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De Méliès aux Minions, les effets spéciaux Made in Île-de-France crèvent l’écran

Jusqu'au 28 janvier, Enghien accueille le festival Paris Images Digital Summit, la grand-messe dédiée à la création numérique et aux effets spéciaux. Un excellent prétexte pour effectuer un point sur un secteur qui fait les beaux jours du Grand Paris.

Le Studio Méliès à Montreuil / DR

 

Entre l’Île-de-France et le secteur des effets spéciaux, l’histoire d’amour remonte à plus d’un siècle. Depuis Georges Méliès, considéré comme le père de la discipline, et son studio créé en 1897 à Montreuil. Là, le magicien de formation mit à profit ses tours de passe-passe pour raconter des histoires face caméra. Aujourd’hui, les orfèvres grand-parisiens de la prestidigitation cinématographique sont passés au numérique et se nomment Illumination Mac Guff (Les Minions, Moi, Moche et Méchant, Comme des bêtes, etc.) ou encore Mikros Image. Encore fallait-il les mettre en scène.

Raison pour laquelle en 2007, la Commission du Film d’Île-de-France, dont la mission est  d’assurer la valorisation de la filière audiovisuelle et cinématographique, lance le festival Paris FX. Il faut dire que la production d’effets spéciaux numériques (VFX) revêt un enjeu industriel important car créateur d’emplois pour le territoire francilien. De toutes les spécialités des métiers de l’audiovisuel, elle est l’une de celles qui nécessite le plus de main-d’œuvre. “Il y a dix ans, malgré un écosystème très dynamique, le marché des VFX en France était restreint, à l’exception de la publicité et un peu du clip. Il nous fallait lui donner une visibilité mondiale et interpeller les pouvoirs publics français” confie Yann Marchet, délégué général du Paris Images Digital Summit (PIDS).

En 2015, la Commission du Film décide de donc passer au niveau supérieur en créant le PIDS, en partenariat avec le Centre des arts d’Enghien-les-Bains (95), pionnier dans les arts numériques. “Avec ce festival, nous voulions offrir un véritable panorama international des effets spéciaux et pas uniquement de la création française. On souhaitait attirer les donneurs d’ordres (producteurs, diffuseurs, réalisateurs…) tout en s’ouvrant au grand public”, explique Yann Marchet.

Il faut dire que depuis le premier Paris FX, le contexte a évolué. La compétition internationale est devenue bien plus féroce. Pour la France, le Canada et la Belgique sont désormais des concurrents de taille. Si la délocalisation des tournages français a largement diminué ces dernières années (le taux s’élève à 19%), la situation est tout autre s’agissant des effets spéciaux, réalisés à 42% en dehors des frontières de l’Hexagone.   

 

80 % de la production des effets spéciaux numériques concentrée en Île-de-France

Toutefois, il y a des raisons d’être optimiste. La formation française se classe parmi les blockbusters en la matière. Les Gobelins (13e arr.) viennent à ce titre d’être reconnus première école d’animation à l’échelle mondiale, et ce pour la deuxième année consécutive. Sur le front de l’emploi, les chiffres sont en hausse constante, tandis que 80% de l’activité est centralisée en Île-de-France. L’un des champions franciliens, la société Illumination Mac Guff, est passée par exemple de 100 à 108 employés en à peine cinq ans.

Un bémol tout de même, l’Île-de-France est encore loin de détrôner Londres, tout en haut du podium sur le marché des effets spéciaux. ”Contrairement au Canada, à la Grande-Bretagne ou à l’Allemagne, la France est très en retard pour attirer les productions internationales » observait dans Le Monde Pierre Buffin, PDG de la compagnie BUF qui travaille actuellement aux côtés de David Lynch pour la prochaine saison de Twin Peaks.

 

Cependant, une nouvelle mesure qui devrait changer la donne pointe son nez : le crédit d’impôt international, dont bénéficient les films d’initiative étrangère dont tout ou partie de la fabrication a lieu en France, va abaisser le plafond de la défiscalisation à 250 000 euros, au lieu d’un million aujourd’hui. Ceci est censé profiter aux structures les plus jeunes qui n’ont pas atteint la notoriété pour décrocher des contrats à plus d’un million et qui, de ce fait, sont hors-jeu face à la concurrence. « Grâce à cette mesure, on peut espérer une forte croissance du nombre de projets réalisés en France”, prédit, sans trucage, Yann Marchet.

 

Infos pratiques : Paris Images Digital Summit, jusqu’au 28 janvier au Centre des arts d’Enghien-les-Bains, 12-16 rue de la Libération, Enghien-les-Bains (95). Plus d’infos sur www.parisimages-digitalsummit.com