Dimanche 19 octobre 2025, 9 h 30. Le temps qu'il faut pour boire un café. Quatre hommes ont vidé la galerie d'Apollon du Louvre de ses joyaux. Piqué : le diadème de l'impératrice Eugénie et ses 2 000 diamants, le collier en saphirs de la reine Marie-Amélie... La France se demande où diable était la sécurité. Nous, on se demande plutôt : où admirer encore les restes de nos gloires passées, entre vrais bijoux royaux et appartements princiers sublimes mais sans pierres qui roulent. Voici où les trouver.
Musée du Louvre – Galerie d’Apollon (1er)
C’est là que le scandale a éclaté. Les diamants impériaux brillaient en silence dans une galerie peu fréquentée du plus grand musée du monde, sous les plafonds hallucinants de Le Brun. Jusqu’au matin du 19 octobre. La galerie reste ouverte mais amputée. Les pièces les plus précieuses encore intactes sont désormais au fond d’un coffre de la Banque de France – mesure d’exception qui en dit long sur le traumatisme. Et on peut encore admirer des diamants historiques et parures du XVIIIe qui ont échappé aux braqueurs. Comme l’épée de Charles X, qui a été … volée en 1976, puis restituée.
Infos pratiques : musée du Louvre, rue de Rivoli (1er). Ouvert le lundi, le jeudi et le week-end de 9 h à 18 h ; le mercredi et le vendredi de 9 h à 21 h. Fermé le mardi. Tarif : 22 € (gratuit -18 ans). Accès : métro Palais Royal–Musée du Louvre (lignes 1 et 7). Plus d’infos sur louvre.fr

Château de Fontainebleau – Salle du Trône (77)
Ici, la seule salle du trône napoléonienne conservée en France dans son état historique. Le fauteuil, créé en 1804 pour le château de Saint-Cloud puis installé à Fontainebleau en 1808, trône (c’est le cas de le dire) dans l’alcôve de l’ancienne chambre du roi. Autour : les insignes du pouvoir impérial – sceptres, main de justice, épée du sacre, couronne (en copie) –, et tout le musée Napoléon-Ier avec ses objets personnels. Combinez avec les appartements impériaux pour une immersion totale dans le Premier Empire. Napoléon appelait Fontainebleau « la vraie demeure des rois, la maison des siècles ». Quand on voit ça, on sait qu’il ne plaisantait pas. Et si vous faites le voyage, surtout, perdez-vous dans le parc, sublime avec ses couleurs d’automne.
Infos pratiques : château de Fontainebleau, place du Général de Gaulle, Fontainebleau (77). Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9 h 30 à 17 h. Tarif : 14 € (gratuit -18 ans). Accès : gare de Fontainebleau–Avon (Transilien ligne R) (40 min depuis Gare de Lyon). Plus d’infos sur chateaudefontainebleau.fr

