Culture
|

Une quarantaine d’artistes s’emparent d’une ancienne poste à Paris

Une quarantaine d'artiste se sont emparés d'un ancien centre de tri postal à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Une quarantaine d’artiste se sont emparés d’un ancien centre de tri postal à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

2000 m2 consacrés à l'art urbain dans une ancienne poste parisienne. C'est l'alléchante proposition de "L'Essentiel" qui réunit 43 artistes dans ce lieu hors normes. Et si vous n'arrivez pas à y entrer, au moins, Enlarge your Paris vous aura raconté !

La matinée de juillet a des airs de novembre, avec une pluie fine et drue qui se glisse sournoisement dans le col des manteaux. Cela ne décourage pourtant pas les visiteurs qui ont réservé pour voir L’Essentiel et qui font patiemment la queue devant le vaste bâtiment en brique situé à l’angle du boulevard Magenta et de la rue du Faubourg-Saint-Denis à Paris (10e), théâtre d’une expérience collective d’art éphémère.

Sur 2000 m2, dans cet ancien centre de tri postal mais aussi bureau de poste, Poste Immo – filiale immobilière de La Poste – a confié à l’association Art Azoï la mise en oeuvre de ce projet d’envergure : pendant un mois, 43 artistes ont investi les murs, les plafonds et même les sols du bâtiment. Et ce avant qu’une dernière phase de travaux en septembre ne transforme le site en logements notamment. « Ici, nous avons des possibilités incroyables en termes de matière et de volume », souligne Elise Herszkowicz, co-commissaire de l’exposition.

Un foisonnement d’oeuvres

On ne saurait mieux dire. Une fois entré à l’intérieur, on est éberlué par la vastitude des lieux. Et le foisonnement des oeuvres. Bien sûr, il y a du street art, mais L’Essentiel propose un large panorama de ce qu’est l’art urbain actuel. Sébastien Preschoux offre avec « Luminescence » un superbe travail cinétique à base de fils rouges tendus, comme des sortes de rayons laser. Myriam M Maxo expose une multitude de coeurs découpés dans du wax et patiemment collés sur un mur. Babs a réalisé une étonnante installation constituée de tubes de toutes sortes passés à la bombe argentée et qui a des allures de lustre tombé d’une station spatiale. Sur les fenêtres, OX a imaginé des lignes vert bouteille qui rapprochent l’art urbain de celui du vitrail. Quant à Stéphane Parain, il a implanté dans une salle une étonnante « Fire Flower », sorte de chou-fleur incandescent qui semble jaillir du mur. « C’est plutôt un virus, non? », propose un visiteur. « Mes ados disent que ça ressemble aux explosions dans les films Marvel », proteste une dame. 

Verrières, amples pans de béton dénudés, escaliers… Les artistes ont joué avec l’architecture de l’endroit. Et ont largement profité de l’espace qui leur était offert. Sur un vaste mur, Popay propose une fresque évoquant une ville ouvrière, dans un magnifique camaïeu de bleu et de vert. Installées sous un puits de lumière, les calligraphies imaginées par Sowat évoluent selon l’heure du jour. Quant à Berthet One, il a trusté l’escalier pour y conter, de façon cartoonesque, l’histoire du graffiti. Dans une des pièces, Kraken invite, au sol comme sur les murs, le visiteur à s’interroger sur la surconsommation et la pollution avec un dispositif saisissant mettant en scène des canettes et des sacs plastique.

Une quarantaine d'artiste se sont emparés d'un ancien centre de tri postal à Paris / © Art Azoi
© Art Azoi

Plus un créneau réservable, mais des désistements

L’histoire du lieu a aussi inspiré les artistes. Sur place, Apotre a retrouvé une lettre type adressée à un client mécontent de La Poste. Ni une ni deux, l’artiste l’a recopiée à la main sur les murs d’un couloir. Pierre Buraglio a lui recyclé des enveloppes administratives pour en faire un magnifique dégradé de bleu façon Pantone. Quant à Alëxone, il colonise un sous-sol de ses fameux volatiles, dont un en anamorphose, qui sont peut-être des pigeons voyageurs mis au rencard… 

Rançon du succès : plus un créneau de libre pour visiter l’exposition. Néanmoins, les organisateurs vous invitent à vous présenter aux horaires de visite : les désistements surviennent et vous pourriez en profiter. En attendant qu’un créneau se libère, vous pourrez toujours déguster un kebab 100% maison à Kebab Haus, situé juste à côté. Le mélange viande de veau marinée/sauce maison/ légumes de saison/feta/chou rouge/oignons au sumac de leur döner devrait vous permettre de patienter en bonne compagnie jusqu’au prochain créneau de visite. Ou profiter du Café A, situé dans le couvent des Recollets, avec son agréable jardin. Eh oui… L’Essentiel ça se mérite.

Infos pratiques : Exposition « L’Essentiel », square Alban Satragne, 107 ter rue du Faubourg-Saint-Denis, Paris (10e). Ouvert jusqu’au 19 septembre du mardi au dimanche de 10h à 18h. Réservations complètes. Visites possibles en cas de désistements. Accès : Métro Gare de l’Est Lignes 4, 5 et 7.  Plus d’infos sur lessentielparis.fr

Lire aussi : Une expo Land Art dans le labyrinthe végétal des Murs à Pêches à Montreuil

Lire aussi : Balade dans une galerie street art de 4,5 km de long à Vitry

Lire aussi : Promenade le long du Boulevard Paris 13, galerie d’art à ciel ouvert