Culture
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Avec le MAC VAL, le Centre Pompidou fait le pari du Grand Paris

Le Centre Pompidou entre en chantier pour cinq ans, mais ses œuvres, elles, continuent de vivre et de voyager. Première halte : le MAC VAL, à Vitry, seul musée d’art contemporain du Grand Paris. Une rencontre rare entre deux institutions majeures, qui confronte leurs histoires, leurs collections et leurs publics. Ce deuxième volet, publié à l’occasion de l’anniversaire du MAC VAL, raconte comment cette collaboration pourrait non seulement rebattre les cartes de la scène artistique grand-parisienne, mais aussi repousser un peu plus les frontières symboliques du périphérique.

Pendant cinq ans, le Centre Pompidou se métamorphose. Pendant cinq ans aussi, ses collections circulent à travers l’Île-de-France. Elles arrivent à Vitry, au MAC VAL, premier et seul musée d’art contemporain de banlieue parisienne. Un partenariat voulu comme une conversation entre les deux institutions, et qui pourrait redessiner une scène artistique grand-parisienne encore fracturée par le périph.

Avant ce partenariat signé le 5 novembre, quelles relations entretenaient les deux institutions ?

Nicolas Surlapierre, directeur du MAC VAL : Les liens étaient déjà multiples. Il y avait des échanges classiques de musée à musée, des prêts pour nos expositions. Mais il existe aussi des liens en termes de conception d’histoire de l’art et de contemporanéité. Le MAC VAL a été pionnier en matière de scène française. Et puis il y a une relation de familiarité, au sens de proximité. Pour le MAC VAL, le Centre Pompidou est un allié objectif et stimulant.

Xavier Rey, directeur du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou : Depuis sa création, le MAC VAL est perçu comme un acteur important dans un espace d’extrême proximité parisienne. Les liens existaient avant même ce thème de la scène française, via un angle curatorial notamment. Et, à partir du moment où le Centre Pompidou est en travaux, il était logique que le MAC VAL fasse partie du programme Constellation : un ensemble d’institutions amies qui font que, même s’il est en chantier, le Centre Pompidou ne ferme pas puisque, via ces alliés, ses collections se diffusent sur l’ensemble du territoire.

Outre des expositions avec un co-commissariat porté conjointement par les deux musées, y a-t-il d’autres volets à ce partenariat ?

Nicolas Surlapierre : Nous proposons des visites au cours desquelles le Centre met ses médiateurs et conférenciers à disposition. Nous avons été sensibles au dispositif « Plongée » initié par les conférenciers du Centre Pompidou : ce sont des visites au cours desquelles le public découvre peu d’œuvres et s’immerge vraiment dans chacune d’elles. L’idée est aussi que nos médiateurs et conférenciers dialoguent avec ceux du Centre Pompidou.

Xavier Rey : C’est toute l’idée de ce programme Constellation : créer des collaborations. Avec une même question : que pouvons-nous faire de plus pertinent avec nos partenaires, en lien avec leurs projets ?

Notre visitorat est francilien à 68 %. On souhaiterait évidemment l’élargir. Et ce partenariat avec cet axe Centre Pompidou Beaubourg / MAC VAL / Centre Pompidou Massy est un lien très précieux. Sans compter les nouveaux modes de transport avec le Grand Paris Express qui vont bientôt permettre de renforcer davantage ce maillage.

Combien d’expositions communes sont-elles prévues par an au MAC VAL ?

Nicolas Surlapierre : La convention établit un rendez-vous par an. L’idée majeure est de valoriser le cabinet d’arts graphiques du Centre Pompidou, car au MAC VAL nous sommes assez peu riches en la matière.

Pourquoi avoir choisi l’artiste Arnaud Labelle-Rojoux pour ce premier rendez-vous commun ?

Nicolas Surlapierre : Quand je suis arrivé au MAC VAL, j’ai été surpris que nous n’ayons aucune de ses œuvres dans nos collections. Ce n’est pas un reproche, c’est comme ça. Pour moi, c’est un bel exemple de la scène française mais qui, justement, dédramatise cette appellation de « scène française ». C’est un bon trait d’union entre plein de problématiques. D’autant que je m’intéresse au dessin comme pratique d’installation et de performance.

Xavier Rey : En effet, cette exposition est imaginée autour de la série Stop Making Sense (SMS) acquise en 2024 par le Groupe d’acquisition pour l’art contemporain des Amis du Centre Pompidou. Il s’agit de 365 collages encadrés à l’identique et juxtaposés bord à bord, réalisés au rythme d’un par jour, d’octobre 2021 à octobre 2022. On est face à une œuvre importante, graphique, visuelle et écrite à la fois. Et puis on a beaucoup parlé des œuvres nées durant la crise du covid. Mais là, on est face à une des rares œuvres monumentales qui raconte ce moment.

Que gagne chacune de vos institutions à ce partenariat ?

Xavier Rey : Pour nous, l’intérêt est de remplir nos missions. Quand l’État investit dans le Centre Pompidou, il n’investit pas seulement à Paris. Nous avons un devoir de diffusion culturelle, de montrer les collections. Et cela ne fonctionne que si nous avons des partenariats avec des institutions sérieuses et investies. Alors bien sûr, en 2030, le Centre Pompidou rouvrira. Mais l’idée est de poursuivre avec la même ambition, la même qualité d’échange. Et, entre le Centre Pompidou à Paris, le MAC VAL et le Centre Pompidou Massy qui ouvre en 2026, nous avons une logique francilienne qui est forte.

Nicolas Surlapierre : Notre enjeu, c’est vraiment l’attractivité. Notre visitorat est francilien à 68 %. On souhaiterait évidemment l’élargir. Et ce partenariat avec cet axe Centre Pompidou Beaubourg / MAC VAL / Centre Pompidou Massy est un lien très précieux. Sans compter les nouveaux modes de transport avec le Grand Paris Express qui vont bientôt permettre de renforcer davantage ce maillage.

Infos pratiques : exposition « Voyez-vous ça ! » au MAC VAL, place de la Libération, Vitry (94). Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h Tarifs : 5 € (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : tram T9 arrêt Mac Val. Plus d’infos sur macval.fr

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