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Un mini-guide pour se perdre dans le 20e (sans passer par le Père-Lachaise)

Le parc de Belleville et sa vue sur le Grand Paris est un lieu coup de coeur du média hyperlocal Mon Petit 20e / © Chabe01 (Wikimedia commons)
Le parc de Belleville et sa vue sur le Grand Paris, l’un des lieux préférés du média hyperlocal Mon Petit 20e / © Chabe01 (Wikimedia commons)

Avec ses 200 000 habitants, le 20e est le deuxième arrondissement le plus peuplé de Paris (après le 15e). Une ville dans la ville, comparable à Reims ou Saint-Étienne. Si les touristes s’y rendent surtout pour arpenter le cimetière du Père-Lachaise (3 millions de visiteurs par an), ses quartiers, autrefois composés des villages de Belleville, Ménilmontant et Charonne, ont bien plus à offrir. Ils sont populaires, multiculturels et, par endroits, en pleine gentrification. La journaliste Pauline Pellissier les raconte à travers le média local « Mon Petit 20e ». Pour Enlarge your Paris, elle en a tiré un mini-guide pour mieux s'y perdre.

10 h –  Prendre un café au belvédère de Belleville

Démarrer la journée en ayant Paris à ses pieds. Beaucoup moins touristique que Montmartre (18e), la vue depuis le haut du parc de Belleville est tout aussi « waouh » : tour Eiffel droit devant, mais aussi Montparnasse ou les Invalides. Au niveau du belvédère Willy-Ronis (photographe qui a immortalisé le quartier dans les années 50-60), deux cafés-restos se sont installés : Les Bols d’Antoine (dès 9 h) et Moncoeur Belleville (dès 10 h). 

Infos pratiques : parc de Belleville, 47, rue des Couronnes, Paris (20e). Ouvert tous les jours. Accès : métro Ménilmontant (ligne 2). Plus d’infos sur paris.fr

11 h – Visiter l’atelier de Dugudus, affichiste engagé

« Graphisme d’intérêt général ». C’est par ces mots que Dugudus se présente sur Instagram. Le savoir-faire de cette personnalité militante du quartier : la création d’affiches engagées, qu’il imprime en sérigraphie dans son atelier-galerie de Belleville. On y voit notamment Cosette tenant des ballons « Tax the rich », un ours polaire flottant dans une bouée ou un biberon-bouteille de Coca orné d’un « Enjoy Capitalism ». Des affiches à admirer et à acheter sur place. Le bon plan : les cartes à 1 € qui donnent envie d’envoyer des vœux.

Infos pratiques : Atelier Dugudus, 43, rue de la Mare, Paris (20e). Ouvert tous les jours de 11 h à 19 h. Pour être sûr qu’il soit là, envoyez-lui un message sur Instagram. Accès : métro Pyrénées (ligne 11). Plus d’infos sur serigraphie.dugudus.fr

12 h – Faire le plein de street art à Belleville 

Le 20e arrondissement n’a presque pas de musées, mais compense avec le street art, particulièrement dans le quartier de Belleville, où résident de nombreux artistes (plus de 250 d’entre eux sont d’ailleurs regroupés depuis 1959 dans l’association des ateliers d’artistes de Belleville). Cela se ressent sur les murs où s’affichent des œuvres vouées à être éphémères (même si ici, elles durent plus longtemps qu’ailleurs car elles sont appréciées des riverains). Parmi les voies à parcourir : rue des Cascades, rue de la Mare, rue de Savies, rue du Retrait… sans oublier l’incontournable rue Dénoyez, une galerie d’art à ciel ouvert. Face à tant de créativité, la municipalité s’est inclinée, laissant les murs aux artistes.

Street art dans les rues du 20e arrondissement / © Mon Petit 20e
Street art dans les rues du 20e arrondissement / © Mon Petit 20e

13 h – Déjeuner chez Véro

Ce bistrot de poche, rempli d’habitués, vous plonge dans un décor à l’ancienne : lambris aux murs, chaises bistrot, carrelage mosaïque d’antan et toilettes à la turque dans l’arrière-cour, une rareté aujourd’hui à Paris. Aux fourneaux, Véro puise son inspiration dans les cuisines française, italienne et géorgienne. De vrais plats familiaux : risotto aux cèpes, poitrine de porc fermier, tarte aux figues… Un bon plan pour le déjeuner (formule entrée/plat ou plat/dessert à 17 €). Le samedi midi, un brunch moyen-oriental (25 €) est préparé par Marwa, la serveuse des lieux, originaire d’Irak.

