Culture
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Quel Grand Paris de la Culture ?

La question sera au menu de la Nuit des débats samedi 2 avril à Saint-Denis. L'occasion de rappeler que de l'autre côté du périph' se trouvent près de 800 lieux de diffusion du spectacle vivant, souvent méconnus.

On peut avoir plus de 20 siècles et continuer de grandir. Paris en est l’illustration. Avec la création de la métropole le 1er janvier dernier, la ville a vécu une poussée de croissance comme elle n’en avait plus connu depuis Haussmann. La différence avec l’époque du baron est qu’aujourd’hui il ne s’agit plus pour elle de digérer ses voisines mais de mieux cohabiter avec elles. Il est fini le temps où chacun vivait de son côté du périph’.

Désormais, le tiers de la population active parisienne officie en banlieue alors que dans les années 1970, l’essentiel des Parisiens travaillaient dans Paris. Comme le fait remarquer Frédéric Gilli, co-fondateur de metropolitiques.eu et chercheur à Sciences Po, « la métropole est une réalité pour les habitants depuis longtemps mais il faut toujours du temps pour que les institutions mesurent l’intensité des attentes et soient en mesure de conduire les changements profonds d’organisation ».


le 6b

 

UN PARIS PEUT EN CACHER PLEIN D’AUTRES

Toutefois, le Grand Paris n’est pas qu’une question de meccano administratif. Il s’agit aussi d’un récit commun. Le problème est qu’aujourd’hui, c’est Paris qui tient la plume. Nul n’ignore les richesses culturelles et patrimoniales du cœur de la métropole. En revanche, qui connaît celles de sa corolle en dehors du château de Versailles et de Disneyland ? Les banlieusards eux-mêmes s’en remettent à Paris intra-muros pour les étonner.

Comment leur en vouloir ? L’image qu’on leur renvoie de leur territoire est misérabiliste. Il suffit de taper le mot « banlieue » dans Google images pour se retrouver plongé dans un univers de voitures en flammes et de tours décrépies. C’est pourquoi il est grand temps que l’imaginaire de Paris s’affranchisse des limites du périph’ pour faire rayonner ce qui se passe à Saint-Denis, Vitry, Issy, Fontainebleau, Massy, Enghien ou encore Versailles-hors-les-murs-du-château. Près de 800 lieux de diffusion du spectacle vivant (théâtres, salles de concert, centres culturels, MJC, médiathèques, etc.) et 130 festivals musicaux attendent qu’on parle d’eux en banlieue, où vivent, faut-il le rappeler, 9 730 186 spectateurs potentiels, soit l’équivalent de la population de l’Autriche.

 

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«LE GRAND PARIS DE LA CULTURE RESTE À INVENTER»

De quoi attirer l’attention des producteurs de spectacles estiment Franck Michaut et Chloé Sécher, représentants respectifs des réseaux culturels Rif etActes If : « La métropole du Grand Paris peut rendre la frontière du périphérique plus poreuse pour eux, notamment en ce qui concerne les producteurs étrangers, pour qui la banlieue a eu tendance à devenir un peu invisible ces dernières années. C’est particulièrement vrai pour la musique où certains ont parfois tendance à privilégier une date à Paris avant de partir en province, comme si une date parisienne pouvait permettre de couvrir les attentes d’une région de 12 millions d’habitants ! ».

Alors comme le dit Frédéric Hocquard, conseiller métropolitain de Paris, le Grand Paris de la culture « reste à inventer » et c’est pourquoi on vous propose de venir y réfléchir samedi 2 avril au 6B à Saint-Denis à l’occasion de la Nuit des débats.

LE GRAND PARI(S) DE LA CULTURE ? CONFÉRENCE-DÉBAT-SOIRÉE-CONCERT SAMEDI 2 AVRIL DE 19H À 23H AU 6B, 6/10 QUAI DE SEINE À SAINT-DENIS (93). ENTRÉE LIBRE. PROGRAMME ET INFOS PRATIQUES ICI. UN ÉVÉNEMENT ORGANISÉ DANS LE CADRE DE LA NUIT DES DÉBATS DE LA VILLE DE PARIS.