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Le terroir à portée de Navigo : les bons plans ultra-locaux de la rédac’

Saumons Safa. DR

Pas besoin de quitter l’Île-de-France ni de multiplier les kilomètres pour bien manger. La rédaction a sélectionné des producteurs, artisans et marchés du Grand Paris accessibles en transports en commun, pour dénicher le meilleur du terroir local. Des adresses testées, sérieuses et faciles d’accès, où le savoir-faire compte autant que la provenance, et où le passe Navigo suffit à remplir son panier.

Le saumon dont la réputation n’est plus à faire

Depuis 1926, à la SAFA, on fume… le saumon. En plus, on le vend. Même si la fumerie s’est délocalisée, la boutique, elle, est toujours bien en place pour le plaisir des locaux qui font des razzias de poissons lors des fêtes. Sur place, l’équipe propose un salage à la main avec fumage traditionnel sur des poissons triés sur le volet (dont un saumon irlandais bio à tomber). En bouche, la différence se fait tout de suite sentir : toute la dimension fumée se révèle ; visuellement, on est très loin du saumon rose fluo graisseux, véritable cauchemar du nouvel an. Et si le courageux poisson remonteur de rivière n’est pas votre meilleur ami, cela vaut quand même le coup de se déplacer pour le tarama au corail d’oursin, le tartare d’algues ou les harengs marinés, avec une dédicace spéciale à ceux à la moutarde. Voire, pour les foufous, de faire connaissance avec l’anguille fumée ou la poutargue. Si les Parisiens condescendent à franchir le périph pour la SAFA et à y faire la queue, c’est que le jeu en vaut la chandelle…

Infos pratiques : SAFA, 130, rue de Rosny, Montreuil (93). Ouvert le lundi de 12 h à 18 h, du mardi au vendredi de 9 h à 18 h, le samedi de 9 h à 12 h. Ouverture de Noël le samedi 20 décembre de 9 h à 17 h et le dimanche 21 décembre de 9 h à 12 h. Tarifs : saumon sauvage de la Baltique, environ 115 €/kg ; maquereau, 33,25 €/kg ; caviar, entre 60 € et 73,50 € la boîte de 30 g ; tarama maison, 6,95 € les 150 g. Tél. : 01 42 87 20 20. Accès : métro Mairie de Montreuil (ligne 9) puis bus 102, 121 ou 202 arrêt Danton. Plus d’infos sur montreuilsaumon.fr

Les fruits et légumes des Yvelines

Sur le marché du cours de Vincennes (12e), un vendeur alpague les passants à coups de blagues, de compliments séducteurs et d’arguments marketing sur la qualité de ses produits. Tous les mercredis et samedis, Waly et Julien alignent les kilos de champignons récoltés la veille à Crespières (Yvelines) et les kilos de mirabelles bradées. Des produits de saison, cultivés à moins de 50 kilomètres de Paris et à un prix défiant toute concurrence. Présente sur les marchés depuis près de 80 ans, la famille de Matthieu Levasseur a longtemps cultivé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), puis s’est installée à Crespières (Yvelines) à la suite d’une expropriation. Depuis, le jeune homme a repris l’entreprise familiale et continue de régaler toute l’Île-de-France, chargeant ses adorables vendeurs de répandre non pas la bonne parole, mais les bons fruits, légumes et jus de pomme.

Infos pratiques : maison Levasseur, présente à Rueil-Malmaison (92) le mardi et le samedi de 7 h 30 à 13 h 30 ; au marché Saint-Charles (15e) le mardi et le vendredi de 7 h 30 à 13 h 30 ; à Vanves (92) le samedi de 8 h à 13 h ; au Plessis-Robinson (92) le mardi, vendredi et dimanche de 7 h 30 à 13 h 30 ; à Maisons-Laffitte (78) le mercredi et samedi de 8 h à 13 h et cours de Vincennes (12e) le mercredi et le samedi de 7 h 30 à 14 h 30. Plus d’infos sur levasseurproducteur.fr

Les fromages de stars

Ancien boxeur reconverti dans le fromage, Nader Baraia a grandi à Vigneux-sur-Seine avant de fonder O’Bon Fromage, camion boutique qui sillonne les marchés de l’Essonne et du Val-de-Marne. Chez lui, à Saint-Michel-sur-Orge, il affine ses propres créations dans sa cave – dont le fameux « Nadou », son surnom d’enfance devenu tomme. Passionné, gouailleur, ce crémier fromager nous livre ses pépites franciliennes, du brie de Melun « presque à servir au ramequin » au pavé de Paris façon titi parisien. Sur place, les amateurs pourront aussi y trouver un brie truffé à la truffe italienne ou encore un gaperon d’Auvergne, un fromage à base de lait de vache, d’ail et de poivre. Une entreprise familiale qui a tout bon, et même très bon.

