L’odonymotourisme, une nouvelle forme de tourisme qui va vous étonner

Cofondateur du Laboratoire de Tourisme Expérimental, Joël Henry aime imaginer des façons inédites de découvrir le monde. Parmi ses propositions : le donquichottourisme, qui consiste à visiter toutes les villes comportant "moulins" dans leur nom. Sa dernière idée : l'odonymotourisme, avec comme principe d'imaginer des itinéraires en tenant compte du nom des rues.

Commençons par une définition… Que signifie l’odonymotourisme ?

Joël Henry : L’odonyme, c’est tout simplement le nom des rues. Il s’agit donc de voyager en se fixant des contraintes liées au nom des allées, boulevards, avenues, chemins… Or le Grand Paris est la plus grande réserve odonymique du monde francophone. Cela permet donc de se donner des buts de promenade amusants. 

Comment avez-vous élaboré vos parcours ?

Je me suis basé sur les listes de noms de voies de 131 communes franciliennes. J’ai tout lu, recensé ce qui existait et, à partir de là, j’ai imaginé mes parcours. A Strasbourg, où je vis, la moitié des noms de rues se rapportent à des montagnes, des villages ou des rivières. Dans le Grand Paris, le vivier est beaucoup plus varié. C’était une vraie chasse au trésor. Par exemple, j’ai trouvé une ruelle des Chiens à Orly (Val-de-Marne). Je me suis dit que ce serait drôle de faire une balade « Entre chien et loup ». Aussi, quand je suis tombé sur une impasse des Loups à Athis-Mons (Essonne), j’étais aux anges ! 

Parmi les balades que vous avez élaborées, y en a-t-il que vous aimez particulièrement ?

J’ai une affection pour le parcours consacré aux manifestations, de la rue de la Fronde à Juvisy-sur-Orge (Essonne) jusqu’au quai de la Révolution à Alfortville (Val-de-Marne) en passant par l’avenue de l’Insurrection à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Ça change du traditionnel République-Nation. 

En regardant les parcours que vous proposez, on se rend compte qu’il y a un certain nombre de noms de rues qui ont trait à des personnages de fiction…

Oui, il existe par exemple des rues du Petit Prince au Bourget (Seine-Saint-Denis) et à Thiais (Val-de-Marne). J’ai trouvé une rue Don Quichotte et Sancho Pança à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) ou des Trois Mousquetaires à Argenteuil (Val-d’Oise). Mais c’est Vitry-Sur-Seine (Val-de-Marne) qui remporte la palme avec une rue Cendrillon, une autre du Petit Poucet, et également du Petit Chaperon Rouge, du Chat Botté et de Peau d’Âne. Sans doute s’agit-il d’un lotissement qui a adopté cette thématique.

Quel plaisir y a-t-il à voyager en mode odonymotouristique ?

C’est une manière de voyager qui repose sur des contraintes ce qui, paradoxalement, procure un sentiment d’indépendance. Certes, on a un dispositif cadré mais à l’intérieur de celui-ci, on est finalement très libre ! L’odonymotourisme peut aussi nous détourner, de par cette contrainte justement, des lieux touristiques classiques. Cela oblige le voyageur à être d’autant plus en éveil et à porter son attention sur des choses qu’il n’aurait peut-être pas remarquées de façon classique. Et puis, quoi de mieux que de dessiner soi-même son propre parcours selon son inspiration ?

Quelques idées de balades proposées par Joël Henry. Attention, elles n’ont pas été testées in situ !