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Il était une fois… l’électricité en Île-de-France

L'ancienne centrale électrique de Porcheville dans les Yvelines qui sera sur le tracé du Randopolitain le 6 novembre / © Ascobole (Wikimedia commons)
L’ancienne centrale électrique de Porcheville dans les Yvelines sera sur le tracé du Randopolitain le 13 novembre / © Ascobole (Wikimedia commons)

Le 13 novembre, le Randopolitain, cycle de 100 randonnées prévues jusqu'aux JO, verra se dresser sur sa route l'ancienne centrale électrique de Porcheville. L'occasion de revenir sur l'histoire de l'électricité en Île-de-France avec l'historien et directeur de recherche émérite au CNRS Alain Beltran.

En partenariat avec EDF

Le Randopolitain, c’est 100 randos qui sont prévues jusqu’aux JO de Paris 2024, proposées par Enlarge your Paris, Transilien SNCF et la Fédération française de la randonnée pédestre en Île-de-France avec le soutien d’EDF.

Quand et comment l’énergie électrique s’est-elle déployée à Paris et en région parisienne ?

Alain Beltran : L’électricité industrielle telle qu’on la connaît aujourd’hui est apparue à la fin du XIXe siècle. Jusque-là, on utilisait, pour l’éclairage public et le chauffage, le gaz manufacturé. À la suite de l’invention du moteur électrique dans les années 1880 et de l’ampoule à incandescence en 1879, nous avons approfondi nos connaissances de l’électricité pour la produire et la transporter. Elle a progressivement pu concurrencer le gaz, même si elle restait plus chère et comportait des dangers nouveaux que la population avait du mal à appréhender. C’est à la toute fin des années 1880 que la distribution généralisée de l’électricité s’est mise en place à Paris sous le régime de la concession, comme cela était le cas pour le gaz et l’eau. En banlieue, les essais ont été un peu plus tardifs.

Où était produite l’électricité qui alimentait Paris et sa périphérie ?

Une vingtaine de petites usines, que l’on appelait centrales car elles étaient au centre de leur réseau de distribution, étaient disséminées dans la capitale. Il s’agissait de centrales à charbon qui produisaient de la vapeur, laquelle faisait tourner des machines à piston qui fabriquaient de l’électricité. Leur développement a suscité l’ire de la population. Les gens dénonçaient les nuisances sonores et olfactives, d’autant plus que les usines à gaz qui étaient auparavant dans Paris avaient déjà été délocalisées en banlieue. À la suite de l’inauguration du métropolitain en 1900, le baron belge Édouard Empain puis l’ingénieur Ernest Mercier ont émis l’idée que soient construites de vastes centrales à la périphérie de Paris le long de la Seine pour faciliter les livraisons de charbon, comme à Saint-Denis puis à Ivry, Issy et Gennevilliers. Ces dernières ont permis de réaliser d’importantes économies d’échelle qui ont contribué à faire baisser le coût de production de l’électricité.

Ces centrales ont fermé les unes après les autres au cours du XXe siècle. Pourquoi ?

Ces centrales thermiques qui produisaient de l’électricité grâce à la combustion du charbon étaient très polluantes. Dans les années 1930, Paris a commencé à être alimentée avec de l’électricité provenant de barrages hydroélectriques : dans un premier temps celui de Kembs sur le Rhin, puis dans le Massif central, en liaison avec l’électrification des chemins de fer. L’hydroélectricité avait l’avantage d’être produite en France alors que le charbon était en partie importé de l’étranger. Les centrales construites en région parisienne ont toutefois continué de fonctionner car l’idée était, étant donné la forte croissance de la demande, de conjuguer les sources d’approvisionnement. Comme l’électricité se transporte plus ou moins bien mais qu’elle voyage à la vitesse de la lumière, on a pu davantage éloigner les usines des villes et construire de plus grosses centrales plus loin, comme celle de Porcheville dans les Yvelines. Puis le nucléaire est arrivé. La part de la production d’électricité thermique (à flamme) a chuté dans la seconde moitié du XXe siècle, ce qui a conduit à la fermeture des centrales à charbon.

Est-ce problématique que la région parisienne ne produise plus elle-même l’électricité qu’elle consomme ? Cela a-t-il un impact sur le prix de l’électricité ?

L’électricité qu’utilisent les Parisiens est pour la majeure partie (plus de 90 %, NDLR) produite loin de la capitale. Paris ne produit pas son énergie ; pas plus que Lyon, Marseille ou Bordeaux. Cela n’est pas problématique en soi dans la mesure où l’on maîtrise parfaitement aujourd’hui le transport de l’électricité sur l’ensemble du territoire. Le problème avec l’électricité, c’est que l’on ne sait pas vraiment la stocker. Il faut faire des prévisions à une journée, une semaine, un mois, un an, afin que la production et la consommation soient toujours à peu près alignées. Aujourd’hui, la part du nucléaire dans la production d’électricité au niveau national s’élève à près de 70 %. Or de nombreux réacteurs sont actuellement en maintenance, ce qui nous oblige à mobiliser d’autres sources de production ; notamment les turbines à gaz qui permettent de fabriquer de l’électricité très rapidement pour s’ajuster à la consommation. Le prix du gaz ayant flambé ces derniers mois, cela a conduit à l’augmentation du coût de l’électricité.

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