Culture
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Notre sélection d’expos pour enfin prendre l’art

Photo de Willy Ronis tirée de l'exposition "Willy Ronis en RDA, la vie avant tout" à l'Espace Richaud à Versailles / © Willy Ronis
Une école de Berlin Est photographiée par Willy Ronis et tirée de l’exposition « Willy Ronis en RDA, la vie avant tout » à l’Espace Richaud à Versailles / © Willy Ronis

Les musées rouvrent ce 19 mai : Youpi ! Et comme vous n'avez pas besoin de nous pour prendre vos billets au Louvre ou à Orsay on vous a dégoté des expos loin des grands classiques que vous allez aimer découvrir après tous ces mois d'abstinence.

Prendre une leçon de peinture érotique

Voilà une exposition qui tombe à pic alors que le Covid, paraît-il, a calmé nos ardeurs. “L’empire des sens” – tout est dans le titre – est une ode au désir et à la sensualité au musée Cognacq-Jay à Paris (3e). S’y aventurer, c’est prendre un aller simple pour Cythère, l’île de l’Amour, pour y retrouver François Boucher, premier peintre du roi Louis XV. Mieux qu’un numéro d’effeuillage, l’artiste suggère sans (trop) montrer, et embarque ses acolytes de l’époque dans un trip artistique charnel. Ici, une femme nue ôte sa chemise sous le regard d’Antoine Watteau ; là, la jouissance féminine s’exprime sous le pinceau de Jean-Baptiste Greuze. Comme une ambiance qui rappelle Le Verrou, peint par l’un des élèves de François Boucher, Jean-Honoré Fragonard.

Infos pratiques : Exposition “L’empire des sens de Boucher à Greuze” au musée Cognacq-Jay, 8 rue Elzévir, Paris (3e). Jusqu’au 18 juillet. Fermé le lundi. Tarif : 8€ (plein tarif). Accès : Métro Saint-Paul Ligne 1 ou Métro Chemin-Vert Ligne 8. Infos et réservation sur museecognacqjay.paris.fr

Willy Ronis de l’autre côté du Mur

En 1960 et 1967, le photographe Willy Ronis réalise des reportages en RDA (République démocratique allemande). A l’Espace Richaud de Versailles (Yvelines), ce sont 130 tirages pris lors de ses périples qui sont présentés au visiteur. Labeur à l’usine, travaux agricoles, scènes familiales mais aussi balnéaires… Willy Ronis tente de capter toutes les dimensions l’ex-pays du bloc de l’Est. On peut imaginer que Ronis, que ses idées portent à gauche, adhère au système socialiste, dans ce qu’il a d’humaniste, de progressiste. Néanmoins, justement parce qu’elles se situent du côté de l’humain, ses photos évitent la complaisance. Parti pris intéressant : les concepteurs de l’exposition ont voulu mettre en avant cette dimension universelle de l’oeuvre de l’artiste en croisant des photos prises en France et d’autres en RDA. L’occasion aussi de découvrir l’Espace Richaud, ancien hôpital royal voulu par Louis XV. Ronis hébergé par un monarque ? L’idée aurait sans doute fait sourire le photographe.

Infos pratiques : Exposition « Willy Ronis en RDA, la vie avant tout » à l’espace Richaud, 78 boulevard de la Reine, Versailles (78). Jusqu’au 19 septembre. Du mercredi au dimanche de 14h à 18h. Tarif : 5€ (plein tarif), gratuit pour les moins de 26 ans. Accès : Gare de Versailles Rive Droite Ligne L. Plus d’infos sur versailles.fr

Se brancher au détecteur de fake news

Bienvenue dans le merveilleux univers des fake news. Voilà une exposition qui ferait un très bon numéro de Cash Investigation. La Fondation EDF à Paris (7e) déconstruit les fausses informations, souvent relayées sur les réseaux sociaux, épaulée par le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information. Entre les murs de l’ancienne sous-station électrique de Sèvres construite en 1910 (ça, ce n’est pas un mytho), vous découvrirez la fameuse fausse Une du New York Times diffusée à un million d’exemplaires par le collectif Yes Men en 2008. Mais aussi vingt autres œuvres et trente dessins de presse signés Plantu, Marie Morelle, Samuel Rousseau ou encore Stellina Chen. « Qu’est-ce qui est vrai ? », voilà qui ferait un bon sujet de bac de philo. Début de réponse avec cette exposition qui tombe à point nommé après plusieurs mois enfermés derrière nos écrans.

Infos pratiques : Exposition “Fake News : Art, Fiction, Mensonge” à la Fondation EDF, 6 rue Juliette Récamier, Paris (7e). Jusqu’au 30 janvier 2022. Fermé le lundi. Entrée libre sur réservation. Accès : Métro Sèvres-Babylone Ligne 12 ou métro Saint-Sulpice Ligne 4. Infos et réservations sur fondation.edf.com

"Etude de pied pour l'odalisque blonde" par François Boucher dans le cadre de l'exposition “L’empire des sens de Boucher à Greuze” au musée Cognacq-Jay à Paris / © Musée Carnavalet - Paris Musées
« Etude de pied pour l’odalisque blonde » par François Boucher dans le cadre de l’exposition “L’empire des sens de Boucher à Greuze” au musée Cognacq-Jay à Paris / © Musée Carnavalet – Paris Musées

L’Afrique s’invite à Jouy-en-Josas

A Jouy, les tissus ont une histoire. C’est dans cette petite ville des Yvelines, à quelques encablures du château de Versailles, que l’authentique toile de Jouy a vu le jour en 1760, dans la manufacture de Christophe-Philippe Oberkampf. Alors, entre les murs du musée de la toile de Jouy, on tisse le lien entre les époques et les peuples. L’Afrique se raconte ainsi au travers de ses plus belles étoffes dans l’exposition “Fibres africaines”. Les tapisseries, masques et tuniques, ornés de soie et de perles de verre, se transforment  en véritables œuvres d’art. Florilège de motifs, de matières – raphia, écorces d’arbres, coton teinté – et de couleurs, du bleu indigo au rouge vif, nous voilà pris d’une envie de nous mettre à la couture.

