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Le Havre par les hauteurs, de la campagne normande à un patrimoine mondial

La Seine de l’Estuaire

C'est en abordant Le Havre par les hauteurs, en marchant le long de l'estuaire avant de basculer vers la mer, qu'on comprend sa géographie, son histoire et sa beauté brute. Longtemps réputée moche, la ville a trouvé une nouvelle gloire avec son classement au patrimoine mondial de l'Unesco en 2005. Aujourd'hui, elle brille comme une cité audacieuse où la culture lui redonne vie et fantaisie. Cette randonnée de 23 kilomètres vous fait découvrir Le Havre par ses paysages cachés.

« De la Métropole du Grand Paris à la mer au fil de la Seine », c’est une série de microaventures à vivre de gare à gare pour découvrir le fleuve autrement depuis les voies sur berges à Paris jusqu’aux plages du Havre en partenariat avec l’Entente Axe Seine et la Métropole du Grand Paris 

Parce qu’en arrivant à pied par les hauteurs de l’estuaire, on comprend quelque chose que les autoroutes ne montrent jamais : la beauté qui se mérite, la lumière qui change tout, la fierté retrouvée d’une ville reconstruite. C’est l’idée de cette série de microaventures « De la Métropole du Grand Paris à la mer au fil de la Seine », en partenariat avec l’Entente Axe Seine et la Métropole du Grand Paris.

Depuis la petite gare de Saint-Laurent–Gainneville, ce parcours de 23 kilomètres vous emmène découvrir Le Havre par où personne ne passe : les hauteurs du plateau, les panoramas sur l’estuaire, ces paysages sublimes et méconnus qui racontent une autre histoire de la ville.

Car l’estuaire de la Seine, c’est le grand oublié du Havre. On connaît la plage, le port, l’architecture en béton d’Auguste Perret. Mais ces paysages de l’embouchure, où le fleuve se dissout dans la Manche, où les lumières changent à chaque heure, où industries et espaces sauvages se côtoient, on en parle trop peu. C’est le pendant normand de l’Estaque marseillais : une géographie spectaculaire, des ciels immenses, une atmosphère entre brume et lumière rasante. Monet, Boudin et Jongkind sont venus ici capturer cette rencontre unique entre eau douce et eau salée.

C’est en abordant Le Havre par les hauteurs, en longeant l’estuaire avant de basculer vers la mer, qu’on comprend  donc sa géographie, son histoire et sa beauté brute. Longtemps réputée moche, la ville a trouvé une nouvelle gloire avec son classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 2005. Elle brille désormais comme une cité audacieuse, où la culture lui redonne vie, glamour et fantaisie.

Un parcours en quatre temps

Sortir de la gare, flâner à la campagne 

Tout commence dans la campagne cauchoise, loin de tout. Saint-Laurent-de-Brèvedent (Seine-Maritime), c’est trois maisons, une église et des champs à perte de vue. Devant la gare, quelques petites maisons d’inspiration balnéaire (un mini-Deauville campagnard avec ses codes architecturaux du bord de mer). On attrape un sentier, on marche sous les arbres. Les premiers kilomètres filent entre les haies bocagères, les vallons, quelques fermes normandes. Puis, progressivement, l’horizon s’ouvre. On commence à deviner la Seine au loin, l’ambiance devient presque marine. 

Grimper sur le plateau, dominer l’estuaire 

C’est là que tout bascule, au détour d’un chemin forestier. Tout à coup, on découvre Le Havre vu d’en haut : une ville insérée entre la Seine, la Manche et les fameuses falaises de craie. D’un côté, les méandres industriels du fleuve, les grues du port, les silos à grain. De l’autre, la mer qui change de couleur selon l’heure et la lumière. Ces hauteurs offrent un point de vue rare, presque secret, sur une ville qu’on croit connaître mais qu’on n’a jamais vue sous cet angle. On a encore les pieds dans la terre normande, mais déjà l’œil sur l’horizon maritime.

Traverser la mémoire : le plateau des provisoires 

En longeant le plateau, on traverse sans le savoir l’une des cicatrices les plus profondes de la ville. En 1944, alors que les Allemands négociaient leur reddition, l’armée britannique envoya ses bombardiers détruire la ville fortifiée. Ce fut l’hécatombe : destruction quasi-totale de la vieille cité médiévale, plus de 5 000 morts, 80 000 personnes à reloger dans l’urgence. Des camps de baraquements « provisoires » ont été montés sur ces hauteurs, notamment sur le plateau de Gonfreville-l’Orcher. Certains ont duré près de quarante ans, jusqu’aux années 1980. Et il faut l’imaginer car il n’en reste rien qu’un centre commercial et une zone d’activité. Pour aller vite dans la reconstruction, pour reloger ces dizaines de milliers d’habitants, on confia les clés de la ville en ruines à l’architecte Auguste Perret. Longtemps, ce fut la honte : ce béton était perçu comme une cicatrice. Puis, en juillet 2005, cette architecture moderne reçut le label Unesco. Tout à coup, la honte se muait en fierté. Le Havre n’est pas une ville nostalgique. Elle regarde devant, toujours.

Descendre vers la mer, enfin 

Au gré des montées et descentes, le paysage se métamorphose : quartiers populaires aux airs de faubourgs, grandes barres de logement, une ancienne abbaye normande devenue centre d’art contemporain (où faire une belle pause à l’ombre des cyprès), un cimetière paysager avec vue sur l’estuaire, des escaliers qui serpentent partout. La fin du parcours file vers le front de mer. On quitte le plateau, on rejoint les grands axes, les façades Perret avec leurs modénatures, leur rythme, leur élégance brutale. Et puis la digue, la plage de galets, l’immensité de la Manche. Face à la mer, Le Havre montre son vrai visage : une ville portuaire, industrielle, balnéaire, qui n’a jamais choisi entre ces identités. Elle les porte toutes à la fois.

Infos pratiques : parcours de 23 kilomètres depuis la gare de Saint-Laurent–Gainneville (TER) jusqu’à la gare du Havre (TER). L’itinéraire est téléchargeable ici

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L’estuaire depuis le Plateau, Le Havre. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris
Le Volcan, Scène nationale du Havre. Vianney Delourme pour Enlarge your Paris