Infos pratiques : Avec son camion-boutique O’Bon Fromage, Nader Beraia se déplace à Ballainvilliers, Morangis, Saint-Michel-sur-Orge, Athis-Mons, Villiers-sur-Orge, Wissous et Alfortville. Ses jours et horaires de présence sont à retrouver sur son site obonfromage.com

Le brie de Melun. DR

Du poulet en direct depuis le Périgord noir

S’ils sont présents dans votre marché, vous le savez sûrement déjà. En entrant n’importe où, impossible de louper cette troupe de garçons clamant les qualités de leurs poulets fermiers. Depuis plus de 30 ans, les volailles élevées au plein air de la Dordogne sont acheminées chaque semaine dans une quinzaine de marchés d’Île-de-France, avec de stands saturés de recettes. Saucisses de volaille, demi-poulet et grosse rôtisserie… La volaille se cuisine ici à toutes les sauces, avec même une recette de rôti de chapon farci, spécialement concoctée pour les fêtes. À agrémenter d’un paquet de pomme de terre fumées et cuites minute, et l’affaire est dans le sac (en kraft, et rempli de sauce). Pour les enfants difficiles, c’est aussi la solution idéale qui évitera les crises à Noël, puisque la ferme cuisine aussi de délicieux nuggets frits aux corn-flakes qui sont tout simplement à tomber par terre. Attention à ce que les adultes ne volent pas le sac et boudent la pièce maîtresse du repas de fêtes…

Infos pratiques : présents dans plusieurs marchés parisiens ainsi qu’à ceux de Nogent-sur-Marne (77) et Sucy-en-Brie (77). Plus d’infos sur Instagram et sur lafermeduperigordnoir.fr

Les Fermes de Gally pour faire le plein de victuailles

On ne les présente plus. Les Fermes de Gally, à Saint-Cyr-l’École, Sartrouville, Feucherolles (78) et Saint-Denis (93) sont engagées depuis de longues années dans une démarche d’agriculture responsable. En attendant la réouverture de la cueillette prévue au printemps, on peut y faire ses courses à l’abri dans des épiceries gorgées de produits du terroir et s’attabler dans des cafés-restos qui rappelleront la déco du Central Perk aux nostalgiques de Friends. Pour les fêtes, il n’y a pas mieux pour y faire ses courses en farines complètes, œufs frais, biscuits et confitures, ou s’offrir du saumon fumé et des apéritifs décadents. Enfin, pour les enfants, c’est l’occasion de participer à l’un des nombreux ateliers proposés lors des vacances, ou de profiter des différentes décos des lieux, dont certains se transforment même en comptoir à chocolat chaud.

Infos pratiques : Les Fermes de Gally, route de Bailly à Saint-Cyr-l’École (78) / 33, rue de Chatou à Sartrouville (78) / 20, rue des Petits Prés à Feucherolles (78) / 114, avenue de Stalingrad à Saint-Denis (93). Pour plus d’infos sur les activités proposées par chacun des sites, rendez-vous sur lesfermedegally.com

Les huîtres du 9-3

S’offrir une virée à Oléron en un coup de Navigo, c’est possible. Depuis plus d’un siècle, la famille Lagarre cultive ses huîtres dans le bassin de Marennes-Oléron, berceau de l’ostréiculture, où les Romains importaient déjà l’huître plate. Avec le temps, le petit cabanon de pêcheurs est devenu une véritable entreprise qui déploie ses bonbons de mer dans tout le nord et l’est de l’Île-de-France, et propose des huîtres fines, très rafraîchissantes, ainsi que des « spéciales Lagarre », un type d’huîtres spécialement sélectionnées pour leur chair très tendre et leur arrière-goût de noisette qui se marie délicieusement bien avec un repas de fêtes et un bon verre de blanc. On n’a pas encore trouvé mieux comme miracle de Noël que de téléporter la Charente en Île-de-France.

Infos pratiques : producteur-revendeur Lagarre au Raincy (93), à Villiers-sur-Marne (94), aux Pavillons-sous-Bois (93), à Livry-Gargan (93), au Plessis-Trévise (94) et à Joinville-le-Pont (94). Plus d’infos sur huitres-lagarre.com

La bûche gastro au prix bistrot

Pâtissier à Sèvres, Cyril Huet a remporté le concours de la « meilleure pâtisserie du Grand Paris » en 2023 grâce notamment à sa tarte au citron non meringuée. Bien dissimulée sous des arcades sans grand intérêt architectural dans une rue du centre de Sèvres (Hauts-de-Seine), la pâtisserie regorge pourtant de surprises : oubliez les tartes au citron écœurantes coiffées d’un dôme mousseux insipide. Avec sa pâte sablée bien croquante surmontée d’une généreuse crème d’amandes, d’un crémeux citron/citron vert, d’un biscuit à l’amande et d’un insert au coulis de citron vert, Cyril Huet se donne du mal pour nous faire du bien. Pour les fêtes, ce professionnel de l’agrume décline son dessert phare en une bûche « nuage citron », avec une mousse au citron et thé Earl Grey, un insert citron jaune/citron vert, et un gel à la bergamote et aux citrons confits. Les gourmands pourront aussi craquer pour les créations glacées, les bûches au chocolat, au caramel ou à la mangue, ou encore piocher parmi les pâtisseries du chef. À chacun sa part du gâteau.