Infos pratiques : Exposition “Fibres africaines” au Musée de la toile de Jouy, 54 rue Charles-de-Gaulle, Jouy-en-Josas (78). Jusqu’au 5 septembre. Fermé le lundi. Tarifs : 8€ (plein tarif), 6€ (tarif réduit), gratuit jusqu’à 7 ans. Accès : Gare de Petit Jouy-Les Loges RER C. Plus d’informations sur museedelatoiledejouy.fr

Le Paris des années 1950 en 50 clichés

Photographe d’origine italienne, Frank Horvat a notamment marqué de son empreinte la photo de mode. Mais c’est un travail plus documentaire que donne à voir la Maison Doisneau à Gentilly (Val-de-Marne). L’institution met en lumière une série que l’artiste a réalisée dans les années 50 à Paris. Le photographe, qui voyait la capitale comme une « ville kaléidoscopique », utilise notamment un objectif 400 mm très puissant. Lequel donne une couleur toute particulière à ses clichés. A l’instar de ces visages angoissés de femmes pris en très gros plan. Saisis pendant une manifestation? Le titre nous détrompe : « Téléobjectif, foule de Noël aux Galeries Lafayette ». Elle est comme ça, l’oeuvre d’Horvat : l’artiste a beau dépeindre des scènes ordinaires, sa maîtrise technique lui permet de créer un décalage, voire un malaise. Avec lui, la gare Saint-Lazare semble nappée d’un épais brouillard d’où émergent des ombres fantomatiques. Un effet obtenu grâce à une longue ouverture du diaphragme. Et que dire de cet « Autoportrait, Le Sphynx » de 1956 ? Dans le reflet d’une glace, Horvat, appareil à l’oeil, pose à côté d’une danseuse de cabaret. La chevelure blonde oxygénée, la poitrine dénudée et les lèvres peintes surlignent la désespérance dans le regard du modèle.

Infos Pratiques : Exposition « Frank Horvat. Paris, années 50 » à la Maison Doisneau, 1 rue de la Division du Général Leclerc à Gentilly (94). Jusqu’au 19 septembre. Fermé lundi mardi. Entrée libre. Accès : Gare de Gentilly RER B / Station Stade Charléty Tramway T3. Plus d’infos sur maisondoisneau.grandorlyseinebievre.fr

Les arts de la table de l’antiquité à nos jours

Le reconfinement avait conduit à la fermeture trop rapide de cette superbe exposition. Aussi, le 19 mai, direction la Manufacture de Sèvres (Hauts-de-Seine) pour découvrir l’exposition « A table ! », consacrée aux arts de la table de l’Antiquité à nos jours. On n’aurait jamais cru virer extatique devant une fourchette ou une assiette et pourtant… Souvenir ému de cette superbe théière du XVIIIe en forme de dragon rose et vert, la vapeur de l’eau chaude sortant par les naseaux. Big up au surtout dit du « Jeu de l’écharpe » : datant de 1900, cet ensemble se compose de quinze statuettes en biscuit de porcelaine esquissant des pas de danse qui évoque les chorégraphies de Loïe Fuller. Sans oublier  « Louis XXI », le service imaginé pour Sèvres en 2010 par l’artiste Andrea Branzi : couleur chair, les pièces semblent au bord du chavirement… Autant de beautés qui donnent envie de remettre (correctement) le couvert.

Infos pratiques : Exposition « A table ! Le repas, tout un art » à la Manufacture de Sèvres, 2 place de la Manufacture, Sèvres (92). Jusqu’au 19 octobre. Fermé le mardi. Tarif : 8€ (plein tarif), gratuit pour les moins de 25 ans. Accès : Métro Pont de Sèvres Ligne 9 / Station Musée de Sèvres Tramway T2. Plus d’infos sur sevresciteceramique.fr

Le post-impressionnisme comme si c’était Yerres

Pour les férus d’histoire de l’art, Paul Durand-Ruel n’est pas un inconnu. Il fut le marchand de Monet, Renoir ou Degas. Mais dans sa galerie, il défendit aussi des peintres du mouvement post-impressionniste. Ce sont eux- Loiseau, Moret, André- que cette exposition à la Propriété Caillebotte à Yerres (Essonne) propose de découvrir, réparant ainsi une injustice : moins connus que leurs illustres aînés, ces chantres du post-impressionnisme méritent le détour ; qu’il s’agisse de la Gare de banlieue figurée par Georges d’Espagnat, figeant l’arrivée d’un train en gare, ou du Pont suspendu de Triel par Gustave Loiseau, dans lequel le paysage et son reflet dans la Seine se répondent délicatement. 

Infos pratiques : Exposition « Paul Durand-Ruel et le post-impressionnisme » à la Propriété Caillebotte, 8 rue de Concy, Yerres (91). Jusqu’au 24 octobre. Fermé le lundi. Tarif : 10 € (billet couplé avec la visite de la Maison Caillebotte), gratuit pour les moins de 16 ans. Accès : Gare de Yerres RER D. Plus d’infos sur proprietecaillebotte.fr

Le Paris des années 50 vu par le photographe Franck Horvat / © Franck Horvat
Le Paris des années 50 vu par le photographe Franck Horvat à la Maison Doisneau à Gentilly / © Franck Horvat

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