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J’ai testé le char à voile sur une ancienne base militaire de l’Essonne

La Fédération française de char à voile et le club Kyte de ouf proposent des initiations au char à voile sur une ancienne base militaire en Essonne / © Enlarge your Paris
La Fédération française de char à voile et le club Kyte de ouf proposent des initiations au char à voile sur une ancienne base militaire en Essonne / © Enlarge your Paris

Au Plessis-Pâté, la piste de l'ancienne base aérienne 217 est l'un des trois sites de char à voile en France implanté en dehors du bord de mer. Ce qu'a testé Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris à l'occasion de la mise en place du ticket à 4 € pour voyager dans toute l'Île-de-France.

Depuis le 1er mars, Île-de-France Mobilités propose un nouveau tarif à 4 € pour parcourir toute la région (pour tout achat d’un carnet de 10 tickets, sinon le tarif unitaire est à 5 €). Plus d’infos sur iledefrance-mobilites.fr. Et découvrez plus d’idées sorties sur 4coinsdiledefrancepour4euros.com (reportage réalisé en partenariat avec Île-de-France Mobilités)

Située sur les communes de Brétigny-sur-Orge et du Plessis-Pâté (Essonne), la base 217 a vu passer de grands moments de l’histoire de l’aviation. Le 31 mai 1955, Jacqueline Auriol y devient la première Française à franchir le mur du son. Et en 1962, le Centre national d’études spatiales (CNES) s’y implante pour quelques années. Quand en 2012 la base ferme, la communauté d’agglomérations Cœur d’Essonne en récupère 300 hectares trois ans plus tard. Le maire du Plessis-Pâté, Sylvain Tanguy, a alors l’idée d’y implanter une activité de char à voile ce qui va conduire à l’installation du club Kite 2 Ouf.

Voilà comment je me retrouve, un lundi après-midi de mars, casque jaune fluo sur la tête, face à une ancienne piste aérienne de près de trois kilomètres de long. Pour le coup, ce n’est pas le vent de l’Histoire qui me fait frissonner, c’est le vent tout court… Ça souffle bien et ma dernière pratique de l’engin remonte à près de 25 ans sur une plage de l’Atlantique. Là, il s’agit de pratiquer sur du bitume, en mode inland (à l’intérieur des terres), comme disent les pros. Et les pros, ici, c’est Éric Chassang, le président de Kite 2 Ouf, et Christophe Roger, le président de la Fédération française de char à voile.

Faire du char à voile un sport urbain

Car, oui, la Fédé va bientôt s’installer ici, en pleine région parisienne. « Il faut savoir changer d’état d’esprit, justifie Christophe. Le char à voile est connu sur le littoral français. Mais, avec les zones Natura 2000 par exemple, il devient de plus en plus difficile de le pratiquer, même si c’est un sport propre…» Le char à voile, prochain sport urbain ? L’idée enthousiasme le président : « Avec la surface d’un terrain de foot, on peut pratiquer. Alors, si on a les autorisations requises, on pourrait très bien imaginer en faire sur un parking de supermarché, par exemple. » Pour Éric, « créer ici un espace de sport en plein air, c’est aussi un véritable défi à l’urbanisation ».

De plus, le paysage est assez étonnant. « Lunaire », même, selon Éric. Les pistes sont entourées d’herbes folles. Ici et là se dressent des vestiges de la base. On trouve même une reproduction presque grandeur nature d’un pied de la tour Eiffel, utilisé comme élément de décor pour le film Eiffel avec Romain Duris. On a le sentiment d’évoluer quelque part entre La Planète des singes et Mad Max. Maître Gims en a d’ailleurs fait le décor de son clip Miami Vice. Bon, fini d’admirer le paysage, il est temps de grimper à bord de l’engin. Éric et Christophe m’organisent un petit parcours en 8 et me donnent les infos de base : pour diminuer la vitesse, il faut relâcher la corde ; pour tourner, appuyer sur un petit bitoniau (j’ai oublié le nom technique) situé à ses pieds. Pour aller à droite, appuyer à gauche et inversement. « Tu verras, c’est assez instinctif », me rassure Éric. Oui, bon, sachant que l’instinct et moi ça fait deux… Et pour la vitesse ? « Pour débuter, on vise les 25-30 km/h. Après, en club, on pousse à 65-70…» Ah oui, quand même ! J’imagine mon char se renverser et mes joues faire des bises au goudron. « C’est vrai qu’en bord de mer on peut déraper, note Éric. Ici, tu peux moins jouer avec la piste. Il faut être plus doux et plus fluide dans sa conduite. D’ailleurs, les pilotes de char à voile inland sont souvent très fins dans leur pratique…»

Un vestige du film Eiffel avec Romain Duris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris
Un vestige du film Eiffel avec Romain Duris / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris

Un sport complet

Un peu tendue, me voilà à bord de l’engin. Christophe me fait démarrer tandis qu’Éric m’attend de l’autre côté. Je commence à rouler et, assez vite, le vent s’engouffre dans la voile. Je relâche ma corde en mode tranquille et dose mes impulsions pour opérer des virages corrects. Éric et Christophe m’encouragent : « C’est très bien ! Continue comme ça ! ». J’ai l’impression de revivre le moment où mes parents ont retiré les petites roues de mon vélo. Au bout de quelques tours, je gagne en confiance. Je file un peu plus vite, mes virages sont plus fluides. Sous le soleil d’hiver, les sensations commencent à se faire sentir. Malheureusement, je perds de vue la leçon apprise lors de mon expérience paddle l’an dernier à Maisons-Lafitte : trop de confiance nuit !

Une bonne rafale de vent s’engouffre dans ma voile, et me voilà filant à toute blinde vers le plot que j’embarque au passage, manquant de percuter Éric. « J’ai l’impression que tu as du mal à distinguer ta gauche de ta droite, non ? » Pas impossible… Je parviens néanmoins, sur les conseils de Christophe, à m’arrêter face au vent. Lors des séances d’initiation, on apprend aussi à travailler les allures, remonter au vent et faire du vent arrière. Je sors du char à voile et note quelques courbatures aux cuisses. « Ça, c’est parce que tu étais un peu crispée », rigole Éric. Christophe vient à mon secours : « Le char à voile est un sport très complet. Il fait travailler les pectoraux, les biceps, les avant-bras, les muscles des doigts et… le cerveau : le vent est un fluide changeant, il t’oblige sans cesse à te poser des questions ! »

Retour à la base pour ranger le matériel. « En France, on n’a que 3 structures sur 115 qui ne sont pas en bord de mer, souligne Christophe Roger. La base 217 en fait partie. C’est quand même super pour les Franciliens de se dire qu’ils n’ont pas besoin d’aller à Berck-sur-Mer ou à Saint-Malo pour pratiquer ! » Rendez-vous en avril pour des sessions d’initiation et hisser les voiles sans avoir à mettre les voiles.

Infos pratiques : Base 217, 8 rue de la Mare-aux-Joncs, Le Plessis-Pâté (91). Sessions d’initiation au char à voile à partir d’avril. Accès : gare d’Évry-Courcouronnes (RER D) puis bus 414 arrêt La Tremblaie gare de Brétigny-sur-Orge (RER C) puis bus 105 B arrêt Mare aux Joncs. Tarif : 35 €. Infos et réservation sur ffcv-resa-charavoile.fr

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