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Le Colors Festival donne carte rouge à 80 artistes dans un immeuble de bureau

La troisième édition du Colors Festival s'est installé dans un immeuble du bureau dans le 19e à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
La troisième édition du Colors Festival s’est installée dans un ancien immeuble du bureau dans le 19e à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Après avoir investi un immeuble du 6e arrondissement ainsi qu'un atelier de construction de la Tour Eiffel, le Colors Festival s'est trouvé un nouveau terrain d'expression : un ancien immeuble de bureau du 19e arrondissement à Paris. Pour cette nouvelle édition, il a donné carte blanche (ou plutôt carte rouge) à 80 artistes. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard en a arpenté les 4 500 m2.

Un grand immeuble de bureaux, tout en baies vitrées. Un de ces immeubles que l’on peut croiser en bordure de périphérique, ou sur les boulevards des Maréchaux. Ça tombe bien, on se trouve justement sur le boulevard Macdonald (19e). Mais ce qui différencie le bâtiment de ses congénères abritant habituellement sièges sociaux ou call centers, c’est la façade du rez-de-chaussée peinte en rouge pétard. L’endroit fut bien occupé par Orange mais l’entreprise l’a déserté. En attendant d’être réhabilité en logements, il accueille la troisième édition du Colors Festival Paris et, au gré de ses 4 500 m2, les œuvres de 80 artistes.

Elles se multiplient, ces expositions qui prennent place dans des lieux en transition et présentent des œuvres de street art. Or, il faut bien le dire, pour des billets au prix pas donné-donné, la qualité est parfois plus que variable. Pour ce troisième opus, le Colors Festival tient ses promesses. Le principe est le même que d’habitude : hormis l’obligation d’adopter certains codes couleur – cette année : le rouge, le violet et le blanc –, les artistes sont priés de laisser libre cours à leur imagination. D’entrée de jeu, plusieurs tendances se dégagent.

Par rapport aux années précédentes, la tension politique des œuvres est plus présente. L’expo s’ouvre d’ailleurs par une œuvre de Djalouz fustigeant la condition des migrants traversant la Méditerranée. Face à eux, un homme, dans une bouée gonflable sirote un cocktail, une caméra de surveillance amarrée à son embarcation et une télé branchée sur… BFM. Plus loin, avec Sang d’Iran, smaCk3 évoque la situation des femmes iraniennes en quête de liberté. Et, tandis que Pesimo critique la posture évangélisatrice des colons occidentaux en Amérique du Sud, Dave Baranes dénonce le trafic des défenses d’éléphant en installant un pachyderme au beau milieu d’une station de métro. 

La troisième édition du Colors Festival s'est installé dans un immeuble du bureau dans le 19e à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
© Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Clins d’œil à Stranger Things et Shining

Autre tendance : les années 80 qui n’en finissent pas d’aiguiser les imaginaires. Jo di Bona propose une fresque géante représentant Eleven, l’héroïne de Stranger Things, et donne au spectateur le sentiment de pénétrer dans une pièce qu’elle vient littéralement de retourner grâce à ses pouvoirs. Piotre, lui, s’immerge dans l’univers de Shining avec la fameuse porte marquée du non moins fameux REDRUM et l’encore plus fameux tricycle de Danny. Au sous-sol, les jeux de lumière autour de la phosphorescence et des couleurs fluorescentes donnent envie d’enfiler un jean neige et une veste à épaulettes.

Pour cette nouvelle édition, le Colors Festival a aussi joué la carte du ludique en proposant des œuvres que le public peut manipuler. C’est le cas de Claks One qui offre aux spectateurs la possibilité de réaménager sa création faite de petits carrés. Mouad Aboulhana invite chacun à grimper dans une petite charrette, direction Marrakech. Les enfants ne s’en privent pas, tout comme ils s’immergent dans l’installation de Linda Mestaoui qui reproduit un garage dont un adepte du « cross bitume » aurait fait son repère. Un seul bémol dans ce parcours sans faute : le café installé à la fin de l’expo. L’idée de proposer au visiteur un endroit où faire une pause au milieu des œuvres dans la partie « blanche », sans doute la plus poétique, est plutôt bonne. Ce qui est moins poétique en revanche, ce sont les prix pratiqués : à 5,50 € l’infusion au gingembre, 6 € le jus de fruit et 4,50 € le cookie, l’addition grimpe plus vite que nous les marches du bâtiment ! Il faut bien l’admettre, ça fait (un peu) dégringoler le plaisir…

Infos pratiques : Colors Festival Paris, 105, boulevard Mac Donald, Paris (19e). Ouvert les lundis, mercredis, jeudis et vendredis de 11 h à 18 h (dernière entrée à 18 h), les samedis, dimanches de 10 h à 18 h (dernière entrée à 18 h). Ouvert également les mardis des vacances scolaires de la zone C et les jours fériés. Tarifs : 15 € (plein tarif). 6 à 10 € (tarif réduit). Accès : métro Porte de la Villette (ligne 7) / tramway T3b arrêt Porte de la Villette. Réservation en ligne ici et plus d’infos sur colorsfestivals.com

La troisième édition du Colors Festival s'est installé dans un immeuble du bureau dans le 19e à Paris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
© Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

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