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Comment j’ai appris l’escalade de bloc dans son berceau de la forêt de Fontainebleau

Escalade en forêt de Fontainebleau / © Steve Stillman
La forêt de Fontainebleau est un des hauts lieux de l’escalade dans le monde / © Steve Stillman pour Enlarge your Paris

Alors que Le Bourget accueillera l'escalade aux prochains Jeux olympiques, la forêt de Fontainebleau est depuis plus d'un siècle le berceau mondial de ce que l'on appelle l'escalade de bloc pratiquée sans baudrier, corde ni mousqueton. La journaliste d'Enlarge your Paris Virginie Jannière s'y est essayée.

La rivière olympique de Vaires-Torcy, la piste du Vélodrome national à Saint-Quentin-en-Yvelines, la vague à surf de Cergy ou encore les rochers de la forêt de Fontainebleau… Autant de lieux de sport qui font de l’Île-de-France le plus grand stade au monde desservi par 390 gares hors Paris. Des sites à découvrir jusqu’en septembre à travers une série de reportages en partenariat avec la Région Île-de-France

Qui dit escalade dit souvent baudrier, mousqueton et corde. Pourtant, parmi les trois épreuves d’escalade des Jeux olympiques de Paris 2024 figure l’« épreuve de bloc » qui consiste à grimper sur des parois de 4 mètres de haut sans corde, en faisant appel non seulement à sa force et sa dextérité mais aussi à son esprit d’analyse. Même si les épreuves se déroulent au Bourget (Seine-Saint-Denis), il est possible de s’initier au bloc dans le berceau mondial de cette discipline : la forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Accompagnée pour l’occasion de Jarno, moniteur d’escalade chez Climb With Us, j’arrive sur le parking des Trois Pignons à Noisy-sur-Ecole (Seine-et-Marne), l’un des spots les plus courus pour se hisser sur les quelque 30 000 blocs de grès de cette majestueuse forêt (qui pourrait être un jour classée au patrimoine mondial de l’Unesco).

Arrivés sur place, Jarno me met tout de suite dans le bain. Les matelas pliables que nous allons transporter jusqu’aux rochers vont me permettre de chuter sans me faire mal. Autre précaution : Jarno restera toujours derrière moi afin de m’accompagner dans ma chute, à défaut de pouvoir l’empêcher. « L’escalade est le seul sport individuel qui ne peut pas être pratiqué seul !, explique-t-il. Les matelas ne suffisent pas, on peut toujours tomber à côté ou mal se réceptionner. Il faut quelqu’un pour parer la chute et cela s’apprend. D’ailleurs, on grimpe toujours mieux quand on est accompagné, il y a un effet psychologique et d’entraide indéniable dans ce sport ».

Apprendre à chuter

La séance débute d’ailleurs par un rapide apprentissage de la chute consistant à se laisser tomber de dos sur le tapis sans mettre les mains. Puis nous passons à l’échauffement basé sur des mouvements de yoga, des exercices d’équilibre puis des courtes suspensions aux rochers. Jarno revient sur un cliché trop répandu en escalade : la force physique des bras. Ce n’est pas le plus important. Il me faudra jouer sur les sensations et surtout me servir de mes jambes.

Vient ensuite le moment de mettre en pratique ces recommandations sur le premier rocher. Le moniteur me demande d’abord d’escalader un premier bloc… « Fastoche ! », me dis-je. Cette première ascension me permet néanmoins de comprendre l’importance de ces drôles de chaussons en gomme que j’ai dû enfiler pour l’occasion. En haut du rocher, je me sens fière comme une enfant qui aurait réussi à monter en haut du cerisier de ses grands-parents. Nous changeons de bloc et Jarno me met au défi de grimper au sommet d’un rocher… d’à peine deux mètres (mes mains peuvent agripper son sommet) mais lisse et totalement vertical. Je comprends que répartir le poids de mon corps dans ce genre de cas permet de ne pas riper sur la roche. De bloc en bloc, je teste ainsi les différents types de difficultés. Je croyais faire uniquement fonctionner mes muscles, en réalité, j’apprends beaucoup à analyser et à ne pas me démoraliser après chaque échec.

On compte plus de 30 000 blocs en forêt de Fontainebleau / © Laurent Gébeau (Creative commons - Flickr)
On compte plus de 30 000 blocs en forêt de Fontainebleau / © Laurent Gébeau (Creative commons – Flickr)

Un site naturel à préserver

Autour de moi, je vois grimper des adolescents, des quadragénaires, des enfants de trois ans et même une septuagénaire. J’entends parler français, néerlandais, espagnol et anglais. La réputation des lieux n’est plus à faire. D’ailleurs, de la magnésie – cette poudre blanche utilisée par les gymnastes et les grimpeurs pour ne pas glisser – est visible un peu partout sur la roche.

Mon moniteur m’apprend alors l’importance de la petite brosse que nous transportons pour nettoyer le rocher avant et après notre passage. « Nous sommes ici dans un environnement naturel où vivent des animaux. Il faut autant que possible préserver ces sites. Le premier truc à apprendre aux grimpeurs est l’importance d’effacer les traces. » Alors que j’aperçois au-dessus de nous un écureuil peu farouche transportant son petit dans sa gueule, j’apprends aussi que ces rochers servent de lieux d’habitation à de nombreux oiseaux et insectes, en danger à cause de la magnésie laissée par les grimpeurs.

Un sport collaboratif

Après plus de deux heures de grimpe, Jarno m’entraîne vers un rocher plus difficile. Une jeune femme est alors en train de grimper sous le regard de son compagnon. Contents de faire une petite pause dans leur pratique, ils nous font signe de nous engager à notre tour. Un peu timide de passer après avoir admiré leur dextérité, je préviens alors le couple de mon inexpérience. Je les vois s’installer en dessous pour parer mon éventuelle chute. « Tu n’as pas besoin de dire que tu débutes, me souffle Jarno. En escalade de blocs, il n’y a pas de notion de niveau, tout le monde s’entraide, sans jugement ! »

Au bout de plusieurs essais, je parviens – miraculeusement ? – à me hisser jusqu’en haut de ce bloc de près de 4 mètres de haut. « Un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour moi ! », me dis-je du haut de mon rocher. Je contemple mon moniteur et les deux autres grimpeurs en train de m’applaudir. Je me surprends même à pousser un cri de victoire comme si j’avais gravi l’Everest. L’escalade développe certes l’analyse, la dextérité et la concentration. Mais je découvre surtout que ce sport décuple la confiance en soi et la ténacité. Néanmoins soyons honnêtes : les courbatures du lendemain me prouveront vite qu’il n’y a pas que la tête qui travaille…

Infos pratiques : pour en savoir plus sur l’escalade en forêt de Fontainebleau, rendez-vous sur fontainebleau-tourisme.com. Et pour vous initier à l’escalade de bloc, rendez-vous sur climbwithus.fr ou sur globeclimber.com

 

 
 
 
 
 
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