Elle s'étend sur près de dix fois le jardin du Luxembourg à Paris et, avec la forêt de Meudon, elle est la forêt la plus proche du périph. La Malmaison réserve quelques belles surprises qu'est allée découvrir la journaliste d'Enlarge your Paris Joséphine Lebard.
Avouons-le : de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), je connaissais le minimum. À savoir le château de Malmaison, devenu en 1799 propriété de Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Bonaparte. L’existence d’une forêt dans la commune m’était en revanche complètement inconnue. Pourtant, il ne s’agit pas franchement d’un petit bosquet mais d’un domaine qui s’étend sur 200 hectares, soit près de dix fois le jardin du Luxembourg à Paris (6e).
Un mardi matin, je prends donc un bus (le 467 pour être précise) depuis Saint-Cloud pour gagner la forêt. « C’est chouette, le bus », me dis-je en regardant par la fenêtre. Il n’y a pas meilleure poste d’observation pour découvrir des territoires. En l’occurrence, nous traversons Saint-Cloud, Garches et Rueil (Hauts-de-Seine). Autant dire que ça me change de ma Seine-Saint-Denis d’origine. J’ai parfois l’impression de traverser un décor dessiné par le créateur des Polly Pockets, entre pavillons mignonnets et jardins dont les gazons semblent taillés aux ciseaux à ongles.
Le bus me dépose à l’arrêt Saint-Cucufa. Car la forêt de la Malmaison est aussi appelée bois de Saint-Cucufa. Je dégaine mon smartphone pour glaner quelques infos sur ce saint dont le nom risque de bien faire rigoler les enfants et pas seulement… Dans sa chanson Le Cinématographe, Boris Vian y évoque son père « qui plante des choux pas loin de Saint Cucufa ». De fait, Vian a grandi à Ville-d’Avray, non loin du bois. Pourtant, au contraire de son patronyme, le destin de Cucufa n’est pas hilarant. Ce saint de la fin du IIIe siècle fut un évangélisateur de la Catalogne. Il mourut en 304 après avoir été martyrisé. Mais que vient faire saint Cucufa au beau milieu des Hauts-de-Seine ? Il se trouve que la forêt appartenait à la fin du XIIe siècle à des bénédictins qui lui dédièrent une chapelle.
Un petit éden au milieu de la forêt
Justement, au milieu de la forêt, un étang porte son nom. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le Paradis, mais le site a quelque chose d’un petit éden. Les nymphéas sont en pleine floraison et les grosses fleurs blanches s’épanouissent au milieu de l’eau. De l’autre côté de la rive, un héron fait trempette. Tout comme les branches d’un saule pleureur qui viennent chatouiller la surface de l’onde. À l’époque de Joséphine, on trouvait aux abords de l’étang une vacherie et une bergerie. Lors d’un voyage en Suisse en 1810, l’impératrice avait été séduite par les laitages helvètes et avait donc fait importer 500 moutons.
Aujourd’hui, point d’ovidés ; en revanche, sur les bords de l’étang, les oiseaux pullulent. Il paraît qu’on peut aussi apercevoir des chevreuils. Ils ont été réintroduits sur place dans les années 1990. Pour ma part, je n’en ai pas croisé. Pourtant, on les imagine bien baguenauder sous les chênes et les châtaigniers, les deux essences qui dominent ici. Le bois est assez vallonné, ce qui offre quelques beaux panoramas sur la région. Et il y en a pour tous les goûts : des allées bien goudronnées comme des petits sentiers plus sauvages.
Une pluie fine commence à tomber sur la forêt. Il est temps de remballer, même si les épais feuillages protègent les promeneurs de l’ondée. Je décide de marcher jusqu’au centre-ville distant d’une petite demi-heure. Sur le trajet, je croise nombre de villas, ces propriétés privées cossues gardées par des portails électriques. Je hausse les épaules. Au moins, en forêt, le beau est accessible à tous.
Infos pratiques : forêt de La Malmaison, 1, route de Longboyau, Rueil-Malmaison (92). Accès : gare de Saint-Cloud (lignes L et U) puis bus 467 arrêt Saint-Cucufa. Plus d’infos sur onf.fr
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23 juillet 2025 - Rueil-Malmaison
