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Une nageuse instagrameuse va tester toutes les piscines de Paris pour désigner la meilleure

Bâtie en 1933 au coeur du Quartier latin à Paris, la piscine Pontoise rouvrira ses portes en septembre 2022 / © Zéphirine
Bâtie en 1933 au cœur du Quartier latin à Paris, la piscine Pontoise rouvrira ses portes en septembre 2022 / © Zéphirine (Wikimedia commons)

En 2022, l'instagrameuse Nageuse parisienne s'est lancé un défi : écumer toutes les lignes d'eau de Paris pour en tirer un classement subjectif et décerner la palme de la meilleure piscine. Enlarge your Paris a pu lui parler avant qu'elle ne soit sous l'eau.

Son compte Instagram Nageuse parisienne a émergé dans les derniers jours de 2021. D’abord, quelques visuels montrant les ondoiements de l’eau sur un carrelage bleu reconnaissable entre mille. Et, très vite, l’objectif est dégainé : « Une ville. 42 piscines. Un an pour les tester toutes et définir, en toute subjectivité, laquelle est la meilleure. » Voici donc la mission que s’est fixée Nageuse parisienne, jeune femme qui préfère que son identité demeure au vestiaire. Entre elle et les piscines de la capitale, l’idylle dure depuis une décennie. « Cela fait dix ans que je nage au moins une fois par semaine. Actuellement, c’est plutôt quatre ou cinq fois d’ailleurs, raconte-t-elle, à raison de 10 à 25 minutes par séance. » Depuis toutes ces années, elle enchaîne les longueurs dans un bassin en particulier, celui de la piscine Alfred-Nakache, dans le 20e arrondissement. Et c’est justement sa fermeture temporaire, lors des dernières vacances de Noël, qui va donner naissance à son projet : « Nakache n’était plus accessible et je me suis rendu compte que j’étais surexcitée à l’idée de tester d’autres piscines parisiennes. Je le vivais comme un voyage. »

Un classement totalement subjectif

Comme elle l’explique en préambule de sa page Instagram, le classement qu’elle entend élaborer se veut subjectif. « Il existe déjà des classements en lien avec la propreté, la fréquentation. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de parler de mon expérience de chaque lieu. » Il est vrai que l’écouter parler des piscines parisiennes réconcilierait n’importe qui ayant la mémoire lestée de souvenirs de verrue plantaire ou de vestiaires cracra. « Au-delà du plaisir de plonger dans l’eau, il existe une esthétique de la piscine à laquelle je suis devenue sensible avec le temps. Cela passe par le carrelage, l’acoustique si particulière… »

Plonger dans ses textes permet d’ailleurs d’enrichir sa connaissance de lieux qu’on connaît sans vraiment les connaître. Ainsi, à propos de la piscine Alfred Nakache, Nageuse parisienne rappelle l’ambition de son architecte Patrick Berger. « Dehors, on voit des lignes d’eau se diriger vers la chaussée ; dedans, en nageant, on se dirige vers les passants explique-t-il. La surface de l’eau est à un mètre au-dessus du niveau du trottoir, les deux se confondent presque, la natation est en ville. » L’occasion également de rappeler que Nakache possède le seul bassin en inox de la capitale.

Un peu d’histoire

Nageuse parisienne entend tester un bassin par semaine, sachant que la capitale en compte 42. « Par le biais des piscines, c’est aussi une autre façon de découvrir Paris », confie-t-elle. C’est aussi l’occasion de découvrir l’histoire de ceux qui donnent leur nom à ces équipements sportifs. « On ne perçoit pas une piscine de la même façon quand on sait à qui elle doit son nom, estime Nageuse parisienne. Cela donne de la chair au lieu. » Le compte Instagram revient donc sur le parcours d’Alfred Nakache, champion du monde du 200 mètres brasse en 1941, déporté à Auschwitz. Ou encore sur Georges Vallerey, au sujet duquel l’autrice prévient : « Ne vous attachez pas trop à lui, parce que ça finit mal ! » En effet, ce multi-médaillé mourra à 26 ans d’une affection rénale.

Prochaine sur la liste : Yvonne Godard, entre autres recordwoman d’Europe des 800 m et 1 500 m nage libre. « J’ai eu un peu de mal à trouver des infos », reconnaît Nageuse parisienne. Preuve – si quelqu’un en doutait encore – que l’invisibilisation des femmes dans l’Histoire n’est pas un vain mot. Car, si l’instagrameuse plonge dans les bassins parisiens, elle s’immerge aussi dans les archives. « Jamais je n’aurais cru m’intéresser un jour à tout ça, s’exclame-t-elle. Je me retrouve à chercher des photos, à consulter des comptes-rendus de conseils municipaux sur un bilan de la première année d’ouverture de la piscine de Reuilly… On se rend d’ailleurs compte qu’il y en a plein qui ont fermé. »

Fin 2022, le banc d’essai devrait donc être achevé. Mais Nageuse parisienne ne compte pas s’arrêter là. Pour 2023, elle se verrait bien prolonger son périple de l’autre côté du périphérique et tester les piscines de la petite couronne. On a hésité mais on ne résiste pas à la tentation de terminer cet article par cette chute, façon bombe de bourrin dans le grand bain : l’aventure n’est donc pas près de se c(h)lore…

Infos pratiques : pour suivre les pérégrinations aquatico-historiques de Nageuse parisienne, rendez-vous sur Instagram

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