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J’ai testé la baignade dans la Marne (et j’ai aimé ça)

La zone de baignade de Maisons-Alfort / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La zone de baignade de Maisons-Alfort / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

C'est une petite révolution et l'un des héritages des JO. Interdite depuis une cinquantaine d'années, la baignade dans la Marne est de nouveau autorisée cet été à Maisons-Alfort, Joinville-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard est allée piquer une tête.

Ces temps-ci, le thermomètre n’en finit plus de grimper et mon énergie, elle, est en sens inverse. C’est bien simple : elle est au sous-sol. Enfin non, même pas. Parce qu’au sous-sol au moins, je serais au frais. Alors bien sûr, je pourrais me réfugier dans un endroit climatisé pour grappiller un peu de fraîcheur, mais là, c’est ma conscience écolo qui plonge. Une autre solution me tend les bras avec l’ouverture cet été de zones baignade dans la Seine à Paris et dans la Marne à Maisons-Alfort, Joinville-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés et Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne). Cela fait 55 ans qu’on n’avait plus eu le droit de se baigner dans la Marne et plus de 100 ans dans la Seine.

Les occasions de nager en eau libre dans le Grand Paris n’étant pas si fréquentes, j’embarque dans mon sac une serviette, un maillot et un reste d’énergie avant de m’engouffrer dans le métro direction Maisons-Alfort. Depuis la station Ecole vétérinaire, deux minutes à pied suffisent pour rejoindre les bords de Marne. Encore une bonne dizaine de minutes à longer la rive de la plus longue rivière de France et j’arrive à la plage. La veille, j’ai pré-réservé en ligne un créneau de deux heures de baignade. Les habitants de l’agglo doivent débourser 3 €. Moi, n’étant pas une locale de l’étape, il m’en coûte… 8 €. J’avoue, ça pique un peu. Parce que bon, dans « eau libre », il y a « libre », non ? Et puis l’eau n’est-elle pas censée être un bien commun ? Mais bon, alors que mon téléphone m’indique 36 °C au compteur, j’avoue, je ne vais pas faire la fine bouche.

« C’est mieux que la piscine municipale ! »

« Elle est à 26° », m’annonce une baigneuse qui sort de l’eau. Perso, je préfère quand c’est un peu plus froid – origines normandes obligent – mais là encore, ne mégotons pas. Comme je suis arrivée un peu après le début du créneau réservé – 10 h/midi –, il n’y a plus de transats dispos. Pas grave, j’installe ma serviette à l’ombre d’un arbre. J’ai vérifié avant de venir : on est environ 70 à avoir réservé cette plage urbaine à cet horaire pour une capacité de 200 personnes. On ne se marche donc pas dessus, ni à terre, ni dans l’eau. Je plonge sans hésiter dans le premier bassin plutôt destiné aux familles car on y a pied. Et ça me fait tout de suite un bien fou ! À côté de moi, Mahé et Gaspard barbotent avec leurs papas pour échapper aux salles de classe surchauffées. « Ça fait deux fois que je viens depuis l’ouverture, me raconte Mahé. C’est mieux que la piscine municipale ! » « En plus, là, on est dans la nature, c’est trop cool », renchérit Gaspard. C’est vrai, les bassins offrent une jolie vue sur la Marne, les bateaux qui la parcourent et les arbres de ses berges.

Côté bassin de nage, c’est encore mieux : 50 mètres pour faire des longueurs. Au moment où j’entame les miennes, nous sommes… trois à nous partager l’espace. Alors, bien sûr, on est un matin de semaine mais ça vaut le coup de poser une RTT ou de s’arranger avec sa chefferie pour décaler un brin sa journée de boulot. À voir si, avec les vacances scolaires, cela se densifie un peu. Mais pour l’heure c’est idéal. Je repense aux photos du début du siècle dernier où on voyait Parisiens et banlieusards profiter de la Seine et de la Marne comme autant de piscines naturelles. Il y a quelque chose d’assez beau à voir les habitants se réapproprier ces espaces. 

Une eau libre savamment contrôlée 

Au bout de mes deux heures, je passe par la douche pour me rincer puis me change dans l’une des jolies – et ultra propres – cabines façon bord de mer mises à la disposition des baigneurs. À noter pour les frileux de la nage en fleuve grand-parisien : l’eau est libre mais savamment contrôlée par des capteurs et la baignade est interdite si les tests ne sont pas bons. Elle est également filtrée par un triple système : un filtre à sable pour éliminer les particules en suspension ; un filtre à charbon actif pour capter les résidus organiques et polluants ; un traitement par UV pour détruire les bactéries et micro-organismes pathogènes. Et, plusieurs heures après mon bain, encore aucune pustule ou autre souci dermato à déplorer. Donc en ces jours de grande chaleur, un conseil : n’hésitez pas à sauter à pieds joints dans la Marne.

Infos pratiques : plage de Maisons-Alfort, 1, avenue Joffre, Maisons-Alfort (94). Ouvert tous les jours de 10 h à 18 h. Tarif pour une session de deux heures : 3 € (habitants de l’agglomération Paris Est Marne & Bois), 8 € (plein tarif). Accès : métro École Vétérinaire de Maisons-Alfort (ligne 8). Infos et réservations (maximum 3 jours à l’avance) sur marneboisplages.fr

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