Société
|

15 chiffres à retenir du Baromètre des Franciliens 2022

Le métro à Paris / © Nils Hamerlinck (Creative commons - Flickr)
Pour 55 % des Franciliens, le développement de l’offre des transports en commun fait partie des trois priorités pour améliorer les conditions de déplacement en Île-de-France / © Nils Hamerlinck (Creative commons – Flickr)

Lancé en 2020, le Baromètre des Franciliens a livré son nouvel état des lieux de l'Île-de-France pour 2022. Enlarge your Paris en a retenu 15 chiffres et a demandé à Martin Omhovère, directeur du département Habitat et Société à l'Institut Paris Region, de les décortiquer.

Logement

1/ 33 % des Franciliens déclarent souhaiter déménager. Les catégories les plus désireuses de déménager sont les artisans-commerçants (42 %), les ouvriers (42 %), les professions intermédiaires (37 %) et les inactifs dont les étudiants (37 %).

2/ Parmi ces 33 %, 17 % déclarent vouloir déménager au sein de l’Île-de-France.

L’analyse de Martin Omhovère, directeur du département Habitat et Société à l’Institut Paris Region : « Ce chiffre de 33 % de Franciliens disant souhaiter déménager peut paraître énorme, mais, pour une partie des interrogés, il peut s’agir d’une déclaration un peu fantasmatique. D’autant que le déménagement est un projet qui prend du temps. Du temps, il en faut pour trouver un bien qui corresponde à ce que l’on désire en termes de cadre de vie, de quartier, tout en répondant à des contraintes budgétaires. Ce chiffre est à comparer avec celui des personnes réellement engagées dans un processus de changement d’habitation en ayant, par exemple, déjà entamé des visites. Ils ne sont plus alors que 7 %. Quant au chiffre de 17 % disant vouloir déménager en dehors de l’Île-de-France, il est aussi à prendre avec précaution. Car on se rend compte que l’essentiel des mobilités demeurent des mobilités de proximité. Néanmoins, les gens aspirent généralement à trouver un logement plus vaste, avec un jardin, ce à quoi les zones denses peinent à répondre. Cela peut permettre à certains territoires – tels l’Essonne ou la Seine-et-Marne – de tirer leur épingle du jeu. »

Travail

3/ 43 % des Franciliens ont régulièrement eu recours au télétravail en 2022.

4/ La moyenne de jours passés en télétravail est de 2,1 contre 2,6 en 2021.

5/ 65 % des 25-34 ans se déclarent prêts à travailler dans un espace de coworking s’il est pris en charge par l’employeur contre 48 % des 35-49 ans et 35 % des plus de 50 ans.

Martin Omhovère : « Le chiffre marquant est bien entendu les 43 % de Franciliens ayant régulièrement télétravaillé en 2022. Le nombre de jours télétravaillés a été multiplié par 4 car les télétravailleurs sont deux fois plus nombreux qu’avant la crise sanitaire et ils télétravaillent à une fréquence deux fois plus forte. Le Covid a démontré à l’épreuve des faits que c’était une solution possible. En s’installant dans la durée, le télétravail oblige à reconfigurer les espaces professionnels comme les lieux de vie. En même temps, la question de la perte de lien entre collaborateurs liée au télétravail est montée en puissance. Le fait que les 25-34 ans se déclarent davantage prêts à travailler dans un espace de coworking que les plus âgés le montre bien. Quand on est jeune, la question du lien social et de la transmission des connaissances se pose avec plus d’acuité. Sans oublier qu’en général les jeunes sont aussi les moins bien logés. C’est donc un chiffre à interpréter en regard du souci de maintenir aussi bien le collectif que le lien. »

Déplacements

6/ Pour 55 % des Franciliens, le développement de l’offre des transports en commun fait partie des trois priorités pour améliorer les conditions de déplacement en Île-de-France. 22 % placent cette priorité en tête.

7/ Près de 50 % des Franciliens sont prêts à marcher davantage.

8/ 22 % des Parisiens déclarent qu’il leur serait impossible ou difficile d’utiliser le vélo ou la marche plutôt que la voiture contre 30 % des habitants des trois départements de petite couronne et 38 % des habitants des quatre départements de grande couronne.

