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Offrez-vous un voyage à travers l’architecture contemporaine en Île-de-France

Du 16 au 19 octobre, les Journées nationales de l'architecture auront pour thème « Architectures du quotidien ». D'Évry à Cergy en passant par Paris et Ivry, ce sera l'occasion de mieux connaître le patrimoine labélisé « Architecture contemporaine remarquable ». Ce dont nous parle Jérôme Bohl de la Direction régionale des affaires culturelles d'Île-de-France.

En partenariat avec la Drac Île-de-France

Quelle est la vocation du label « Architecture contemporaine remarquable » ?

Jérôme Bohl : Ce label est décerné par le ministère de la Culture via les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Créé en 1999, il s’est d’abord appelé « Patrimoine du XXe siècle » et est né du constat que l’architecture du XXe siècle demeure assez méconnue. Il s’agissait donc de faire évoluer les connaissances. Le label Architecture contemporaine remarquable (ACR) se distingue de la protection au titre des Monuments historiques en valorisant uniquement des réalisations ayant moins de 100 ans, sans constituer une servitude. Nous nous concentrons beaucoup sur l’après-Seconde Guerre mondiale, qui est une période très riche. Outre la mise en valeur, le label a aussi pour but d’accompagner les propriétaires dans les travaux. En France, on compte aujourd’hui près de 1 800 bâtiments labélisés dont 250 en Île-de-France.

Pourquoi labéliser les logements collectifs et, parmi ceux-ci, les logements sociaux ?

Le logement collectif est l’une des grandes problématiques du XXe siècle. Ce n’est pas anodin si les Journées nationales de l’architecture ont pour thème cette année « Architectures du quotidien ». À l’époque, il s’agissait de répondre à un manque crucial de logements en raison à la fois de l’exode rural, des mouvements migratoires, des guerres ou encore de l’insalubrité du bâti ancien. On s’est alors appuyé sur de nouveaux matériaux comme le béton ou l’aluminium mais aussi sur l’industrialisation des méthodes de production. Parfois situées dans des zones enclavées ou mal considérées, ces constructions n’ont pas forcément la reconnaissance qu’elles méritent. Le label permet aussi aux habitants de s’approprier différemment l’endroit où ils résident et qui est ainsi valorisé.

Les logements collectifs illustrent bien l’histoire politique de la région, qu’il s’agisse du communisme municipal ou des villes nouvelles nées sous De Gaulle. Ils ont mobilisé des architectes de renom comme André Lurçat, Fernand Pouillon ou Émile Aillaud. Comment l’expliquez-vous ?

Pour beaucoup d’architectes, notamment ceux engagés politiquement à gauche, cela manifestait un intérêt pour l’amélioration des conditions de vie, œuvrer pour le bien commun en répondant à une demande importante. Il suffit d’observer les fameuses tours Nuages d’Emile Aillaud à Nanterre (Hauts-de-Seine) qui s’inscrivent dans une approche esthétique du logement social, proposant un cadre de vie qui n’est pas monotone.

Est-il compliqué de préserver ce type de patrimoine ?

C’est un sujet délicat car les logements collectifs font souvent l’objet de travaux, en particulier pour en améliorer le confort thermique. Dans le cadre de ces rénovations, la dimension « remarquable » du bâti n’est pas toujours prise en compte. Parfois, par un remplacement des huisseries, ou juste par une modifications de couleurs, on peut perdre quelque chose de ce caractère remarquable. C’est une typologie fragile de bâtiments pour lesquels la recherche de compromis entre les conditions de vie et la qualité architecturale est nécessaire.

Infos pratiques : Journées nationales de l’architecture sur le thème « Architectures du quotidien » du 16 au 19 octobre. Infos et réservations pour les visites sur journees.architecture.culture.gouv.fr

La résidence du Point du Jour à Boulogne-Billancourt / © DRAC IDF
La résidence du Point du Jour à Boulogne-Billancourt / © Drac Île-de-France

Le regard de Jérôme Bohl sur 7 logements collectifs à découvrir lors des Journées nationales de l’architecture 

Le Belvédère à Cergy-Pontoise 

« C’est l’exemple le plus récent de cette sélection puisqu’il date des années 80. Dans cette architecture post-moderne et monumentale, on retrouve le vocabulaire de l’architecte catalan Ricardo Bofill. Il faut aussi souligner la forme singulière de cette construction, également marquée par l’intervention de l’artiste Dani Karavan avec cette tour centrale de 36 mètres de haut qui dirige naturellement les passants vers le fameux Axe majeur de Cergy. »

