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Fin de service pour le ticket, icône du métro parisien

Ile-de-France mobilités

C'est la fin du ticket, le 1er novembre. Mais comment on passe à l'après-carton sans laisser les gens sur le quai ? On a posé la question à Alise Peyrot, qui pilote cette transition à Île-de-France Mobilités. Entre raisons écologiques et motifs techniques, elle nous raconte cette fin programmée, et comment les franciliens habitués au ticket vont pouvoir continuer à circuler sans friction.

Le 1er novembre 2025, c’est fini. Plus de petits bouts de carton dans les poches, plus de tickets démagnétisés. Maintenant il est complètement dématérialisé. Le ticket de métro disparaît sans cérémonie, alors qu’il a été l’image de Paris pendant 125 ans.

Il est né le 19 juillet 1900. Rose en première classe, crème en deuxième. Au milieu du XXe siècle, on en imprimait un milliard par an. Quand Picasso est mort, on a retrouvé des caisses entières de tickets dans ses affaires. Tout le monde en avait dans sa poche, partout, tout le temps. C’était l’objet du quotidien, par essence. Mais sa disparition s’est faite petit à petit, presque en silence. D’abord avec la fin du poinçonneur et l’arrivée du tourniquet automatique. Puis avec la Carte Orange dans les années 1970 – l’ancêtre du passe Navigo –qui a introduit l’idée révolutionnaire du voyage illimité par abonnement, pour faire face notamment à la concurrence de la voiture… Le ticket n’était déjà plus l’alpha et l’oméga.

Un dernier sursaut technique et sociétal, en 1981, avec le « ticket chic, ticket choc » — carton à piste magnétique et couleur citron immortalisé par Jean-Paul Goude dans une saga publicitaire culte qui dura neuf ans. Le ticket se retrouvait coincé dans un chapeau, dans un décolleté, dans un ourlet de pantalon, sur la poche d’un jean. Même Serge Gainsbourg y participait en mettant le feu à son ticket en disant « Tu as le ticket chic, moi j’ai le briquet choc ». Cet objet semblait éternel. Une vraie icône parisienne racontée par des icônes. Mais voilà, entre l’arrivée de la piste magnétique en 1981, et le dézonage du pass Navigo en 2015,  le chantier de la dématérialisation s’est accéléré. Jusqu’à aujourd’hui. RIP le ticket. Dans quelques années, les plus jeunes ne sauront même pas qu’il a existé…

On a demandé à Alise Peyrot d’Île-de-France Mobilités comment on va faire sans, concrètement. 

Pourquoi abandonner les tickets carton ?

C’est écologique d’abord. Un ticket carton, c’est jetable, usage unique. Au sol, c’est à la fois un déchet et une pollution urbaine. Mais il y a aussi des raisons pratiques. Chaque année, près de 5 millions de tickets sont démagnétisés simplement parce qu’on les pose près de ses clés ou ses pièces. Sur un carnet de dix, un ticket sur dix en moyenne n’est pas utilisé – perdu, abîmé, oublié. C’est du gaspillage. Techniquement, les nouveaux validateurs ne lisent plus les anciennes bandes magnétiques. Depuis le 1er octobre, la vente s’arrête sur les automates bus et tramway. À partir du 1er novembre, c’est la fin de la vente à bord des bus, et certaines lignes ne les acceptent déjà plus à la validation. Le 5 novembre, la vente s’arrête sur l’ensemble du réseau Île-de-France mobilités. Les tickets restent acceptés pour voyager, mais progressivement moins selon les lignes, jusque courant 2026. 

Comment s’en passer, concrètement ?

Depuis février, on a arrêté la vente progressive dans les agences. Aujourd’hui, seuls 8 % des billets vendus sont encore en carton. Les gens s’adaptent vite. Sur le téléphone : l’appli Île-de-France Mobilités, SNCF Connect ou Bonjour RATP. C’est direct, c’est fluide. Pour ceux qui préfèrent tactile, il y a la carte Easy à 2 euros, achetée une seule fois et rechargeable à vie aux bornes et agences. La carte Easy n’est pas nominative, elle se prête entre amis et famille. Contrairement au ticket t+, qui était personnel une fois validé. Et pour les tickets carton qu’on a encore chez soi ? Ils s’échangent contre du dématérialisé aux bornes et agences. Si on ne peut plus bientôt plus les utiliser, il ne faut pas les jeter. 

Et quelles sont les prochaines étapes, après la réforme des tarifs en janvier 2025 ? 

On continue la dématérialisation maximale. Les abonnements Navigo Annuel et Imagine R vont aussi passer au téléphone courant 2026. L’objectif, c’est rendre le parcours d’achat de plus en plus fluide pour accompagner au mieux les voyageurs. Plus on avance, plus le portefeuille s’allège. 

Plus d’infos sur iledefrance-mobilites.fr

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