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Aménagé pour la voiture, La Défense fait sa conversion au vélo

La piste cyclable temporaire mise en place pour se rendre à La Défense est l'un des exemples d'urbanisme tactique déployés suite au déconfinement dans le Grand Paris / © Collectif vélo Île-de-France
La piste cyclable temporaire mise en place pour se rendre à La Défense est l’un des exemples d’urbanisme tactique déployés suite au déconfinement dans le Grand Paris / © Collectif vélo Île-de-France

Face à la crise sanitaire du Covid-19, le quartier d'affaires de La Défense a renforcé les aménagements destinés aux cyclistes avec notamment la création d'une piste cyclable sur le pont de Neuilly. Un changement de paradigme que nous détaille Anouk Exertier, responsable du Pôle Mobilités de Paris - La Défense.

En quoi le déconfinement a permis d’accélérer l’accessibilité de La Défense pour les cyclistes ? 

Anouk Exertier : La Défense a été initialement aménagé pour la voiture. Il fallait donc penser entièrement l’utilisation du vélo et pas seulement peindre quelques pictogrammes sur le sol pour régler le problème. Les aménagements sont forcément des choses lourdes et ambitieuses. Fort heureusement, il y a eu une volonté politique très forte, notamment de la part de la ministre de l’Ecologie Elisabeth Borne qui a décidé de créer une piste cyclable sur le pont de Neuilly pour rejoindre La Défense.

Quels sont les autres aménagements qui ont été réalisés ? 

Outre la piste cyclable sur le Pont de Neuilly, des aménagements ont été créés sur la dalle et l’ensemble du boulevard circulaire Nord qui entoure La Défense. Nous avons également installé des emplacements de vélo provisoires, en attendant de fixer des arceaux.

Comment le trafic des vélos a-t-il évolué à La Défense depuis le déconfinement ? 

Nous avons calculé que sur la portion entre Neuilly et La Défense, 600 vélos empruntaient ce chemin chaque jour en mars dernier. En juillet, ce chiffre était de l’ordre de 4.500. L’utilisation du vélo a donc été multipliée par 7. 

Les pistes cyclables sont pour le moment provisoires mais ont-elles vocation à devenir pérennes ? 

Une réflexion est en cours et une réunion est prévue fin septembre avec tous les acteurs concernés pour décider de la pérennisation ou non des aménagements provisoires. 

Qu’en est-il de Vélib’ à La Défense ?

Nous demandons l’implantation de stations Vélib’ depuis 2015. La situation est en train de se débloquer et nous devrions inaugurer les premières début 2021.

Quel est votre plan d’action pour favoriser les mobilités douces ?

Le sujet de la mobilité forme un tout. Les pistes cyclables doivent nécessairement s’accompagner de stationnements vélo par exemple. Mi-octobre, un local de réparation sera ouvert au coeur du quartier. Enfin, les 23 et 24 septembre, nous organisons l’événement Bike to work avec au programme des balades pour découvrir les nouveaux accès à La Défense, une bourse aux vélos ainsi qu’une vélo-école pour mieux connaître les règles du code de la route spécifiques au vélo. 

Quelles bonnes pratiques observez-vous ailleurs en France et à l’étranger ? 

C’est toujours compliqué de copier-coller une bonne pratique telle quelle, car chaque territoire est spécifique. On a souvent dit que le modèle de mobilité douce des Pays-Bas ne pourrait pas être exporté en France parce que nous ne possédions pas la même culture. Pourtant, on se rend compte à présent qu’avec des aménagements sécurisés et de l’ambition  on arrive à développer la pratique du vélo même chez des personnes qui n’auraient jamais eu l’idée de se rendre à vélo à La Défense. C’est clairement l’offre qui crée la demande.

Qu’attendez-vous de l’arrivée du Grand Paris Express et du RER E ? 

Le RER E sera mis en service en 2022. Cette nouvelle offre de transport va considérablement renforcer l’accessibilité et l’attractivité du quartier. De même pour le Grand Paris Express qui, en 2030, permettra de renforcer la position de hub de La Défense, c’est-à-dire un lieu facilement accessible à tous. 

Travaillez-vous également au lissage des heures de pointe ? 

Effectivement, nous avons entamé une réflexion depuis novembre 2018 avec la région Île-de-France, la RATP et la SNCF, l’heure de pointe étant saturée avec plus de 100.000 personnes transitant entre 8h30 et 9h30 chaque jour. Nous avons échangé avec les entreprises qui ont signé une charte pour inviter leurs salariés à télétravailler et à privilégier les mobilités douces comme le vélo. Depuis le déconfinement, les transports en commun sont utilisés à hauteur de 50% et le pic du matin est désormais étalé entre 8h et 10h, ce qui démontre bien que les entreprises et les salariés ont intégré de nouvelles pratiques. 

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