Infos pratiques : Chez Véro, 33, rue Ramponeau, Paris (20e). Ouvert du mardi au vendredi midi et soir et le samedi midi. Menu déjeuner entrée/plat/dessert à 20 €. Tél. : 09 82 32 68 07. Accès : métro Belleville (lignes 2 et 11). Plus d’infos sur chezverobelleville.fr

15 h – S’offrir une dose d’humour chez le Tampographe Sardon

Ancien dessinateur de presse et de BD, Vincent Sardon tient depuis 2015 une boutique unique en son genre, dans le quartier du Père-Lachaise : Le Tampographe Sardon. Il y conçoit, fabrique et vend des tampons en caoutchouc. Parmi ses créations, également disponibles en ligne, on trouve aussi bien « degaulledorak » que « bien fait pour ta gueule » ou encore « ministère des vieilles qui ont peur des Arabes ».

Infos pratiques : Le Tampographe Sardon. 4, rue du Repos. Ouvert le samedi de 11 h à 19 h (et tous les jours du 16 au 24 décembre). Entre 15 et 20 € le tampon. Accès : métro Gambetta (lignes 3 et 3 bis). Plus d’infos sur tampographe.com

16 h – Rêver d’une maison dans la Campagne à Paris

Construit au début du XXe siècle pour loger des familles modestes ouvrières, le microquartier pavillonnaire « la Campagne à Paris » est devenu l’un des plus cotés de l’arrondissement. Et pour cause, il est constitué de presque une centaine de maisons mitoyennes – dont de magnifiques meulières (aux façades rocailleuses) disposant de terrasses et de petits jardins. Ce qui lui donne un aspect village vraiment insolite à deux pas de la très dense porte de Bagnolet. Aujourd’hui, les maisons atteignent facilement le million d’euros… et un ancien président de la République (qui ne s’est pas représenté en 2017 et qui vit avec l’actrice et réalisatrice Julie Gayet) y a élu domicile.

Infos pratiques : La Campagne à Paris, rues Irénée Blanc, Jules Wilfried et Paul Strauss, Paris (20e). Accès : Porte de Bagnolet (métro ligne 3, tram T3b).

Le quartier "La Campagne à Paris" dans le 20e / © Mon Petit 20e
Le quartier « La Campagne à Paris » dans le 20e / © Mon Petit 20e

16 h 30 – Faire halte au jardin naturel Pierre-Emmanuel

Accolé au cimetière du Père-Lachaise, ce lieu préservé se distingue des autres parcs parisiens par son absence d’arrosage et de tonte (sa prairie n’est fauchée que deux ou trois fois par an). Résultat : il est très touffu, ombragé et sauvage. On vous le recommande les jours de canicule ! Les différents espaces (sur 6 300 m2) ont été pensés pour reconstituer les milieux naturels d’Île-de-France : une mare (remplie de têtards ou de grenouilles selon la période), une prairie, un sous-bois, et plus loin des jeux pour enfants et un petit terrain multisports.

Infos pratiques : jardin naturel Pierre-Emmanuel, 120, rue de la Réunion, Paris (20e). Ouvert tous les jours (horaires variables selon les saisons). Accès : métro Alexandre Dumas (ligne 2). Plus d’infos sur paris.fr

17 h – Se choisir une sculpture à l’Espace Monte-Cristo

Installé dans d’anciens entrepôts du quartier de la Réunion, ce lieu culturel appartenant à la Fondation Villa Datris met la sculpture contemporaine à l’honneur. Après avoir abordé des thèmes tels que le recyclage ou les animaux, l’expo du moment, « Toucher terre », revient aux origines de la matière. On aime cet endroit intimiste, joliment rénové avec des puits de lumière et deux patios, et gratuit. S’ajoute à cela une riche programmation avec des ateliers créatifs, des visites nocturnes à la lampe torche ou encore des fouilles archéologiques pour les enfants.

Infos pratiques : Espace Monte-Cristo, 9, rue Monte-Cristo, Paris (20e). Ouvert du mercredi au dimanche de 11 h à 18 h 30. Entrée gratuite. Accès : métro Alexandre Dumas (ligne 2). Plus d’infos sur fondationvilladatris.fr

19 h – Prendre l’apéro place de la Réunion

La place de la Réunion ressemble à une place de village dans ce quartier élu en 2020 parmi les 10 meilleurs quartiers d’Europe par le quotidien britannique The Guardian. Une récompense qui n’est pas du goût de certains habitants historiques, qui craignent une gentrification. D’autant plus qu’on est ici dans un quartier politisé et militant : au printemps 1990, la place fut occupée pendant 4 mois pour dénoncer le mal-logement. Le jeudi et le dimanche matin s’y tient le marché. Plusieurs cafés y installent leur terrasse autour de la fontaine centrale. Notre chouchou : le chaleureux Café sans nom.

