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Gilles Amar, un berger à l’épreuve de la crise à Bagnolet

Gilles Amar et son troupeau à Bagnolet, où il a créé la bergerie des Malassis / © Sylvie Biscioni
Gilles Amar et son troupeau à Bagnolet, où il a créé la bergerie des Malassis / © Sylvie Biscioni

Chevrier et jardinier installé à Bagnolet, Gilles Amar a dû lancer pour la première fois un appel aux dons sur HelloAsso pour pouvoir continuer à nourrir son troupeau alors que son activité est à l'arrêt. Alors que la collecte se poursuit jusqu'au 21 juin, il a déjà reçu le soutien de près de 200 donateurs. Nous relayons sa lettre ouverte publiée sur Facebook.

Dans le cadre de la RTE (responsabilité territoriale des entreprises), Enlarge your Paris participe à la collecte de la bergerie des Malassis à Bagnolet.

Gilles Amar, chevrier et jardinier dans le quartier des Malassis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis)

Notre bergerie existe depuis des années. Avant que les idées d’agriculture urbaine ou de fermes urbaines aient le vent en poupe et fassent l’objet de soutien et de financement institutionnels, nous avons développé, plein d’enthousiasme, un modèle populaire de ferme en ville, de ferme de quartier, qui répondait à différents besoins des citoyens et des partenaires agissant dans les domaines du paysage, de la pédagogie, de l’insertion et de la création artistique. 

Notre modèle de ferme en ville est transversale. La bergerie n’est pas un lieu dédié, elle est ouverte à tous. Elle n’est pas qu’un îlot de nature et de respiration dans la ville. Elle diffuse ses activités agro-paysagères, pédagogiques et culturelles sur tout le quartier et ses espaces publics. L’association gère plus de 6000 m2 d’espaces verts publics et collectifs aux Malassis grâce à une gestion paysagère et sociale à laquelle participe beaucoup nos herbivores et nos projets pédagogiques. Malheureusement, la densification du tissu urbain, depuis le début du projet de rénovation urbaine et le manque de soutien depuis toujours de la part de la municipalité de Bagnolet, qui ne veut pas véritablement valoriser nos activités à défaut de les contrôler, nous oblige à revoir nos rêves à la baisse.

« Nous devons réagir et ne pas rester passifs »

La bergerie des Malassis est un lieu symbolique du quartier qui doit continuer à exister avec toutes ses activités. Mais la perspective de pouvoir voir s’épanouir un véritable petit élevage laitier avec transformation fromagère et circuit de vente ultra local semble aujourd’hui presque impossible. Ce qui est en jeu, c’est notre capacité à nourrir notre troupeau de chèvres et de brebis qui compte une trentaine d’animaux. Cette problématique se fait sentir de façon encore plus aiguë depuis l’arrivée du coronavirus qui a entraîné l’arrêt des activités de l’association, une baisse presque totale des rentrées d’argent et donc une immense difficulté à acheter du foin pour les animaux, en plus de l’impossibilité de verser des revenus. Nous en avons vu d’autres, et les économies de toutes sortes ainsi que la débrouille, ça nous connaît. Cependant, nous devons réagir et ne pas rester passifs. La période l’exige particulièrement.

Alors, notre projet ? Il est simple : réussir à conserver et à nourrir notre troupeau afin de pouvoir rebondir dans un avenir proche, comme nous l’espérons. Votre soutien répondra donc à une urgence, la survie de l’association et de l’utopie qu’elle incarne, toute modestie gardée.

Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de moyens pour acheter du foin ainsi que du matériel pour installer des clôtures et une bétaillère. Il n’y a qu’à ces conditions que la bergerie pourra continuer à exister dans cette période encore plus difficile qu’à la normale (l’anormale). Pour la première fois, nous demandons donc un soutien, financier.

Infos pratiques : La cagnotte pour soutenir la bergerie des Malassis à Bagnolet est en ligne sur HelloAsso et s’achève le 21 juin. 

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