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Une expo Land Art dans le labyrinthe végétal des Murs à Pêches à Montreuil

L'artiste Juan Fantôme aux Murs à pêches à Montreuil / © T.I.G.E
L’artiste Juan Fantôme aux Murs à pêches à Montreuil / © T.I.G.E

Gigantesque friche naturelle au coeur de Montreuil, les Murs à Pêches accueillent jusqu'en septembre une exposition de Land Art, technique qui consiste à créer des œuvres à partir des ressources offertes par la nature. Journaliste pour Enlarge your Paris, Manon Gayet s'y est promenée.

En m’engageant dans l’impasse Gobetue peu avant 10h, le soleil cogne déjà fort sur les Murs à Pêches de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le site, aujourd’hui l’une des plus grandes friches naturelles du Grand Paris, permettaient autrefois à des pêchers de s’épanouir au chaud. Et aux rois de France de se régaler. Si on y fait encore pousser quelques pêchers et des herbes aromatiques, l’essentiel est ailleurs, dans la préservation de la biodiversité au coeur de la métropole.

C’est pour inviter les Grand-Parisiens à explorer les lieux que l’association Travaux d’Intérêt Généreux d’Extérieur (T.I.G.E) propose jusqu’au 20 septembre une expo de Land Art, une technique qui consiste à créer des œuvres à partir des ressources de la nature. Douze œuvres, signées de douze artistes amoureux des lieux, sont ainsi à découvrir.

Ce mardi 1er juin au matin, Fabienne Teyssier-Monnot, sculptrice et co-fondatrice de T.I.G.E,  m’attend adossée à son vélo, une cigarette à la main, pour me guider dans ce labyrinthe végétal. Une balade qui va durer près de deux heures. « On est plus d’une quinzaine d’associations à gérer le site : ici, c’est Racines en ville, là-bas, le Sens de l’Humus« , m’enseigne-t-elle.

A l’assaut du mont Humus

Nous marquons un temps d’arrêt devant un drôle de totem en bois calciné. « Les locaux du revendeur de bois, situés juste derrière, ont brûlé. On lui a racheté du bois et on en a fait des panneaux pour indiquer aux visiteurs où ils se trouvent sur le site ». Il faut bien ça pour se repérer !

J’ouvre l’œil, en quête des oeuvres. En voici une. J’écarte quelques branches pour découvrir Iwa, un animal totem enrubanné, comme embaumé, abrité par un tipi. Au sommet du (modeste) mont Humus – un tas de déchets végétaux reconvertis en butte champêtre -, je tombe ensuite nez-à-nez avec l’Atlas de plantes déracinées d’Eugenia Reznik. Quatre vieilles valises, amochées par le temps et les voyages, remplies de terre et de fleurs, symbolisent la migration. L’artiste sait de quoi elle parle : elle a quitté son Ukraine natale pour vivre aux États-Unis et en France, avant de s’installer au Québec. Des QR codes permettent d’accéder à des podcasts faisant le récit de son histoire, et de son coup de cœur pour les Murs à Pêches. 

Une visite qui donne la banane

Mais c’est deux parcelles plus loin que je tombe sur mon coup de cœur à moi : Murmures. L’oeuvre, savamment dissimulée, a été conçue par Bénédicte Bailly et Cécile Hitier. Elle représente deux oreilles incrustées dans un mur. Je passe de longues minutes à les scruter, de loin, puis de plus près. Ces murs ont capté une histoire, et ils nous invitent à les écouter. En redescendant vers la mairie de Montreuil pour reprendre le métro, j’ai la banane et j’ai comme l’impression d’émerger d’un songe. Les Murs à Pêches portent bien leur nom.

Infos pratiques : Expo Land Art aux Murs à Pêches, impasse Gobetue, Montreuil (93). Prochaines visites gratuites les 5, 13, 19 et 27 juin, 3 et 11 juillet, 4, 12, 19 et 20 septembre. Rendez-vous à 15h impasse Gobetue les samedis et au 22 rue Pierre-Jean-de-Béranger les dimanches. Accès : Métro Mairie de Montreuil Ligne 9. Plus d’infos sur Facebook

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