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Balade dans une galerie street art de 4,5 km de long à Vitry

L'oeuvre de l'artiste italien Pixel Pancho, l'une des fresques street art emblématiques de Vitry / © Manon Gayet pour Enlarge your Paris
L’oeuvre de l’artiste italien Pixel Pancho, l’une des fresques street art emblématiques de Vitry / © Manon Gayet pour Enlarge your Paris

Depuis une dizaine d'années, les rues de Vitry sont devenues l'une des galeries street art de référence dans le monde. La journaliste Manon Gayet s'y est promenée en compagnie de Jean-Philippe Trigla, dont l'association Vitry'n urbaine propose des visites guidées pour découvrir cette incroyable collection en perpétuel mouvement.

Le parcours de la journaliste Manon Gayet avec Jean-Philippe Trigla, à la tête de l’association Vitry’n Urbaine, est à découvrir à la fin de l’article

Bam. En descendant du RER à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), je tombe presque nez à nez avec lui : l’automate peint par l’artiste italien Pixel Pancho (photo ci-dessus). Mains fièrement posées sur les hanches, moustaches à la Dali, il se pavane sur le mur d’en face. Je ne pouvais rêver meilleure introduction à mon voyage du jour dans les rues de cette Mecque du street art.

Voilà d’ailleurs mon guide, qui jaillit au coin de la rue sur son vélo rouge vif. Survêtement floqué Manchester United, lunettes rondes et bonnet sur la tête. Jean-Philippe Trigla habite Vitry depuis toujours. À la tête de l’association Vitry’n Urbaine, le quinquagénaire à l’allure juvénile arpente inlassablement sa ville. Avec, chevillée à ses baskets, l’envie de partager sa passion du street art via des visites guidées. Une activité à l’arrêt depuis plus d’un an qu’il compte bien relancer en 2021. « Mon plus beau cadeau, c’est quand les gens me disent que j’ai changé leur regard sur la ville », confie-t-il.

« Il faut avoir le regard à 360 degrés »

Bonne élève, je promets d’ouvrir l’œil. Mi-sérieux, mi-amusé, il ajoute : « Ici, il faut avoir le regard à 360 degrés ! », avant de me donner quelques clés de cette ville qu’on surnomme la capitale du street art. Je comprends vite pourquoi. Les graffitis, les stickers, les affiches et les fresques ont  envahi chaque coin de rue grâce à une double dynamique : le vivier des rtistes locaux, comme le pochoiriste C215, et une municipalité prête à suivre. Depuis plus de 10 ans, tout est susceptible de recevoir un coup de bombe colorée. Ici, une armoire électrique sert de tribune pour défendre « un monde vegan pour un monde meilleur » ou dénoncer « Macron, le président des riches » via des stickers. Là, une habitante a esquissé des triangles multicolores sur un pan de mur. Le paysage offre sans cesse de nouvelles perspectives.

L’œuvre signée par l’artiste Adey sur l’avenue de l’abbé Roger-Derry scrutée par Jean-Philippe Trigla / ©Manon Gayet pour Enlarge your Paris

Un renouvellement perpétuel

À quelques pas de l’église Saint-Germain, bâtie au XIIe siècle, le spécialiste m’entraîne derrière la première ligne de boutiques de l’avenue de l’abbé Roger-Derry. S’y déploie un dédale de contre-allées qui desservent des immeubles d’habitations. C’est ce lieu qu’a choisi la street artiste Drika, originaire du Brésil, pour y peindre l’une de ses créations : une femme à l’allure mystique de magicienne. De l’autre côté de l’avenue, son homologue française Adey a donné vie à une jeune femme observant un drôle de lapin ailé. « La présence accrue d’artistes femmes apporte beaucoup de poésie au street art », se réjouit le Vitriot.

Car côté œuvres, comme côté artistes, le renouvellement est perpétuel. « On voit émerger d’autres messages, notamment féministes », note Jean-Philippe Trigla. En bas d’un muret, un bonhomme fluet à la tête ronde et à la silhouette noir charbon fume un joint. Une œuvre signée Talmé, également habitué des rues parisiennes. « Il a tagué ce personnage récemment », me précise mon guide qui insiste pour me montrer le MAC VAL, premier musée d’art contemporain ouvert en banlieue et face auquel trône une sculpture monumentale de Dubuffet. « Voilà, je vais vous laisser retourner jusqu’à la gare. D’ici, vous en avez à peu près pour 15 minutes de marche. N’oubliez pas : ouvrez l’œil sur le chemin ! » Je me mets à scruter à nouveau les grillages, les rideaux métalliques, le moindre petit bout de mur.  Moi qui attend impatiemment la réouverture des musées, à Vitry, j’en ai découvert un immense et à ciel ouvert.

Infos pratiques : Boucle street art de 4,5 km au départ de la gare de Vitry (RER C). Environ 1h30. Possibilité de réserver une visite guidée ou une initiation au street art avec l’association Vitry’n Urbaine. Groupe de 5 personnes + le guide. Tarif : 15€ par personne. Tél. : 06 16 19 65 58. Accès : Gare de Vitry RER C

© Manon Gayet pour Enlarge your Paris
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