Infos pratiques : Le Belvédère, place des Colonnes Hubert-Renaud, Cergy-Pontoise (95). Accès : gare de Cergy–Saint-Christophe (RER A)

Les Pyramides d’Évry 

« Ces logements, élaborés dans les années 1970, se composent de cellules d’habitation individuelles agglomérées les unes aux autres. L’ensemble s’inscrit dans la continuité des principes d’immeubles en gradins avec terrasses. L’ensemble est dans le sillage des Pyramides bâties à Villepinte entre 1969 et 1971 et conserve une esthétique marquante. »

Infos pratiques : Les Pyramides, rue des Pyramides, Évry (91). Accès : gare d’Évry-Courcouronnes (RER D)

La cité Thorez à Ivry-sur-Seine 

« C’est un édifice dont la massivité est atténuée par différents niveaux. Il a un aspect pyramidal avec le clocheton qui le surmonte. Bien qu’il ait été édifié en 1953, il témoigne d’une esthétique très marquée par l’entre-deux-guerres avec notamment l’usage de la brique et une entrée en rotonde. Sa force : en dépit d’un nombre important de logements, sa forme n’inspire aucun sentiment de monotonie. »

Infos pratiques : Cité Maurice Thorez, avenue Georges-Gosnat, Ivry-sur-Seine (94). Accès : métro Mairie d’Ivry (ligne 7)

La cite Maurice Thorez à Ivry / © DRAC IDF
La cité Maurice-Thorez à Ivry / © Drac Île-de-France

Résidence d’Hennemont à Saint-Germain-en-Laye

« Cet ensemble de logements bâti au début des années 50 par Jean Dubuisson et Félix Dumail avait pour vocation d’accueillir les familles des officiers de l’OTAN. C’est un ensemble qui a vraiment fait date, un jalon important dans l’industrialisation des méthodes de construction. La forme des édifices structure l’espace. En même temps, l’ensemble demeure à taille humaine, avec une attention portée aux conditions d’ensoleillement tout comme à l’organisation du logement. »

Infos pratiques : Résidence d’Hennemont, 42, rue Saint-Léger, Saint-Germain-en-Laye (78). Accès : tram T13 arrêt Lisière Péreire

La résidence du Point-du-Jour à Boulogne-Billancourt 

« Ces 2 200 logements constituent la dernière réalisation du célèbre architecte Fernand Pouillon en Île-de-France. On y retrouve ce qui fait le style de Pouillon : la composition dans une veine classique, la pierre de taille en parement, le rapport aux paysages avec les espaces verts et le bassin. C’est une vraie promenade architecturale. »

Infos pratiques : Résidence du Point-du-Jour, 106-108, rue du Point-du-Jour, Boulogne-Billancourt (92). Visite prévue le dimanche 19 octobre à 15 h 30. Accès : métro Marcel Sembat (ligne 9). Infos et réservations sur journeesarchitecture.culture.gouv.fr

La Cité Delaune à Saint-Denis 

« À Saint-Denis, quatre ensembles ont été réalisés par André Lurçat. La cité Delaune se situe dans la continuité de la cité Fabien juste en face. Elle possède des parements en brique alors que, sur les autres ensembles réalisés par Lurçat, ils sont en béton. Là aussi on se trouve face à une proposition à échelle humaine. Un soin tout particulier a été apporté aux entrées d’immeubles. Tout comme la cité Paul-Langevin ou la cité Guynemer, également réalisées par Lurçat, on se situe dans un entre-deux par rapport aux cités jardins de l’entre-deux guerres et les grands ensembles. Cela vaut le coup de parcourir Saint-Denis afin de contempler les réalisations menées sur place par cet architecte. »

Infos pratiques : Cité Auguste-Delaune, avenue du Colonel-Fabien, Saint-Denis (93). Accès : tram T1 arrêt Marché de Saint-Denis

Les Orgues de Flandre à Paris 

« Œuvre majeure de l’architecte allemand Martin Schulz van Treeck, c’est un ensemble singulier composé de barres sur l’avenue et de tours à l’arrière. Il tient son nom des jeux de saillies qui le rapprochent de l’instrument de musique et lui confèrent un plan complexe apportant un bon niveau de luminosité dans les appartements. »

Infos pratiques : Les Orgues de Flandre, 69-95 avenue de Flandre, Paris (19e). Accès : métro Stalingrad (lignes 2, 5 et 7)

Les Orgues de Flandres à Paris / © DRAC IDF
Les Orgues de Flandre à Paris / © Drac Île-de-France

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