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Une ancienne station-service reconvertie en école du compostage à Pantin

Une station service à l'abandon / © Stephane333 (Flickr - Creative commons)
Une station-service à l’abandon / © Stephane333 (Flickr – Creative commons)

Pendant trois ans, les Alchimistes, spécialistes du compostage, et Pépins production, qui installe des pépinières de quartier, vont s'associer pour animer une école du compostage sur le terrain aujourd'hui dépollué d'une ancienne station essence à Pantin. Maïwenn Mollet, des Alchimistes, et Amélie Anache, de Pépins production, nous décrivent le projet.

Cette interview a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec In Seine-Saint-Denis, marque initiée par le Département de la Seine-Saint-Denis et qui valorise les initiatives qui participent à inventer les métiers de demain

Comment les Alchimistes et Pépins Production participent-ils à rendre la ville plus écologique ?

Maïwenn Mollet : Depuis 4 ans, les Alchimistes collectent et compostent les déchets alimentaires en ville. Nous comptons aujourd’hui trois sites de compostage en Île-de-France, le tout premier ayant ouvert sur L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mais l’une des problématiques qui intéresse les Alchimistes depuis le départ, c’est le recyclage des couches. Chaque année, entre 3,5 et 4 milliards de couches partent dans les incinérateurs ou sont enfouies, alors que c’est une matière organique riche et majoritairement biodégradable. C’est pour cette raison que nous en sommes venus à étudier la solution de leur compostage avec l’ambition de créer toute une filière, de la fabrication avec des partenaires industriels, jusqu’à la fin de vie.

Amélie Anache : Pépins production est une association qui a été créée il y a 5 ans avec la conviction que la végétalisation de la ville allait devenir un sujet prédominant pour de nombreuses raisons, à commencer par l’adaptation au changement climatique. Pour les six co-fondateurs, importer des plantes de l’autre bout du monde est quelque chose qui n’a pas de sens. La logistique autour du marché des fleurs coupées par exemple génère beaucoup de rejets de CO2 du fait de l’utilisation de serres particulièrement énergivores. On a donc décidé de créer une alternative pour produire des plantes localement, de manière la plus écologique  possible. Aujourd’hui, on est capables de produire 60.000 plants par an.


Reportage sur le futur site de l’école du compost à Pantin

Comment est née l’idée de l’école du compostage René.e ?

Maïwenn Mollet : Les Alchimistes et Pépins production se connaissent de longue date. C’est pourquoi nous avons répondu ensemble à l’appel à projets de l’Établissement public foncier d’Île-de-France pour occuper pendant 3 ans une ancienne station-service en friche à Pantin (Seine-Saint-Denis). Ainsi est né le projet d’école du compostage, que nous avons rebaptisé René.e et sur lequel nous sommes en train de plancher.

Quelles activités allez-vous y développer ?

Maïwenn Mollet : Nous allons notamment implanter un Couches Fertiles Lab, qui va nous permettre de mener des tests sur la compostabilité des couches en conditions réelles. Nous prévoyons également d’ouvrir une pépinière de quartier avec Pépins production et de créer une AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne).

Amélie Anache : Le compost qui sera fabriqué sur place servira aussi bien pour la pépinière que pour végétaliser la friche. Au sein de la pépinière, l’objectif est de produire des plantes vivaces non comestibles, des arbustes ainsi que des arbres dont les essences sont caractéristiques de l’Île-de-France. L’idée est enfin de partager notre savoir-faire à travers des formations.

Le compostage est aujourd’hui une pratique assez marginale, comment inciter les Grand-Parisiens à l’adopter ?

Maïwenn Mollet : Il faut montrer ce qu’on fait, ouvrir la boîte noire des déchets. Personne ne voit jamais ce qui est fait avec ses déchets. Ça tombe bien ! Là, on a un site ouvert sur la ville. Ce lieu intéressera ceux qui mettent déjà en pratique le recyclage et permettra de sensibiliser les autres qui, en étant au contact de ce type d’initiative, pourront se dire « Si moi aussi je le faisais ?! ». Nous serons là en tous cas pour les accompagner dans cette démarche.

Amélie Anache : Nous prévoyons pour ce faire d’organiser des rencontres et des ateliers. C’est un modèle que nous avons déjà éprouvé dans deux de nos pépinières de quartier à Paris.

Maïwenn Mollet : Nous préparons aussi, avec le soutien d’Est Ensemble, un projet collectif de compostage de déchets alimentaires avec les habitants du quartier qui sont motivés pour lancer une dynamique locale.

Infos pratiques : Plus d’infos sur alchimistes.co et pepinsproduction.fr


Reportage au sein du laboratoire écologique LIL’Ô sur l’Île-Saint-Denis

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