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Mieux connaître l’histoire de Gaza à l’Institut du monde arabe

L'exposition « Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d’histoire » est à voir jusqu'au 2 novembre à l'Institut du monde arabe à Paris / © Arthur Weidmann (Wikimedia commons)
L’exposition « Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d’histoire » est à voir jusqu’au 2 novembre à l’Institut du monde arabe à Paris / © Arthur Weidmann (Wikimedia commons)

Alors que la France reconnaîtra l'Etat palestinien en septembre, l'Institut du monde arabe à Paris accueille jusqu'au 2 novembre l'exposition « Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d’histoire » qui met en lumière une cité qui a toujours su se montrer résiliente.

L’exposition est discrète autant qu’émouvante. Pour la voir, il faut se rendre au sous-sol de l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris (5e ). « Trésors sauvés de Gaza » nous dit comment une guerre détruit non seulement les corps des hommes mais aussi leur culture. Y sont présentées 130 pièces témoignant de la richesse de Gaza depuis l’âge de bronze. Une oasis au carrefour des routes commerciales importantes qui assimila les influences égyptiennes, romaines, grecques, ottomanes. Beaucoup d’objets présentés sont issus de la collection de Jawdat Khoudary, entrepreneur palestinien.

En 2007, l’homme prête nombre de ses œuvres pour une exposition à Genève. Depuis 17 ans, elles sont en caisses, dans la cité helvète, conservées par le musée d’Art et d’Histoire de Genève car les conditions pour leur retour à Gaza – elles ont été offertes en 2018 à l’Autorité nationale palestinienne – ne sont pas réunies. Cette exposition est l’occasion de les admirer ainsi que des pièces issues des fouilles archéologiques d’une équipe franco-palestinienne en 2000. Et de restituer à Gaza son passé flamboyant.

Un anneau d’amarre en marbre blanc à la forme incroyablement pure évoque l’histoire portuaire de la ville ; des amphores rappellent qu’à partir du IIe siècle, Gaza devint une grande exportatrice de vins. Une Aphrodite (ou une Hécate) au corps indolent témoigne de l’influence grecque sur la cité. Il y a aussi ce sublime pavement de mosaïque aux motifs animaliers provenant d’une église byzantine disparue. L’exposition parle aussi d’une cité résiliente. En – 332 avant notre ère, elle est détruite par Alexandre de Macédoine, puis reconstruite. En – 97, elle est laissée à l’abandon par les Hasmonéens. Encore une fois, elle renaît. Tantôt sous domination romaine, chrétienne, ottomane, elle est modelée par ces différentes influences.

L'exposition permet notamment de se rendre compte de l'ampleur des destructions / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
L’exposition permet notamment de se rendre compte de l’ampleur des destructions / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Un état des lieux des dommages 

La deuxième salle de l’exposition met l’accent sur la question de la préservation. Y sont présentées des photos du père Savignac, archéologue et photographe qui saisit Gaza au début des années 1920. Mais ce qui serre le cœur, c’est de voir combien, depuis octobre 2023, le patrimoine gazaoui fait les frais des attaques israéliennes. À l’instar de la mosquée Al-Umari, située au cœur de la vieille ville de Gaza, bombardée le 8 décembre 2023, dont ne demeure que le minaret. Ou le site archéologique de Blakhiya, ancienne cité grecque d’Anthédon de Palestine, un des ports les plus importants de la Méditerranée orientale. Il est situé dans une zone de bombardement de haute intensité et l’ampleur des dégâts est à ce jour inconnue. Une carte donne le vertige : en février 2025, l’Unesco recense 76 sites endommagés parmi lesquels des mosquées, des sites archéologiques, une forteresse, des bâtiments d’intérêt historique.

Président de l’IMA, Jack Lang met les mots sur l’importance de cette exposition : « Plus que jamais aujourd’hui, en particulier depuis le 7 octobre et les destructions ultérieures, explique-t-il, Gaza mérite que l’on raconte son histoire. Parce que les pièces archéologiques qui sont présentées dans cette exposition inédite ont été sauvées de la destruction par l’exil. Parce que la guerre qui fait rage abîme, parfois efface des pans entiers de l’identité de cette terre jadis florissante et véritable carrefour des civilisations entre l’Asie, l’Arabie, l’Afrique et la Méditerranée. » À l’heure où un président américain rêverait de transformer Gaza en « Riviera », niant ainsi sa population et sa richesse historique, cette exposition se révèle plus que nécessaire.

Informations pratiques : exposition « Trésors sauvés de Gaza, 5 000 ans d’histoire » à l’Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris (5e). Jusqu’au 2 novembre. Ouvert du mardi au vendredi de 11 h à 19 h, les samedis, dimanches et jours fériés de 11 h à 20 h. Tarifs : 10 € (plein tarif), 7 € (moins de 18 ans). Accès : métro Jussieu (lignes 7 et 10). Infos et réservations sur imarabe.org

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