Société
|

Un fablab nomade pour tisser des liens et des savoirs

Le Mobilab du Maif Social Club aux Cinq Toits à Paris / © Gaelle Magder - MAIF
Le Mobilab du MAIF Social Club aux Cinq Toits à Paris / © Gaelle Magder – MAIF

Initié par le MAIF Social Club, espace culturel à Paris, le Mobilab, un fablab mobile, se déplace dans le Grand Paris à la rencontre notamment des réfugiés hébergés dans une ancienne caserne du 16e arrondissement par l'association Aurore. Ou comment, en créant des objets, on crée aussi du lien.

Ce reportage a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le MAIF Social Club

En cette énième journée de confinement, le boulevard Exelmans (16e) marche au ralenti. Peu de voitures, à peine une poignée de piétons. Il faut pousser la porte cochère qui dissimule l’ancienne caserne de gendarmerie pour renouer un peu avec la vie. Dans la vaste cour, sous les fanions colorés, une table de ping-pong en mode récup’ a été déployée. Un peu plus loin, un groupe s’active à réparer des vélos dans un atelier. C’est ici que l’association Aurore a mis en place Les Cinq Toits, un centre d’hébergement pour réfugiés. 350 personnes y vivent actuellement, venant, pour la plupart, d’Afghanistan ou d’Afrique subsaharienne.

Une autre curiosité attire l’oeil. Dans la salle qui abrite ordinairement une cantine, trône une drôle de machine : le Mobilab. « Un Fablab mobile tiré par un vélo », résume Chloé Tournier, responsable de la programmation du MAIF Social Club, espace culturel à Paris (3e). L’objet comprend une découpeuse laser, une imprimante 3D mais aussi des machines à coudre. Il aurait dû se trouver au MAIF Social Club jusque mi-février, dans le cadre de l’exposition « Trop classe », mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Le lieu ayant dû fermer ses portes, « nous avons choisi de continuer à assurer notre mission culturelle en venant en aide aux personnes qui sont d’autant plus privées d’activités », explique Chloé Tournier. C’est l’association Cultures du Coeur Paris qui a suggéré au MAIF Social Club de poser le Mobilab boulevard Exelmans, mais aussi dans un autre centre d’hébergement d’urgence situé dans le XIIème arrondissement de la capitale.

Favoriser la transmission de compétences

Aux Cinq Toits, Hamid ne boude pas son plaisir. Le jeune homme d’origine iranienne est en train de confectionner un badge à l’effigie d’un de ses groupes fétiches : Pantera. Il a déjà utilisé la machine à floquer pour personnaliser un t-shirt. Et se verrait bien, « plus tard », investir dans une telle machine pour lancer – pourquoi pas? – sa propre activité professionnelle. Non loin de lui, sous l’oeil attentif de Canela, la fabmanager, Aïdara réalise un tote bag sur la machine à coudre. « Vous avez remarqué ?, interroge Chloé Tournier. Les médiateurs ne « font » pas à la place de ceux qu’ils épaulent. L’idée c’est d’offrir certes des parenthèses, mais dans une logique de transmission. »

Dans la cour, Mathilde aide Naimati à se fabriquer un t-shirt avec inscrit Tik Tok dessus. « Ah ça, Tik Tok, c’est très demandé ! », sourit Mathilde. Jamshid confirme. Il a déjà réalisé deux t-shirts : l’un flanqué du drapeau afghan, l’autre avec l’adresse de son compte Tik Tok. Toutes les matières premières – tissu, t-shirt…- sont fournies par le MAIF Social Club. « J’ai aussi fait un porte-clef, souligne-t-il. J’aime bien venir à l’atelier. On se sent utile.» Chloé Tournier couve tous ces petits groupes du regard : « Ce sont aussi des temps d’échange et de discussion. Et de beaux moments, pour eux comme pour nous. En venant ici, on n’apporte pas que des machines, mais aussi trois personnes à plein temps. » Bientôt, le Mobilab poursuivra sa route. Six mois d’itinérance sont encore prévus. De quoi faire naître bon nombre de sourires, comme de t-shirts.

Infos pratiques : Plus d’infos sur le MAIF Social Club sur maifsocialclub.fr

Lire aussi : Bientôt une école de cuisine à Paris pour aider les réfugiés à s’insérer

Lire aussi : La Table du Recho, une cuisine militante au coeur du 16e

Lire aussi : Le Riders social club défend une autre éthique de la livraison

Lire aussi : Et si on faisait classe autrement ?