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Un écrivain nous fait voyager dans la banlieue du turfu

Les espaces d'Abraxas à Noisy-le-Grand qui ont notamment servi de décors aux films Brazil et Hunger Games / ©  Fred Romero (Creative commons - Flickr)
Les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand qui ont notamment servi de décor aux films Brazil et Hunger Games / © Fred Romero (Creative commons – Flickr)

Afin de sortir des éternels clichés sur la banlieue, l'écrivain Makan Fofana a publié en février "La Banlieue du Turfu. Du chaos naît la création", essai mi-fiction mi-prospective qui inspire un autre imaginaire de l'outre-périphérique.

Disserter sur les enseignements de Nietzsche et la personnalité de Naruto (le héros du manga éponyme) dans la même conversation : pour Makan Fofana, c’est la base. Il s’en amuse, même, au fil des 200 pages de son dernier livre, La Banlieue du Turfu. Du chaos naît la création, paru en février aux éditions Tana.  Récit métissé où Harry Potter côtoie le rappeur Booba – adepte du mot « turfu » (futur, en verlan, Ndlr) -, où Yuval Noah Harari et Socrate pérorent autour d’une chicha, La Banlieue du Turfu s’envisage comme un songe prémonitoire.

La banlieue n’y est pas un lieu périphérique à l’horizon barré par de grands ensembles bétonnés. Au contraire, Makan Fofana dépeint avec poésie un espace où l’on vit, où l’on s’évade, où l’on s’épanouit. Et le voyage s’annonce prometteur. Car c’est bien une odyssée dans un futur pas si lointain que nous propose ce Grand-Parisien aux 1.001 vies.

Originaire du Mali, ayant grandi à La Verrière dans les Yvelines, Makan Fofana a étudié l’islam en Mauritanie, la littérature sur les bancs de la Sorbonne Nouvelle et a même été mannequin. Son activité du moment ? « Ministre de la magie en charge de la banlieue du turfu ». Façon de dire qu’il planche ardemment sur ce nouvel espace des possibles. 

Remettre des paillettes dans la banlieue

Pour ce faire, exit les sempiternelles politiques de la ville pour « sauver » les quartiers, les discours sur la ghettoïsation, le dévoiement de l’islam dans les cités, le culte voué au foot et à la société de consommation. Booba peut d’ailleurs faire ses valises car les rappeurs qui entretiennent l’image de banlieues à feu et à sang, Makan Fofana n’en veut plus. « L’économie du mal-être n’a pas intérêt à ce que le récit change, bien qu’elle susurre le contraire sur tous les flows », constate-t-il, un peu amer. Il est temps de remettre des paillettes dans la vie des banlieues.

La Banlieue du Turfu est donc un manifeste pour un avenir ambitieux et coloré au-delà du périph’. Makan Fofana appelle à prendre les armes de la pensée pour donner naissance à une banlieue qui, de périphérie devient centre. Un espace créatif où l’on s’émerveille, car « l’émerveillement est une émotion qui ouvre sur le monde du vivant, du vécu ordinaire pointant vers l’extraordinaire, même dans les pires moments de l’existence ». S’émerveiller pour réinventer l’imaginaire de la banlieue parce que « raconter, c’est déjà façonner le réel ».

Infos pratiques : La Banlieue du Turfu. Du chaos naît la création, de Makan Fofana (éditions Tana). Prix : 18,50€. En vente en librairie ainsi que sur fnac.com et Amazon

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