Infos pratiques : Pâtisserie Cyril Huet, 9, rue de Ville-d’Avray, Sèvres (92). Ouvert du mercredi au samedi de 6 h 45 à 20 h, le dimanche de 6 h 45 à 19 h 30. Tarifs : bûche pour 6 personnes à 45 €, la tarte au citron individuelle : 6 €, l’éclair au chocolat : 5 €. Accès : gare de Sèvres – Ville d’Avray (lignes L et U). Plus d’infos sur cyrilhuetpatisserie.com

Charlie et la chocolaterie Chapon

Créée en 1986, la chocolaterie Chapon fut l’une des premières à torréfier ses fèves sur le territoire, avant de les transformer en délicieux bonbon chocolaté. L’atelier de torréfaction se situe aujourd’hui encore à Chelles, et comporte comme tous les autres espaces une boutique où retrouver des tablettes, des confiseries en ballotins, et surtout un bar à mousses au chocolat avec différentes intensités et fèves. L’endroit idéal pour faire ses courses en pralinés et orangettes à glisser sous le sapin ou à partager avec les convives lors d’une tisane post-bûche/coma digestif. Et pour ne pas trop nous fâcher avec nos copains parisiens, il est aussi possible d’aller faire ses emplettes dans l’une des antennes de Chapon dans la capitale, ou d’aller dénicher du chocolat d’orfèv(r)e parmi notre sélection d’artisans à retrouver ici ou ici.

Infos pratiques : chocolaterie Chapon, 31 bis, avenue de la Résistance, Chelles (93). Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h, le dimanche jusqu’à 18 h. Accès : gare de Chelles – Gournay (RER E ou ligne P) puis 7 min à pied. Plus d’infos et tarifs sur chapon.com

Le seul champagne officiel de la région

Pour les fêtes, pourquoi ne pas consommer le seul champagne élaboré en dehors de la Champagne ? À 20 minutes de la gare, en coupant par les champs via le chemin Vert (situé juste à droite de la gare), on tombe sur le domaine de Bombart qui a poussé le bouchon un peu plus loin que les autres vignerons en consacrant une partie de sa récolte à mettre en bouteille sa propre cuvée. Pour s’y rendre, il suffit de réserver un créneau par téléphone et de faire son choix parmi les recettes traditionnelles, les nouvelles cuvées millésimées et le 100 % pinot meunier, cépage au goût fruité. Comble du chic, il est même possible d’impressionner ses convives en faisant graver sa bouteille un peu à l’avance (ou sur place), ou bien ouvrir au dessert une bouteille de « Ratafia », apéritif élaboré à base de jus de raisin non fermenté et d’eau-de-vie de Champagne. On ne s’est pas si ça gaze, mais au moins, ça bulle !

Infos pratiques : Champagne Hervé Bombart, route de Citry, lieu-dit « La Petite Couture », Saâcy-sur-Marne (77). Bouteilles à partir de 22 €. Tél. : 01 60 23 53 12 ou 06 31 87 04 97. Plus d’infos sur champagnebombart.fr 

Le meilleur vin est en Île-de-France

À Chelles, Pierric Petit cultive sept hectares de vignes bios. Son domaine, les Coteaux du Montguichet, vient d’être salué par la Revue des vins de France qui, dans son édition 2025, reconnaît les qualités de son rouge et de son blanc. Très impliqué dans le concept de philosophie des territoires, le vigneron réussit l’exploit de produire des vins locaux et bios à des prix corrects (entre 16 et 22 €), accessibles à tous. En plus de ventes aux particuliers et aux cavistes indépendants, le vigneron organise des événements mensuels, « le rendez-vous du samedi », où il est possible de visiter le domaine, d’acheter sur place, de déguster des planches de fromage et charcuterie de 11 h à 19 h, le tout accompagné d’une exposition, d’un concert ou d’une conférence. Pour aller voir d’autres vignerons de la région, on vous conseille aussi de passer une tête chez Agathe Maury près de Coulommiers, qui gère le domaine du Chasne, vers le domaine Bois Brillant, qui était à l’origine une toute petite parcelle et qui est aujourd’hui un acteur important du 77, ainsi que chez le Pif à Papa, qui possède une parcelle de vigne dans le 95 et élève son vin à Courbevoie (92). Tout est bon dans la fermentation !

Infos pratiques : domaine des Coteaux du Montguichet à Chelles (77). Plus d’infos sur le profil Facebook de Pierric Petit

Les Coteaux du Montguichet. DR