Je me suis attablée avec des inconnus dans la « halle food » d’Issy

Les halles d'Issy se sont reconverties en temple de la food depuis un an / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris — Les halles d’Issy se sont reconverties en temple de la cuisine gourmande depuis un an / © Virginie Jannière pour Enlarge your Paris

En ce mardi d’octobre, j’ai comme l’impression d’entrer dans le sac de Mary Poppins, petit d’aspect et immense à l’intérieur. Vues de l’extérieur, les halles d’Issy (Hauts-de-Seine) paraissent presque étroites, coincées entre le pont de la gare Issy–Val-de-Seine, l’impressionnant siège d’Orange et la Seine. Cette réalisation signée Gustave Eiffel en personne s’étend pourtant sur 1 000 mètres carrés, avec entrée soit par le fleuve, soit directement depuis les rails du tram T2. Lorsque je pénètre sous les piliers métalliques, je suis surprise par la sensation d’espace donnée par les larges verrières et me laisse happer par l’ambiance, entre l’atmosphère de bodega (chère aux fondateurs de Biltoki qui gèrent les lieux) et celle de bistrot parisien.

140 ans après sa construction, le bâtiment a été démonté, désamianté, déplombé et remonté dans ce quartier jusque-là davantage réputé pour sa vie de bureau et ses cols-bleus. Après avoir été longtemps occupées par l’agence de pub de Jacques Séguéla puis les labos du groupe Yves Rocher, les halles d’Issy ont retrouvé une nouvelle vie fin 2022 en devenant un temple de la gastronomie. N’imaginez pas pour autant y faire vos courses du quotidien, au risque sinon de casser votre PEL. À Issy, on donne plutôt dans les produits d’exception, entre les jambons pata negra, les délices fromagers de Laurent Dubois, meilleur ouvrier de France, et la délicatesse ultime des gâteaux de Nina Métayer.

Quand le mardi prend des airs de dimanche

À défaut de remplir votre cabas, vous pouvez toutefois vous remplir l’estomac. En cette fin octobre pluvieuse, la foule ne s’est pas fait prier pour venir déjeuner sur les mange-debout et les grandes tablées en bois. Ici (toujours à Issy), on s’assoit où on veut, ou plutôt où on peut, et on fait son choix entre les différents traiteurs installés là (à Issy). Après moult hésitations, je choisis le traiteur libanais, au nom certes peu inspiré (Chez le Libanais) mais à la file d’attente qui me laisse augurer de belles choses dans l’assiette. Si mon « chich taouk » (brochettes de poulet mariné grillé, crudités, houmous et sauce à l’ail) à 14 € se montre savoureux sans pour autant révolutionner la gastronomie, à côté de moi, une jeune femme déguste une soupe phở vietnamienne des plus alléchantes quand son amie dit se régaler de ses antipasti achetés chez le traiteur italien.

Nous sommes toute une tablée qui ne se connaît pas mais l’ambiance est conviviale, les sourires le prouvent. Je repense à mon article il y a un an annonçant l’ouverture imminente des halles. Romain Alaman, l’un des créateurs des Halles Biltoki (concept né en 2015 à Anglet dans le Pays basque), m’avait confié ceci : « On nous dit souvent que le mardi prend des airs de dimanche [dans nos halles]. » Un an plus tard, je confirme. Je me détends donc encore un peu, oublie mon banquier et décide de craquer pour la fabuleuse tarte au citron de Nina Métayer, tout juste sacrée « meilleure pâtissière du monde 2023 ». C’est maintenant tous les jours dimanche à Issy.

Infos pratiques : les Halles d’Issy, 1, rue Rouget de Lisle, Issy-les-Moulineaux (92). Ouvert le lundi de 9 h à 16 h, du mardi au mercredi de 9 h à 23 h, du jeudi au samedi de 9 h à 1 h et le dimanche de 9 h à 16 h. Accès : gare d’Issy–Val-de-Seine (RER C) / tram T2 arrêt Issy–Val-de-Seine. Plus d’infos sur biltoki.com