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Narvalos, un court-métrage loin des clichés sur Clichy-sous-Bois

Le court métrage "Narvalos" du réalisateur Bilel Chikri dépeint sans cliché le quartier Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois / DR
Le court métrage « Narvalos » du réalisateur Bilel Chikri dépeint sans cliché le quartier Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois / DR

"Tu n'as rien vu à Hiroshima", écrivait Marguerite Duras. "Tu n'as rien vu à Clichy-sous-Bois", pourrait dire Bilel Chikri. Le jeune réalisateur dépeint dans son court-métrage "Narvalos", diffusé dimanche sur Arte, son quartier du Chêne-Pointu. Prière d'abandonner les clichés avant d'entrer...

Direct dans l’ambiance. Quand on l’appelle pour discuter avec lui de son court-métrage « Narvalos » diffusé dimanche 28 mars à 00.30 dans l’émission « Court-Circuit » sur Arte, le réalisateur Bilel Chikri, passé par l’école Kourtrajmé, est en train de se commander « un p’tit grec avec sauce blanche pour le goûter« . On notera une légère infidélité à sa ville natale puisqu’il se trouve alors dans un kebab de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis).

Or, dans « Narvalos », c’est bien Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où il est né, qu’il met en scène. Et plus précisément le quartier du Chêne Pointu, une vaste copropriété signée par l’architecte Bernard Zehrfuss dans les années 60 et vouée à la démolition dans les dix années à venir. Bilel Chikri dépeint l’arrivée dans le quartier d’Ali, un jeune étudiant marocain venu poursuivre ses études à Paris. Il est hébergé par sa famille et découvre, à cette occasion, que ses cousins n’habitent pas « intra-muros » mais à Clichy-sous-Bois. Une histoire inspirée de la vie même du réalisateur : « J’ai eu moi-même un cousin venu du Maroc pour étudier. Il ne savait pas ce qu’était la banlieue et encore moins Clichy-sous-Bois. Quand il est arrivé au Chêne Pointu où j’habite, j’ai lu le choc sur son visage. »

Loin des clichés habituels

« Narvalos » se regarde comme une exploration du quartier du Chêne-Pointu au gré des rencontres avec ses habitants. Bilel Chikri donne à voir l’âme de chacun des bâtiments aux allures faussement uniformes. Il y a celui qu’on surnomme Baltimore, « lieu de deal et des courses à moto », mais aussi ce hall squatté par les Babyliss, «la nouvelle génération qui se lisse les cheveux » et se prêtent leurs fers à lisser. Loin des clichés habituels, le réalisateur montre un quartier où les communautés se côtoient sans heurts, où l’humour et la punchline qui tue jouent à domicile. « Ça parle de gens qui se serrent les coudes », résume Bilel Chikri. Et si parfois, on écarquille les yeux, le réalisateur le martèle : « tout ce que je raconte est vrai ».

Sans pour autant sombrer dans le rose bonbon. Au gré des déambulations d’Ali et de son cousin dans le quartier, la misère surgit par touches : le mal-être psychologique de certains habitants, les ravages de la drogue ou la dureté du quotidien sont dépeints sans ambages. En résulte un portrait contrasté et émouvant du Chêne Pointu. Un portrait amoureux du quartier, au sens où il s’agit d’aimer l’autre, autant pour ses qualités que pour ses défauts.

Infos pratiques : « Narvalos » de Bilel Chikri. Diffusé dimanche 28 mars à 00.30 sur Arte dans « Court-Circuit » puis en replay sur le site de l’émission

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