
Si vous aimez les ambiances de bistrot "nappes à carreaux et plats tradi faits maison", alors Tonton à Sèvres coche toutes les cases. Ce que nous raconte Albertine Palle, élevée à son corps défendant dans le culte du riz complet sans sel et du poulet maigre.
Après avoir admiré tant de porcelaine à la Cité de la céramique de Sèvres (Hauts-de-Seine), on a envie de quelque chose DANS son assiette. Ça tombe bien, Tonton est littéralement en face du musée. Et puis ses nappes à carreaux rouges et blancs laissent présager quelque nourriture roborative et savoureuse. 12 h 30, il est encore tôt ; le restaurant se remplira vite mais pour le moment tout va bien, il y a quelques tables disponibles (à ce stade je n’ai pas encore découvert la seconde salle ni la terrasse qui ouvrira à la belle saison).
L’endroit est clair et chaleureux, avec un plancher aux larges lattes, des poutres apparentes et des bardeaux de bois blond. Il s’en dégage un fumet de… canard confit, j’en mettrais mon nez à couper. Je meurs de faim et jette donc mes yeux sur la carte. Tonton fonctionne au semainier, et, en ce lundi, mon nez ne m’a pas trompée. Le plat du jour est un confit de canard aux pommes persillées. « Cuisine de notre enfance », dit la carte. Personnellement, j’ai plutôt été élevée au riz complet sans sel et au poulet maigre. Idéal pour les artères mais austère. Mes parents New Age vont se retourner dans leur tombe quand ils verront la dose de (très délicieux) gras que je vais absorber en un repas.
Le ballet des assiettes
En attendant notre volaille, nous décidons (je dis nous car j’ai convié mon mari à ma table) de prendre chacun un menu à 22 euros. Lui entrée-plat-café, moi plat-dessert-café. Lui plus sel, moi plus sucre, c’est pour ça que ça fonctionne bien entre nous. La première salle est complète ça y est, et les assiettes de confit virevoltent. C’est visiblement un franc succès.
Voici d’ailleurs notre terrine de cochon, présentée sur une planche d’ardoise avec cornichons croquants et quelques feuilles de chêne (la salade !). Le pain, qui vient d’une boulangerie locale, est dense, légèrement brun et coupé en tranches épaisses. Idéal pour accueillir cette merveille qui sort vraiment du lot. Pas étonnant. Tout ici est cuisiné maison. Ma faim légèrement apaisée, je regarde autour de moi les autres clients. Il règne une bonne énergie. Les tablées sont plongées dans des discussions animées. On imagine des collègues de travail ; peut-être est-ce leur cantine, peut-être sont-ils fidèles aux plats du semainier ? C’est vrai qu’entre la saucisse au couteau, les moules frites, le poulet rôti et la carbonade flamande, on a très envie d’être là tous les jours !
Baba du baba
Mais « ici et maintenant », c’est ma devise, et je regarde la jolie cuisse de canard dorée qu’on vient de me servir, posée en majesté toute seule sur une assiette blanche. Les pommes de terre font bande à part dans un bol, cuites au four avec du persil, luisantes de graisse de canard et relevées de fleur de sel. Elles sont divinement fondantes, mais avec cette résistance très légère de la peau rôtie. Le service est efficace et le dessert arrive déjà. J’ai choisi la crème brûlée, qui m’ennuie toujours un peu habituellement mais là j’ai un bon pressentiment. Le ramequin de terre cuite est de taille généreuse (tout chez Tonton est abondant mais juste, il n’y a ni manque ni gâchis). La crème attend son heure sous la couche de caramel craquant. Je savoure son onctuosité et son bon goût de « fait maison ».
Nous buvons notre café, ravis de notre déjeuner, lorsque j’aperçois l’assiette de mon voisin avec un baba au rhum, cette institution. Non, je ne bougerai pas d’ici avant d’y avoir goûté pour la somme de 10 €, ce qui n’est pas rien. Surmonté d’une chantilly sucrée juste comme il faut, arrosé largement de rhum Dom Papa (des Philippines), le baba encore vierge s’imbibe doucement du liquide ambré. Je ne regrette pas ! Pas de troisième dessert, nous sommes en retard, le train va nous attendre (ou plus vraisemblablement ne pas nous attendre) dans quelques minutes à la gare de Sèvres Rive Gauche. La ville est en pente. Le restaurant en bas, la gare en haut. La vie étant bien faite, nous allons donc devoir remonter à vive allure les charmantes rues bordées de maisons avec jardins que nous avons parcourues à l’aller avec les ailes de la faim (et de la descente). L’occasion d’appliquer une autre devise : manger, bouger.
Infos pratiques : Tonton, 5, Grande Rue, Sèvres (92). Fermé le dimanche. Plat du jour (semainier) à 15 €. Formule du midi à 22 € (entrée/plat/café ou plat/dessert/café). Tél. : 06 32 99 63 97. Accès : gare de Sèvres Rive Gauche (ligne N). Plus d’infos sur tonton-sevres.fr / Cette adresse est tirée du Petit Pudlo des restos 2024/2025 à retrouver ici
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20 janvier 2025 - Sèvres