Musée de l’Armée – Invalides (7e)
Aux Invalides : l’épée de François Ier, les armures d’apparat d’Henri II – des bijoux d’orfèvrerie Renaissance à couper le souffle – et les insignes impériaux de Napoléon. Le tombeau de l’Empereur trône sous le Dôme, à deux pas. C’est le musée que les Grands Parisiens ignorent superbement, alors que le monde entier y fait la queue. Prenez la ligne 13, une fois au moins. Pour le plaisir.
Infos pratiques : musée de l’Armée – Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris (7e). Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h (nocturne mardi 21 h). Tarif : 17 € (plein tarif), 12 € (tarif réduit et détenteurs d’un passe Navigo), gratuit -18 ans. Accès : métro Latour-Maubourg (ligne 8), Invalides (lignes 8 et 13), gare d’Invalides (RER C). Plus d’infos sur musee-armee.fr
Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge (5e)
Au musée de Cluny : des châsses et reliquaires en or émaillé de Limoges (XIIIe siècle) d’une finesse incroyable, les couronnes wisigothiques du Trésor de Guarrazar (VIIe siècle). Bref, pas de cailloux qui brillent comme au Louvre, mais des techniques anciennes de joaillerie qui racontent une histoire oubliée. Cluny c’est la découverte loin des strass royaux, dans un musée enfin digne de ses collections : la scénographie refaite il y a peu, est magnifique.
Infos pratiques : Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge, 28, rue du Sommerard, Paris (5e). Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9 h 30 à 18 h 15. Tarif : 12 € (gratuit -18 ans). Accès : métro Cluny–La Sorbonne (ligne 10). Plus d’infos sur musee-moyenage.fr
Basilique cathédrale de Saint-Denis (93)
À Saint-Denis, le spectacle a deux étages. D’abord le chantier. Depuis le 17 octobre, la Fabrique de la flèche est ouverte au public de la basilique cathédrale de Saint-Denis. Des tailleurs de pierre, forgerons, charpentiers reconstruisent ce qui manquait depuis 1846 : la tour nord et sa flèche gothique. Des métiers anciens qui font revivre les savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales. Côté chantier : Cube immersif, village des artisans, caméras sur les échafaudages — c’est du patrimoine vivant.
Ensuite, la nécropole royale et ses gisants. Plus de 70 tombeaux sculptés, de Dagobert Ier à Louis XVIII via François Ier et Catherine de Médicis. Le trésor royal que conservait l’abbaye – couronnes, sceptres, mains de justice, reliquaires – a été en grande partie volé ou vendu à la Révolution. Les pièces exceptionnelles qui ont survécu sont aujourd’hui au musée du Louvre ou au Cabinet des Médailles de la BnF. Ce qu’on voit à Saint-Denis, c’est surtout l’histoire gravée dans la pierre. Et puis c’est un lieu royal. La ligne 13 aussi vous mène jusqu’à Saint-Denis, 93.
Infos pratiques : basilique cathédrale de Saint-Denis, 1, rue de la Légion d’Honneur, Saint-Denis (93). Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 18 h 15 et le dimanche de 12 h à 18 h 15). Tarif : 11 € pour la nécropole, 17 € pour la Fabrique de la flèche + la nécropole. Accès : métro Basilique de Saint-Denis (ligne 13). Plus d’infos sur saint-denis-basilique.fr
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Galerie des Carrosses – Grande Écurie de Versailles (78)
À Versailles, la Grande Écurie du château abrite un musée de carrosses royaux qui vaut le détour — malgré un premier réflexe de réserve, on peut se l’avouer. C’est sans doute pour cela que l’entrée est gratuite… À découvrir : Le carrosse du sacre de Charles X, un trône ambulant d’une richesse éblouissante, dont les insignes ont dansé au rythme des régimes. La berline de gala du mariage de Napoléon Ier, le char funèbre de Louis XVIII, les carrosses des enfants de Marie-Antoinette. Et surtout : une collection de traîneaux de cour qui relève du délire – sirène, tortue, léopard. Info pratique pour la saison : la Grande Écurie n’est pas chauffée. Prévoyez de quoi vous couvrir ! Avec un peu de chance, vous apercevrez les écuyères de Bartabas au travail, devant le musée : son Académie équestre chorégraphie des spectacles où écuyères et chevaux forment un corps de ballet époustouflant.
Infos pratiques : galerie des carrosses, Grande Écurie, 1, avenue Rockefeller, Versailles (78). Ouvert le samedi et le dimanche de 12 h 30 à 17 h 30. Entrée libre. Accès : gare de Versailles Château Rive Gauche (RER C) puis 8 min à pied. Plus d’infos sur chateauversailles.fr
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Sainte-Chapelle – île de la Cité (1er)
Saint Louis a construit la Sainte-Chapelle entre 1242 et 1248 pour abriter la couronne d’épines du Christ — une relique qu’il avait payée l’équivalent du PIB annuel du royaume. L’architecture flamboyante de la chapelle haute, un bijou de l’art gothique, dit tout de sa démesure. La couronne elle-même ? Envolée à la Révolution, conservée à Notre-Dame depuis 1806. Mais les vitraux racontent encore son arrivée triomphale à Paris. Le trésor déplacé : pour voir la relique elle-même, rendez-vous à Notre-Dame de Paris où elle est exposée le premier vendredi de chaque mois entre 15 h et 17 h.
Infos pratiques : Sainte-Chapelle, 10, boulevard du Palais, Paris (1er). Ouvert tous les jours de 9 h à 17 h. Tarif : 13 € (gratuit -18 ans). Accès : métro Cité ou Saint-Michel (ligne 4), gare de Saint-Michel Notre-Dame (RER B et C). Plus d’infos sur sainte-chapelle.fr
Des appartements royaux (mais sans joyaux)
Dans le Grand Paris, on regorge de châteaux connus dans le monde entier, mais ils n’ont pas de bijoux. Versailles ? Entièrement vidé à la Révolution. Ce que vous voyez est une reconstitution du XIXe siècle. Malmaison ? Mobilier Empire sublime, mais les bijoux de Joséphine ont disparu. Vincennes offre une forteresse médiévale imposante, pas des trésors. Rambouillet, c’est la Laiterie de Marie-Antoinette et sa chaumière aux coquillages — du raffinement, pas du faste. Saint-Germain-en-Laye a 30 000 objets archéologiques (dont le cône d’or d’Avanton), mais ce sont des reliques préhistoriques, pas des regalia royaux. L’essentiel : les vrais trésors, ils sont (encore) au Louvre, à Fontainebleau, Cluny… ou alors ils ont été fondus pendant la Révolution.
28 octobre 2025 - Fontainebleau
 
                     
                     
                     
                     
                     
                     
                
                     
                
                    