Village à l'abandon depuis les années 1970 et la construction de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle dans le Val-d'Oise, le Vieux Pays de Goussainville vit aujourd'hui une renaissance spectaculaire portée par l'économie verte et la valorisation du patrimoine, en attendant sa connexion à la future ligne 17 du Grand Paris Express. Ce que nous détaille Khader Berrekla, architecte et directeur général adjoint de la ville de Goussainville.
En partenariat avec la Société des Grands Projets
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est exactement ce lieu mystérieux qu’est le « Vieux Pays » de Goussainville ?
Khader Berrekla : Imaginez un village de carte postale figé dans les années 70 ! Le Vieux Pays, c’était le cœur battant de Goussainville (Val-d’Oise) jusqu’à ce que l’aéroport Charles-de-Gaulle débarque. Parce qu’il était situé trop près des pistes, Aéroports de Paris a décidé de tout racheter et de murer les maisons. Mais l’église Saint-Pierre-Saint-Paul étant un monument historique, on crée un périmètre de protection de 500 mètres faisant émerger un décor de film avec 300 irréductibles ayant tenu bon. Pendant ce temps, la « vraie » ville a poussé ailleurs, loin de son ADN historique.
Comment avez-vous transformé cette cicatrice urbaine en laboratoire créatif ?
C’est là que ça devient magique ! Nous avons récupéré les écuries du château, un bijou du XVIIe qui allait finir en casse auto, pour en faire un tiers-lieu de folie. Aujourd’hui, l’école ÊTRE Val-d’Oise y forme des bataillons d’ « éco-warriors » aux métiers verts : menuiserie, jardinage urbain, réparation de vélos… Le tout dans une ambiance village avec des artisans, des assos et une guinguette d’été qui fait revivre l’âme du lieu.
Quels autres projets font bouger ce territoire en renaissance ?
Abracadaparc a ouvert en 2024. C’est un parcours d’accrobranche qui cartonne déjà avec 15 000 visiteurs par an. Nous avons aussi installé un centre équestre nouvelle génération avec ferme pédagogique près du parc du château. Et ce n’est que le début : ateliers d’artistes, bureau d’études BTP, associations sociales… Chaque bâtiment à l’abandon devient un spot créatif ou économique. Dès ce mois de septembre, nous attaquons la réhabilitation d’une grande bâtisse sur la place centrale qui fera office de futur QG avec café, resto, épicerie, locaux pour les associations et espace d’exposition. Mais le défi reste énorme : des dizaines de bâtiments attendent encore leur réhabilitation.
Qu’en est-il du patrimoine naturel ?
Nous misons beaucoup sur la renaturation. Le Syndicat mixte pour l’aménagement hydraulique des vallées du Croult et du Petit Rosne va libérer le Croult, cet affluent de la Seine qui était emprisonné sous le béton. Il va retrouver son cours naturel et redevenir un écosystème vivant. En parallèle, le bois du Seigneur, une ancienne carrière polluée que nous transformons en forêt urbaine de 30 hectares, va servir de climatiseur naturel anti-canicule avec même un coin maraîchage pour reconnecter passé et futur agricole.
Comment ces espaces verts s’articulent-ils avec les nouvelles mobilités du Grand Paris ?
Nous développons tout un réseau de mobilités douces pour relier nos spots nature ! Un futur bus à haut niveau de service nous connectera à la ligne 17 du Grand Paris Express via la station Parc des Expositions. Notre parcours paysager s’inscrit dans le « Parc naturel urbain des trois vallées ». Et si la ligne 19 du métro se concrétise, cela va révolutionner l’accessibilité de l’est du Val-d’Oise. Nous espérons vivement qu’elle viendra désenclaver notre territoire et booster toutes ces initiatives.
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1 septembre 2025 - Goussainville
