez sur les sentiers et respectez les zones fermées.
  • Chiens et vélos sont interdits pour préserver la tranquillité de la faune.

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Le Bois Saint-Martin, la prairie ouverte. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris
Le Bois Saint-Martin, passage au-dessus de la voie ferrée. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris