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Saint-Denis, future capitale européenne de la culture ?

Basilique Saint-Denis / © Comité du tourisme du 93
La basilique de Saint-Denis, l’un des symboles de la candidature de la ville au titre de Capitale européenne de la culture 2028 / © Comité du tourisme du 93

« Replacer la périphérie au centre et ne plus être réduits à être la banlieue de » : c’est avec ces mots que Mathieu Hanotin, maire de Saint-Denis, a officiellement lancé le 1er octobre la campagne de candidature de la ville de Seine-Saint-Denis pour décrocher le titre de Capitale européenne de la culture 2028. Un projet qui vise à réenchanter le territoire par la culture et que présente à Enlarge your Paris Juliette Bompoint, qui codirige l’association Périféeries 2028 créée pour porter la candidature.

Pour Saint-Denis, quels sont les enjeux de cette candidature pour décrocher le titre de Capitale européenne de la culture 2028 ?

Juliette Bompoint : Cette candidature, qui associe la ville, Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis, figurait dans le programme de campagne du maire qui, dès son élection, a mis en place une équipe pour construire le projet. Nous avons interrogé les acteurs du territoire et les habitants afin de connaître leurs attentes en matière culturelle pour les dix ans à venir. Le fait que la culture soit aujourd’hui très concentrée en centre-ville est très vite ressorti. L’enjeu est donc de construire un projet qui permette d’élargir l’espace culturel à tous les quartiers de Saint-Denis ainsi qu’à la jeunesse. Pour les habitants, cette candidature doit être un projet qui participe à la fierté de vivre sur ce territoire.

Selon vous, quels sont les atouts de Saint-Denis ?

Saint-Denis est souvent qualifiée de ville-monde avec plus de 150 nationalités représentées, ce qui lui confère une incroyable richesse. La Seine-Saint-Denis est par ailleurs le département le plus jeune de France et c’est, je pense, une immense force. Comparé à d’autres villes qui travaillent sur des schémas plus classiques de réhabilitation de leurs équipements culturels, nous avons opté, en associant les habitants, pour une démarche très coopérative qui permettra de faire émerger de nouveaux projets et de nouveaux lieux, et donc de transformer la ville avec et autour de la culture. 

Obtenir ce label pourrait permettre de porter un autre regard sur la Seine-Saint-Denis…

Oh que oui ! On ne voit souvent dans les médias que le pire de la Seine-Saint-Denis. L’idée est de révéler ce qui fait sa richesse. Notre vision n’est pas naïve. Nous ne nions pas les difficultés de ce territoire mais nous sommes très nombreux à être heureux d’y vivre et à vouloir mettre en lumière la solidarité de la population plutôt que de toujours s’attarder sur les trafics de drogue et les rixes entre quartiers. Il nous semble aussi important de repenser les grandes métropoles et le positionnement des communes périphériques. Avec cette candidature, nous construisons un projet propre à l’identité de la Seine-Saint-Denis, un projet qui n’est pas tourné vers Paris. Au contraire, la capitale devient un peu notre banlieue !

Comment allez-vous animer la candidature ?

Nous avons identifié ce que nous appelons des « totems », c’est-à-dire des lieux d’histoire situés en centre-ville que nous souhaitons valoriser, comme la flèche de la basilique de Saint-Denis, l’ancien siège du journal L’Humanité, construit par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, ou encore le canal Saint-Denis. À une échelle plus locale, nous encourageons chaque ville associée au projet à développer une « pépite », c’est-à-dire un tiers-lieu qui incarne la mutation urbaine et qui pourrait devenir une sorte de QG de la candidature et du projet culturel de la commune. Il s’agit par exemple des anciens laboratoires Éclair à Epinay-sur-Seine, du fort d’Aubervilliers ou encore des usines Babcock à La Courneuve. Enfin, nous développons des résidences-tests sur les thématiques de la jeunesse, du matrimoine, de la ville-monde et de l’urbain afin de faire émerger des projets artistiques participatifs à partir des besoins et des envies soulevés par les habitants, ce qui permettra de nourrir la candidature.

Qu’envisagez-vous si la candidature de Saint-Denis n’est pas retenue ?

Nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons valoriser le patrimoine vivant de manière pérenne. Nous avons notamment l’ambition de construire une encyclopédie vivante, une sorte de cartographie sensible de tous les acteurs et artistes qui vivent en Seine-Saint-Denis.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Fin 2022, nous déposerons un programme de développement culturel qui sera soumis à un jury d’experts. Début 2023, nous connaîtrons les 3 ou 4 villes françaises retenues pour passer le deuxième tour et la « finaliste » sera désignée en 2024. Elle aura alors quatre ans pour préparer sa programmation en vue de 2028. Si Saint-Denis l’emporte, ce sera vraiment un message très fort en faveur de l’attractivité culturelle des périphéries. On croise les doigts !

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