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« Depuis le premier confinement, les Parisiens s’expatrient »

La vue depuis la terrasse du château de Saint-Germain-en-Laye / © Jérômine Dérigny pour Enlarge your Paris
Beaucoup de Parisiens élisent désormais domicile en grande couronne avec l’envie d’être au vert, comme ici à Saint-Germain-en-Laye / © Jérômine Dérigny pour Enlarge your Paris

Dans une note parue en décembre dernier, les Notaires du Grand Paris ont confirmé l'attirance des Parisiens pour la petite et la grande couronne, ce qu'analyse Maître Élodie Frémont, notaire à Paris.

Les chiffres des Notaires du Grand Paris le confirment : la crise sanitaire a changé le comportement des Franciliens en matière d’immobilier. Que recherchent-ils aujourd’hui ?

Maître Élodie Frémont : Une chose est certaine : depuis le premier confinement, les Parisiens s’expatrient. Ils n’achètent pas de logement nécessairement plus grand mais ils regardent deux critères. D’abord, ils s’installent davantage en grande couronne ou en province limitrophe (Orne, Eure, Eure-et-Loir…). Et au lieu d’avoir une résidence secondaire, ils optent à présent pour deux lieux de vie. Trois jours par semaine, ils sont en télétravail dans ce logement plus éloigné, et deux jours par semaine ils reviennent à Paris. 

Quels sont les effets tangibles sur les ventes de biens ?

Le volume des transactions est clairement en baisse à Paris. C’est l’inverse en banlieue. Ces dix dernières années, 30% des Parisiens achetaient en petite couronne. Ils ont été 34% à faire ce choix entre juillet et décembre 2020. En grande couronne, on est passé de 8% à 11% durant le dernier semestre. Les départs de la région se sont aussi nettement accentués avec six points de plus pour l’Orne par exemple.

Qui sont les clients qui s’installent en grande couronne ?

Ce sont majoritairement des familles avec enfants, mais aussi des familles monoparentales qui en ont ras-le-bol du stress. Dans Paris intra-muros, tout est facile et compliqué à la fois. Après le premier confinement, beaucoup de Parisiens ont lâché Paris pour s’établir à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) et à Meaux (Seine-et-Marne). Ces clients cherchent moins de stress et davantage de facilités. Si leurs entreprises sont souvent implantées dans Paris, ils sont nombreux à pouvoir se permettre de télétravailler. 

Les Yvelines attirent davantage les Parisiens et les habitants de petite couronne. Pourquoi ?

Ceux qui s’installent dans les Yvelines s’octroient avant tout un accès facile à Paris avec les transports en commun. L’ouest est mieux desservi que l’est. Il y a donc davantage de possibilités. Rien que pour Versailles, il y a trois lignes de train et de RER différentes. Quand le Parisien quitte la capitale, le calcul est simple : il sort son compas, trace un cercle autour de Paris et cherche quelque chose à une heure, une heure trente en transports en commun. C’est ce que permettent les Yvelines. C’est aussi une zone très verte, un peu moins urbaine, contrairement à l’Essonne. Mais la Seine-et-Marne attire aussi énormément. Mes collègues n’ont plus rien à vendre ! Le premier critère est la gare la plus proche, l’autre est la maison avec jardin. 

Vous parlez aussi d’une plus grande mobilité. Comment l’expliquez-vous ?

C’est l’un des effets les plus positifs de cette crise sanitaire. Les Franciliens s’adaptent désormais beaucoup plus grâce au télétravail. Très souvent, l’une des principales réticences lorsqu’on change de ville est la peur de s’éloigner de sa famille et de ses amis. On ne veut pas perdre en sociabilité ni renoncer au confort qu’offre le fait d’avoir les grands-parents à côté de chez soi si la nounou n’est pas disponible. Mais depuis l’an dernier, un pas a été franchi. On se rend compte qu’il est possible de travailler de chez soi et cela contribue à augmenter la mobilité.

Quelles sont les perspectives pour 2021 ?

Le gouvernement a annoncé un deuxième trimestre difficile au niveau économique, ce qui impactera le marché immobilier. Pour le moment, il n’y a pas de baisse en volume en dehors de Paris. En revanche, il y a toujours de moins en moins de transactions au sein de la capitale. Nous verrons si l’attirance des Parisiens pour l’espace et la nature se poursuit.

Infos pratiques : Plus d’infos sur notairesdugrandparis.fr

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