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« La pollution et le changement climatique se jouent des frontières administratives »

Nuage de pollution à Paris / © Christophe Debelmas (Creative commons - Flickr)
Nuage de pollution à Paris / © Christophe Debelmas (Creative commons – Flickr)

Face aux grands enjeux que représentent la lutte contre la pollution, l'adaptation au changement climatique ainsi que la résolution des crises sanitaire et économique, Emmanuel Grégoire, Premier adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme et du Grand Paris, en appelle à l'accélération de la prise en charge de ces défis à l'échelle du Grand Paris.

Emmanuel Grégoire, Premier adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme et du Grand Paris

Que les maires aient été reconduits ou sanctionnés lors de ces dernières élections municipales, les débuts de mandat sont toujours l’occasion de remettre l’ouvrage sur le métier de l’aménagement du territoire et de la planification urbaine. Les crises écologique, économique, sociale et sanitaire nous imposent de renforcer les dynamiques de transformations engagées. 

A Paris, comme dans d’autres villes de la Métropole du Grand Paris, nous avons pris la pleine mesure de l’urgence écologique : les pics de pollution à répétition, les crues de la Seine, les canicules et le désir de nature en ville des Parisiennes et des Parisiens obligent à accélérer une transformation de la ville devenue impérative. Il faut permettre à Paris et à sa métropole de devenir à la fois respirables, moins minérales et respectueuses de la biodiversité et de la nature en ville. La mise en place d’une Zone à faibles émissions à l’intérieur du périmètre de l’A86 et le développement des moyens de déplacements alternatifs à la voiture individuelle sont les premières étapes d’une telle transformation. Il s’agit aujourd’hui de pouvoir aller plus loin en planifiant, d’anticiper plutôt que rattraper.

« La densité doit être réinterrogée, les distances domicile-lieu de travail repensées, les services de proximité favorisés et les mobilités durables encouragées »

Et c’est à l’échelle métropolitaine que nous devons mettre en œuvre cette planification car la lutte contre la pollution tout comme le changement climatique se jouent des frontières administratives. Adopter le Schéma de cohérence territorial (SCoT) avant la révision des Plans locaux d’urbanisme communaux ou intercommunaux est donc bien plus qu’un enjeu procédural. C’est un impératif catégorique. Il ne s’agit pas de déposséder les maires et les présidents des établissements publics territoriaux de leur pouvoir de décision, mais de donner à leurs habitants le bénéfice de mesures écologiques, sociales et sanitaires dont l’efficacité dépend d’une vision à l’échelle métropolitaine.

La crise sanitaire de cette année confirme l’importance de cette exigence. Plus que jamais, les villes ont besoin d’outils d’urbanisme à même de les rendre résilientes et de répondre aux nouveaux usages urbains largement développés lors du confinement du printemps 2020. La densité doit être réinterrogée, les distances domicile-lieu de travail repensées, les services de proximité favorisés et les mobilités durables encouragées. 
 
La préparation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 constitue dans ce cadre une formidable fenêtre d’opportunité pour opérer ces transformations et les rééquilibrages territoriaux maintes fois repoussés. Les Jeux doivent être une vitrine qui valorise notre territoire tout en réduisant les inégalités qui le segmentent aujourd’hui. Ils doivent être une fête métropolitaine, une fête pour tous les habitants et les usagers de notre territoire, une fête responsable et inclusive.

« L’aménagement du territoire et sa cohérence dépasse largement les 17 arrondissements parisiens »

Ainsi, pour Paris comme pour sa métropole, les défis sont nombreux sur le plan de l’aménagement du territoire et de la planification urbaine. C’est pourquoi nous avons réuni il y a quelques jours 100 Parisiennes et Parisiens, Grand-Parisiennes et Grand-Parisiens autour d’une concertation citoyenne pour la rédaction d’un nouveau Plan local d’urbanisme (PLU) augmenté, un PLU “bioclimatique”, qui nous offrira les leviers pour orienter l’urbanisme vers la résolution de ces enjeux. Cette ambition, nous souhaitons qu’elle ne s’arrête pas aux portes du boulevard périphérique car l’aménagement du territoire et sa cohérence dépasse largement les 17 arrondissements parisiens. 

Crise climatique, crise sanitaire, crise économique et sociale, préparation des prochains Jeux olympiques et paralympiques de Paris, ces échéances peuvent être des opportunités pour montrer que notre métropole est en capacité de se transformer au bénéfice de tous. A condition qu’elle sache faire fi des querelles politiques et adopte rapidement un Schéma de cohérence territoriale (SCoT) et un Plan métropolitain de l’habitat et de l’hébergement  (PMHH) ambitieux, une occasion de faire métropole par la preuve… n’en déplaise à ses contempteurs. 

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