
Ce samedi, Mantes-la-Jolie remet ses habits d’époque pour la 575ᵉ Foire aux Oignons. Une tradition quinqua-centenaire qui offre le meilleur prétexte pour redécouvrir une ville que trop de Franciliens ne connaissent qu’à travers un panneau sur l’A13. Collégiale gothique sublime, musée impressionniste inattendu, pâtisserie redoutable et départs de rando vers La Roche-Guyon : Mantes coche absolument toutes les cases d’une escapade 100% Grand Paris. Et si les oignons ne vous remuent pas, la soupe saura finir le travail — il va geler, autant s’y faire.
On pense spontanément à Provins dès qu’il est question de Moyen Âge francilien. Ses remparts incroyables, ses fêtes médiévales, son label UNESCO… Mais ce week-end, c’est à Mantes-la-Jolie que ça se passe. Tout au bout de la région, entre Paris et la Normandie, la ville remet son costume d’époque pour sa traditionnelle Foire aux Oignons.
Mantes… Une ancienne beauté francilienne, largement meurtrie par les bombardements de 1944 mais qui a gardé l’allure d’une grande dame : un port sur la Seine, une histoire royale et quelques trésors architecturaux beaucoup trop méconnus. La Foire aux Oignons, dont la trace remonte au XVe siècle, fait office de piqûre de rappel : ici, le Moyen Âge n’est pas un décor de cinéma, mais un héritage vivant, avec ses émotions, ses rituels… et son humour.
Car oui, Mantes cultive désormais son folklore oignonesque avec un sérieux très relatif. La Confrérie du Taste-Oignon, créée en 2009, intronise chaque année des chevaliers du bulbe chargés — entre autres missions sacrées — de faire rire tout le monde. Et pour se réchauffer, on peut compter sur la soupe à l’oignon, servie brûlante, parfaite pour un week-end où le thermomètre va se rappeler qu’il est en novembre. Rien que pour ça, on a envie d’y être. Le centre-ville joue le jeu : bannières dans les rues, artisans aux étals et, au milieu, des chevaliers en mousse qui prennent leur rôle très au sérieux. Il faut aimer le genre, certes, mais à Mantes ce folklore assumé fonctionne étonnamment bien et donne à la ville un air de Moyen Âge francilien tout à fait réjouissant.
Et ce passé prend encore plus d’ampleur quand on descend vers la Seine. Là surgit la collégiale Notre-Dame, sœur gothique de Notre-Dame de Paris, classée monument historique vingt ans avant elle. Sculptée dans la lumière du matin, elle prouve que oui, le gothique spectaculaire existe bel et bien loin du périph’. On raconte qu’Henri IV y donnait rendez-vous à Gabrielle d’Estrées, sa célèbre maîtresse dont le portrait est au Louvre : « Viens me retrouver à Mantes, ma jolie. » Une légende qui, paraît-il, serait vraie.
À quelques pas, le musée de l’Hôtel-Dieu change d’atmosphère. Installé dans un ancien hôpital médiéval, il accueille ses visiteurs avec un Corot dès l’entrée, puis aligne des œuvres de Luce et d’autres amoureux de la vallée de la Seine. Le genre d’adresse discrète qu’on adore chez Enlarge Your Paris : belle, modeste, profondément locale. Et, dans un autre registre, il y a L’Éphémère, pâtisserie officiellement validée par la rédaction. Sur la place Saint-Maclou, ses chocolats et ses gâteaux font voler en éclats toute velléité de “juste un café”. Vous voilà prévenus.
Mais Mantes, ce n’est pas seulement un joli centre-ville : c’est aussi une porte ouverte sur l’une des plus belles aventures pédestres d’Île-de-France. Depuis la gare, on rejoint facilement la Grande Boucle de La Roche-Guyon : 32 km de falaises de craie, de méandres de Seine, de forêts profondes et de panoramas parmi les plus spectaculaires de la région. Au bout : le château accroché à sa falaise, bijou absolu. Une randonnée exigeante, soyons honnêtes, mais tellement mythique que tout marcheur francilien digne de ce nom finit par y consacrer une journée. Et bonne nouvelle : les TER normands continuent de desservir Mantes et les gares du Vexin, avec un trajet express depuis ou vers Paris Saint-Lazare.
Bref, on vient peut-être pour les oignons, leur folklore et leur soupe fumante. On reste pour la collégiale, le musée, les pâtisseries et ces chemins qui s’ouvrent dès qu’on s’éloigne des trottoirs. Mantes-la-Jolie surprend, réchauffe et récompense — oignons ou pas.
Informations pratiques sur le site de la Ville de Mantes-la-Jolie.
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21 novembre 2025 - Mantes-la-Jolie