Martin Omhovère : « Ce qui fait unité en Île-de-France, c’est effectivement la question des transports. Elle est fondamentale. Et pour cause : l’organisation quotidienne de milliers de personnes repose sur ce paramètre. Il constitue un vrai défi. Sur le fait que la moitié des Franciliens se déclarent prêt à marcher davantage, on peut noter qu’un changement d’état d’esprit est à l’œuvre. Mais, ne nous voilons pas la face, cela dépend aussi du lieu de résidence. Forcément, les Parisiens et les habitants de la petite couronne disposent d’un cadre de vie qui s’y prête davantage. Or ils représentent la moitié de la population francilienne. »

Accès aux soins

9/ 34 % des sondés déclarent avoir dû reporter, annuler ou renoncer à des soins, des examens médicaux ou des appareillages en 2022, au premier rang desquels les soins dentaires.

10/ Les secteurs les plus concernés par ces annulations, renoncements ou reports pour raisons économiques sont les soins dentaires, l’achat de lunettes ou de lentilles et les soins psychologiques ou psychiatriques.

Martin Omhovère : « Le chiffre de 34 % est un chiffre stable. Ce qui est frappant en revanche, c’est le motif des reports de soins. Pendant la pandémie, la raison en était la peur de la contagion ou les reports dus à l’engorgement dans les hôpitaux. En 2022, on voit bien la montée en puissance de l’aspect financier. Ces chiffres mettent aussi en avant le problème de la possibilité d’obtenir un rendez-vous. En Île-de-France, la démographie médicale est très tendue et cela pose des vraies questions pour l’accès à des praticiens proches de chez soi. Se pose véritablement le sujet de la disponibilité physique et temporelle de l’offre. »

Changement climatique

11/ Plus d’un quart des Franciliens déclarent que le changement climatique constitue pour eux un sujet d’inquiétude majeur.

12/ 48 % des Franciliens considèrent que le changement climatique est dû aux activités humaines.

13/ 42 % des Franciliens déclarent manger moins de viande rouge qu’auparavant. Ils sont 39 % chez les 25-34 ans, 43 % chez les 35-49 ans et 46 % chez les plus de 50 ans. En moyenne, il s’agit à 51 % de femmes et à 32 % d’hommes.

14/ Pour 39 % des Franciliens, c’est l’action individuelle qui serait la plus efficace pour lutter contre le réchauffement climatique. Arrivent ensuite les États (27 %) puis les entreprises (11 %).

15/ 30 % des Franciliens déclarent ne pas ou ne plus prendre l’avion. 28 % indiquent qu’eux aussi pourraient y renoncer assez facilement.

Martin Omhovère : « Il est intéressant que les Franciliens déclarent manger moins de viande rouge qu’auparavant. Néanmoins, il faut demeurer prudent. On ne sait pas combien ils en consommaient auparavant. Ce qui est surprenant, c’est le positionnement selon la classe d’âge. Les jeunes semblent moins enclins à changer leurs habitudes que leurs aînés. Il n’empêche ; en termes de changements climatiques, la prise de conscience est bien amorcée. La question désormais est de savoir comment accompagner les Franciliens dans le changement de leurs comportements. Car on voit bien que, si on choisit le levier de la privation, cela ne fonctionne pas. Il faut donc se questionner sur les alternatives. Par exemple, que proposer sur des territoires où il n’y a pas d’alternative à la voiture ? Quels bénéfices pour ceux qui choisissent d’adapter leurs comportements ? Il ne faut pas demeurer dans l’injonction car cela ne prend pas auprès des gens. »

Infos pratiques : l’intégralité du Baromètre des Franciliens 2022 est à retrouver sur institutparisregion.fr

Lire aussi : Développer le réseau des transports en commun bénéficie-t-il vraiment aux plus pauvres ?

Lire aussi : Pour un renouveau des gares rurales en Île-de-France

Lire aussi : Avec Studhelp, vous pouvez aider les étudiants précaires à faire leurs courses