Infos pratiques : Café sans nom, 57-59, rue de la Réunion, Paris (20e). Ouvert tous les jours de 7 h 30 à 1 h 30. Accès : métro Alexandre Dumas (ligne 2).

La place de la Réunion dans le 20e / © Mon Petit 20e
La place de la Réunion dans le 20e / © Mon Petit 20e

21 h – Goûter aux meilleures croquetas de Paris

Pour les amateurs de croquetas à l’espagnole, Galerna est tout simplement incontournable. Originaire du Pays basque, le chef Iñigo Ruiz Rituerto a fait ses gammes dans plusieurs restos étoilés parisiens avant d’ouvrir le sien, lui donnant le nom d’un vent du nord qui souffle sur la côte basque. Au menu : cuisine terre-mer, service souriant, ambiance tamisée et cuisine vitrée où l’on voit la brigade s’activer. Le soir, on pioche dans la carte de tapas (11-15 € en moyenne l’assiette, ça grimpe assez vite) ; le midi, c’est plus économique avec des formules à 20 et 24 €.

Infos pratiques : Galerna, 7, rue du Cher, Paris (20e). Ouvert du lundi au vendredi, midi et soir. Formule du midi entrée/plat/dessert à 24 €. Tél. : 09 81 29 27 12 (réservation fortement recommandée). Accès : métro Gambetta (lignes 3 et 3 bis). Plus d’infos sur galerna.fr

ou

Prendre la destination de Téhéran

Si les buffets à volonté ne sont pas notre tasse de thé habituellement – une formule souvent reprise par des adresses bas de gamme –, là on a vraiment apprécié. Tout est fait maison, si bien qu’on est tenté de tout goûter… De quoi enchaîner les assiettes dégustation de l’entrée au dessert ! Parmi nos recettes préférées (on est à mi-chemin géographiquement entre les cuisines libanaise, turque et indienne) : le caviar d’aubergine, la salade de pommes de terre, les haricots blancs fondants en bouche comme de la purée, le poulet à la grenade (Fessendjan, si vous aimez le sucré-salé) accompagné de riz au safran ou aux herbes, avant de finir avec une crème de riz, eau de rose, cardamome (Ferni). Les habitants du quartier ne s’y trompent pas et défilent au déjeuner pour prendre des barquettes à emporter.

Infos pratiques : À Table, 92, rue de la Réunion, Paris (20e). Ouvert du mardi au samedi midi et soir, le dimanche brunch à volonté de 11 h à 15 h. Buffet à volonté à 15,80 € le midi, 22,80 € le soir, brunch à 25 €. Tél. : 09 53 10 14 06. Accès : métro Alexandre Dumas (ligne 2). Plus d’infos sur a-tableparis.fr

ou bien encore

S’engouffrer dans une cave voûtée

C’est le genre de pépites qu’on voudrait garder pour soi… mais les 5 étoiles sur Google attirent déjà du monde, alors résa obligatoire ! Bienvenue chez Maison One More, sympathique resto façon cave voûtée ouvert en 2021 à quelques mètres du belvédère du parc de Belleville. Au départ, il y a One More Joke, une société de production de stand-up Puis il y a eu un bar, rue de la Folie-Méricourt dans le 11e, l’équipe a un peu grandi (vieilli ?) et le bar a laissé place à un resto, installé sur les hauteurs de Belleville. Ambiance décontractée, cuisine maison proposant des assiettes à partager copieuses, pas chères (8 à 12 €) et originales : tempura de lieu noir à la crème de chou-fleur massala, tataki de bœuf limousine avec yaourt à l’ail noir et chimichuri, brie de Meaux farci mascarpone/champignons/truffe… Le petit plus : la grande table carrée (14 couverts) ; dans une salle à l’écart, idéale pour un dîner entre potes.

Infos pratiques : Maison One More, 50, rue Piat, Paris (20e). Ouvert du mardi au samedi de 19 h à minuit. Tél. : 09 83 75 91 64. Accès : métro Pyrénées (ligne 11). Plus d’infos sur maison-onemore.com

La fameuse table carrée de One More / © One More
La fameuse table carrée de la Maison One More / © Maison One More

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