Artdevivre
|

« Ce cèdre tricentenaire du 9-3 a besoin de vos votes pour devenir l’Arbre de l’année »

Le cèdre de Livry-Gargan. DR JLM

Il a vu passer Louis XV, la Révolution, deux guerres mondiales et l’urbanisation galopante de la Seine-Saint-Denis. À 300 ans, le cèdre du Liban de Livry-Gargan représente l’Île-de-France au concours national de l’Arbre de l’année. Vous avez jusqu’au 22 décembre pour voter et en faire le symbole de la nature en ville, et du Grand Paris qui résiste au béton.

Trente mètres de haut, neuf branches maîtresses déployées comme les bras d’un géant, une silhouette en plateaux horizontaux reconnaissable entre mille : le cèdre du Liban de Livry-Gargan est un monument. Pas de pierre, mais de sève et d’écorce. Et c’est lui qu’un jury d’experts franciliens réunissant notamment des représentants de l’association Arbres, d’Ile-de-France nature et de l’Office national des forêts, a choisi pour porter les couleurs de la Région au concours national de l’Arbre de l’année.

« On a reçu plusieurs dizaines candidatures de la part de communes, d’hôpitaux, d’écoles, de particuliers », explique Sébastien Rochette, expert forestier et écologue d’Île-de-France nature, qui a accompagné le jury dans l’évaluation des dossiers. Originaire du 93, il a grandi avec ce cèdre dans son paysage. « Cet arbre, je l’ai souvent vu, il fait partie de mon imaginaire personnel. » Sur 120 dossiers déposés à l’échelle nationale, 38 venaient d’Île-de-France. Près d’un tiers ! « Ça dit quelque chose de notre rapport à l’arbre en milieu urbain. Dans un environnement aussi artificialisé, il y a une vraie envie de protéger ces survivants. »

Un rescapé de l’urbanisation

Car ce cèdre est bien un survivant. Planté vers 1750 dans le parc de la propriété « le Grand Berceau » – qui appartenait alors au duc des Lorges –, il a traversé les siècles tandis que la banlieue parisienne se construisait autour de lui, jusqu’à l’encercler. Là où s’étendaient autrefois des domaines aristocratiques et des terres agricoles, la ville a poussé. Lui est resté.

« On n’est pas du tout dans l’image bucolique de l’arbre champêtre, reconnaît Sébastien Rochette. C’est un arbre urbain, en bord de route nationale. La RN3 a même été légèrement déviée pour le préserver. » Un geste fort, qui témoigne de l’attachement des habitants et des pouvoirs publics à ce géant vert planté au milieu du bitume.

300 ans, et encore adolescent

Avec ses 4,80 mètres de circonférence et son port majestueux, le cèdre de Livry-Gargan en impose. Mais, à l’échelle de son espèce, c’est presque un jeunot : un cèdre du Liban peut théoriquement vivre 2 000 ans. « En termes d’âge, c’est un ado, sourit l’écologue. Il a traversé son enfance dans un parc aristocratique, puis s’est retrouvé adolescent en bord de nationale. Tout l’enjeu aujourd’hui, c’est de lui permettre d’atteindre l’âge adulte dans cet environnement urbain. »
Les équipes de la ville veillent sur lui : diagnostics réguliers, soins adaptés, surveillance de son état physiologique, haubanage. De quoi lui assurer, espère-t-on, encore plusieurs siècles de vie.

Voter, c’est envoyer un signal

Il y a trois ans, le candidat francilien était un châtaignier de l’époque de Louis XIV rescapé de l’urbanisation pavillonnaire dans l’Ouest parisien et l’an dernier un orme de Crouy-sur-Ourcq, commune rurale à la lisière de l’Île-de-France. Cette année, avec le cèdre de Livry-Gargan, le jury a voulu mettre en lumière un arbre au parcours différent : moins pastoral, plus combatif.
« Voter pour cet arbre, c’est dire que les arbres de banlieue, en bord de route, comptent aussi, insiste Sébastien Rochette. C’est envoyer un signal : remarquez-les, protégez-les. Dans nos villes, l’arbre est devenu un témoin du vivant. Il y a quelque chose de très fort dans notre rapport à ces géants qui ont traversé les siècles alors que tout changeait autour d’eux. »

Et vous, quel arbre vous émeut près de chez vous ?

Infos pratiques : Votez ici pour le cèdre du Liban de Livry-Gargan jusqu’au 22 décembre 2025. Les résultats seront annoncés le 15 janvier 2026. L’arbre élu par le public représentera la France au concours européen.

À lire aussi : Où sont les arbres remarquables dans le Grand Paris ?

À lire aussi : Théodore Rousseau, le peintre porte-voix des arbres de Fontainebleau

À lire aussi : Un châtaignier francilien planté sous Louis XIV en lice pour être l’Arbre européen de l’année

À lire aussi : À Montesson, un arbre pour incarner une vision du soin par la nature